Christiane Oto : ” Nyeman répond au besoin de l’égalité des chances entre les enfants des écoles publiques et ceux des écoles privées “

Depuis près de 15 ans, elle s’emploie à créer des animations pour détendre les tout-petits et permettre aux parents de passer des moments de qualité avec leurs enfants. Christiane Oto est une créatrice de jeux ludiques et pédagogiques pour enfants

Outre son centre de loisirs, elle vient de lancer la marque « Nyeman », une gamme de jeux de cartes qui permet aux enfants d’apprendre et de retenir leurs leçons grâce au jeu. Pour la promotrice, ce jeu de cartes répond au besoin d’égalité de chances entre les enfants des écoles privées et ceux des écoles publiques. Nous l’avons rencontrée !

 

Bonjour Madame Oto. Pouvez-vous nous parler de Nyeman ?

 

Nyeman est le nom que porte la gamme des jeux ludo-pédagogiques que j’ai créés. Nyeman en langue Beti signifie la connaissance, le savoir.

 

Pourquoi avez-vous choisi de créer des jeux de cartes pour l’apprentissage par le jeu ? A quel besoin répond-il ?

 

J’ai choisi de créer ce type de support pour permettre aux enfants d’apprendre et retenir facilement leurs leçons, parce que par le canal du jeu, nous apprenons tous très vite.

Il répond au besoin de l’égalité des chances entre les enfants des écoles publiques et ceux des écoles privées, parce que l’un des facteurs qui influencent la réussite scolaire est le poids du milieu social.

Selon le milieu social, l’enfant ne sera pas stimulé de la même façon. Un enfant qui naît dans une famille aisée aura plus accès à des livres, à des voyages, à des visites, et à des échanges contenant du vocabulaire élaboré. Tous ces éléments apportent une culture à l’enfant qui est proche de la culture scolaire. Donc l’enfant, baignant dans cette culture naturelle depuis sa naissance évoluera dans un environnement connu et maîtrisé à l’école

À l’inverse, un enfant qui naît dans une famille pauvre évolue plus souvent dans un environnement où il y a des problèmes liés à l’argent, des problèmes familiaux compliqués, un langage restreint (surtout si les parents ne maîtrisent pas la langue enseignée à l’école) et peu d’aide aux apprentissages. Dans un environnement où chacun essaie de survivre, l’enfant doit se battre pour être à l’aise dans la culture scolaire qui est si loin de celle de sa maison.

Ces facteurs environnementaux expliquent pourquoi une grande partie des élèves de milieux sociaux défavorisés sont plus en situation d’échec que les élèves de familles aisées. 

 

Pour aider au mieux nos enfants, nous pouvons, à la hauteur de nos moyens, leur permettre d’augmenter leur vocabulaire et leur culture

 

En 2006/2007, il a été mis en place ce que l’on appelle « la promotion collective » ; la promotion collective fait passer en classe supérieure, avec des moyennes annuelles en-dessous de 10/20. Lorsque les bases fondamentales de l’enseignement primaire sont donc ainsi biaisées…

 

Comment choisissez-vous les thèmes et les sujets des jeux de cartes Nyeman ? Quels critères prenez-vous en compte ?

 

Les thèmes de Nyeman ont été choisis d’abord par rapport aux fléaux qui minent l’Afrique et la sous-région, tels que la drépanocytose, les maladies infectieuses, l’hygiène buccodentaire.

Ensuite, je me suis intéressée aux matières enseignées à l’école : histoire, géographie, éducation à la citoyenneté, éducation civique et morale, sciences des cours élémentaires et moyens lorsque je me suis rendue compte des carences des enfants des écoles publiques.

Parlant des critères, le jeu sociabilise, il stimule plusieurs compétences en même temps : le verbal, la logique, le mental…

 

Pouvez-vous nous donner un exemple concret d’un jeu de cartes Nyeman et expliquer comment il est utilisé dans le contexte de l’apprentissage par le jeu ?

 

Dans le jeu de cartes « histoire, géographie, éducation civique et morale », ces trois matières y figurent tel que dans les manuels scolaires des deux cours moyens, base de mon travail ; les leçons qui composent les séquences, par matière, sont reprises sous forme de questions et réponses.

Lorsque nous jouons, nous formons deux équipes de 4 à 6 personnes qui sont concurrentes ; chaque équipe pose une question à l’autre et une bonne réponse accorde un point ; une mauvaise réponse peut être corrigée en utilisant un joker et l’équipe gagnante et celle qui a accumulé le plus de points.

On peut choisir de poser des questions en histoire ou autre ou encore de mélanger toutes les matières.

 

Comment testez-vous les jeux de cartes Nyeman pour vous assurer de leur qualité et de leur pertinence pédagogique ?

 

En accord avec des directeurs d’écoles auxquels nous avons présenté l’hygiène buccodentaire en mai 2021, nous avons testé l’accueil en milieu scolaire lors d’animations autour de ces jeux.

En décembre 2021, nous avons organisé un Noël Ludique auprès de 100 enfants de 4 écoles que nous avons mis en compétition, les classes élémentaires et les cours moyens sur des thèmes tels que l’hygiène buccodentaire, les maladies infectieuses, la drépanocytose, la prévention routière et les mesures barrières.

Pour les jeux de cartes sur l’hygiène buccodentaire, nous avons travaillé avec un dentiste, tandis que pour les maladies infectieuses, nous avons collaboré avec un infectiologue.

Jouer avec les enfants, avec nos animateurs et devant le personnel enseignant, permet de connaître le niveau des enfants.

 

Où peut-on trouver ces jeux de cartes et combien coutent-ils ?

 

On peut trouver les jeux de cartes en adressant un mail à salomofr@yahoo.fr ou à assoslaperche@gmail.com ; les prix vont de 5 à 6.000 FCFA. Seul le jeu « Jongele » qui signifie « souvenons-nous », coûte 10.000 fcfa ; il retrace les dates historiques de la lutte anticoloniale, nos héros, la ville de Douala, siège historique de la lutte anticoloniale…

 

Quels sont vos projets futurs pour Nyeman ? Envisagez-vous de développer de nouveaux jeux de cartes ou d’explorer d’autres supports pédagogiques pour l’apprentissage par le jeu ?

 

Dans l’immédiat, faire connaître la gamme de jeux ; aller à la recherche de partenaires pour offrir ces jeux aux enfants des zones rurales et des écoles publiques et également organiser des mises en compétition entre plusieurs écoles. Nous n’allons pas développer d’autres jeux pour le moment en dehors de celui sur la grammaire qui est sur le feu, puisque nous en avons déjà onze.

 

Des partenariats en vue avec des écoles ou des institutions ?

 

Nous sommes entrain de les construire, parce que tous les jeux sont prêts depuis cette rentrée scolaire. Avec une institution oui. Des partenariats sont prévus avec des écoles pour des animations autour de tous nos jeux de cartes, ainsi que des mises en compétition entre écoles, entre communes… il y a du travail.

Nous attendons des entreprises qui apposeraient leur logo pour offrir ces jeux à Noël à des pupilles de l’Etat par exemple ou aux enfants de leur personnel. Nous sommes très confiants pour la suite.

 

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