Ce 5 juin 2025 s’achève à Douala, la 4ᵉ édition du Digital Innovation Festival (DIF), un rendez-vous désormais bien ancré dans le paysage tech camerounais. Organisé par ActivSpaces, le DIF réunit chaque année des startups, des entreprises, des investisseurs, des institutions et de nombreux jeunes passionnés de technologie, autour d’un programme de panels, de master class, d’expositions et de rencontres.
L’un des temps forts de cette édition a été le panel plénière consacré à la question : comment faire du Cameroun un acteur majeur de l’économie numérique mondiale ? Autour de la table : des figures bien connues du secteur telles que Rebecca Enonchong, fondatrice d’AppsTech et co-fondatrice d’ActivSpaces, Anthony Same, CEO de ST Digital, et Yves KOM, directeur du Marketing et Communication chez Orange Cameroun.
Dans son intervention, Yves a formulé trois axes d’action prioritaires : la connectivité, les infrastructures physiques et la formation de la jeunesse. Focus !
« L’Afrique a un potentiel énorme. Il y a une bonne concentration de la population mondiale jeune au niveau de l’Afrique subsaharienne », a rappelé Yves KOM, soulignant que le problème n’était pas tant l’absence de talent que sa mise en valeur : « L’Afrique a un talent certain. Mais la vraie question à se poser c’est de se demander comment faire pour débloquer ce talent ». Une manière de recentrer le débat sur les conditions concrètes du développement numérique, au-delà des slogans.
La stabilité énergétique est un ingrédient indispensable à toute infrastructure numérique
Connectivité
Le premier chantier identifié est celui de la connectivité, socle de toute ambition numérique et encore trop inégalement répartie. Il insiste sur le rôle critique de l’énergie : « La stabilité énergétique est un ingrédient indispensable à toute infrastructure numérique. Sans électricité fiable, impossible d’assurer une connexion continue ».
Il appelle aussi les opérateurs à renforcer leurs investissements : « Les réseaux mobiles doivent continuer à être renforcés. Les opérateurs télécoms doivent davantage investir pour continuer d’offrir une meilleure qualité de service optimale à tous les Camerounais ».
Quant à la fibre optique, il la considère comme une priorité non négociable : « La problématique de la fibre optique est d’actualité au Cameroun et est un véritable prérequis pour une connectivité de qualité ».

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Infrastructures physiques
Deuxième levier : les infrastructures physiques. Car selon Yves, le numérique ne vit pas en vase clos. « Le numérique croise l’économie réelle. Prenons l’exemple du e-commerce : les transactions ont lieu en ligne, mais les produits, eux, doivent être livrés physiquement ».
D’où la nécessité « d’améliorer les réseaux routiers pour faciliter la logistique ; de permettre, notamment dans le secteur agricole, aux produits issus des plantations de circuler efficacement vers les marchés, en s’appuyant sur le digital comme facilitateur de mise en relation et de traçabilité ».
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Sensibiliser cette jeunesse aux opportunités du digital, à l’entrepreneuriat numérique, et aux innovations technologiques est un levier puissant de transformation économique
Formation et accompagnement de la jeunesse
Enfin, reste le défi humain. Yves KOM plaide pour un accompagnement ciblé de la jeunesse. Former, sensibiliser, transmettre. C’est à ce niveau que tout commence, ou échoue. « Il est crucial de former les jeunes aux métiers du numérique pour développer leurs compétences et les sensibiliser pour une meilleure gestion de leur temps sur internet », a-t-il souligné.
Mais au-delà des savoir-faire techniques, c’est un changement de regard qu’il appelle : « Sensibiliser cette jeunesse aux opportunités du digital, à l’entrepreneuriat numérique, et aux innovations technologiques est un levier puissant de transformation économique ».
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L’intervention d’Yves KOM pose donc les bases d’une réflexion utile et pragmatique. Si le Cameroun veut devenir un acteur crédible du numérique, il devra avancer sur ces trois fronts en même temps : connecter, structurer, accompagner.
Et surtout, sortir d’une approche fragmentée pour engager des actions coordonnées, entre secteur public, privé, et société civile : « il y a plusieurs freins sur lesquels les différents acteurs doivent pouvoir travailler collectivement », conclue-t-il.
Le chemin est long, les obstacles bien réels, mais les points de passage sont identifiés. À condition, désormais pour les acteurs, de les franchir ensemble.