Elle appartient à une génération de femmes qui bousculent les codes avec audace et détermination dans l’univers de la logistique. Cheffe de projet passionnée, Nancy Nguela fait partie de la première vague d’étudiants recrutés dans le cadre du partenariat entre CAMRAIL et l’Institut UCAC-ICAM. En quinze ans, cette ingénieure en Génie Industriel a su se forger une place dans la logistique ferroviaire, un domaine qu’elle n’avait pourtant pas envisagé au départ, sa première passion étant l’énergie. Entre expertise, résilience et leadership, son parcours force l’admiration.
Bonjour Nancy. Que doit-on savoir sur vous et sur votre parcours (académique et professionnel) ?
Ingénieure en Génie Industriel diplômée de l’Institut UCAC-ICAM en 2009, je débute ma carrière au sein d’une concession ferroviaire de la sous-région avec pour mission d’assurer la maintenance opérationnelle des locomotives. Certifiée PMP (Project Management Professional) en 2010, je développe alors une véritable passion pour la mise en œuvre et le monitoring de bout en bout des Projets.
Mon tout premier challenge fut la mise en place du premier logiciel de gestion des assets (Maintenance – Approvisionnements et Stocks) au sein de l’entreprise : une expérience humainement riche notamment en termes de conduite du changement, d’impulsion de la montée en compétences de ressources qui étaient très peu familiarisées avec l’outil informatique.
Quinze ans plus tard, je continue d’exercer pleinement ma fonction de cheffe de projet au sein de la Business Unit « Sales and Marketing » où je pilote tous les projets de développement commercial et de digitalisation des process fret : avec la même passion, encore plus d’énergie, mais surtout forte d’une expérience consolidée par mes succès, mais aussi mes échecs. Dans la foulée, je décroche en 2020 un Master en Marketing et Business Development au sein de l’Institut Universitaire de Montpelier.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans le secteur de la logistique ? Une vocation, un défi, ou simplement une opportunité que vous avez su saisir ?
Je parlerai plutôt de destin car à la base, rien ne me prédisposait à évoluer dans le secteur de la logistique. L’entreprise dans laquelle j’exerce aujourd’hui est celle qui m’a accueillie pour mes stages d’alternance pendant mon cycle Ingénieur. Ma passion pour la logistique ferroviaire s’est consolidée au fil de mes années au sein de la structure.
On dit souvent que les femmes doivent en faire deux fois plus pour être reconnues à leur juste valeur dans ce domaine. Est-ce une réalité que vous avez vécue dans votre parcours ?
La femme a en fait un peu plus de contraintes à adresser pour pouvoir délivrer son meilleur potentiel et être reconnue à son juste mérite dans ce domaine qui est sollicitant (24h sur 24, 7 jours sur 7). Personnellement, je ne l’ai pas particulièrement ressenti durant mon parcours car je reste convaincue qu’in fine, la compétence n’est sujet à aucun débat.
Lire aussi : Anne Patricia NYEMECK : ” Réussir dans la logistique nécessite à la fois du talent et de l’endurance “
Performez dans la logistique, c’est une question de talent ou d’endurance ? Quelles sont, selon vous, les compétences et qualités indispensables pour réussir dans ce secteur au Cameroun ?
Je dirai un mélange judicieux des deux, suivant le domaine de la logistique dans lequel on exerce spécifiquement. Mais à coup sûr, la compétence dont on ne saurait se passer dans ce secteur au Cameroun particulièrement, c’est la planification avec une bonne dose d’agilité : pour exceller en logistique, il faudrait pouvoir être à la fois exigeant et flexible car il peut y avoir beaucoup d’aléas à adresser de manière proactive afin de sécuriser la qualité de service qui a été vendue au client.
Le secteur de la logistique est en pleine mutation avec l’IA, l’automatisation et les nouvelles technologies. Pour vous, c’est une opportunité ou une menace pour les professionnels du secteur ? Votre métier est-il en danger ?
De par ma fonction actuelle, je me positionne naturellement en ambassadrice de cette dynamique de mutation. Au quotidien, j’œuvre justement à rassurer mes interlocuteurs sur les avantages de la digitalisation des processus métiers. Avec les exigences de plus en plus fortes (disponibilité en temps réel des informations, optimisation des délais opérationnels), il est difficile dans le contexte actuel d’asseoir son avantage concurrentiel sans une stratégie digitale adaptée à ses réalités.
Lire aussi : Leopoldine LIKAK, une femme de défi au cœur de la logistique camerounaise
On vous donne une baguette magique : quelles sont les trois choses que vous changeriez immédiatement dans le secteur de la logistique au Cameroun ?
– Le développement du réseau ferroviaire sur toute l’ étendue du territoire camerounais
– La présence systématique d’incubateurs dans les établissements supérieurs de formation en Logistique et transport, afin de promouvoir la culture de l’innovation chez nos jeunes apprenants dans le secteur.
– L’optimisation des points de contrôle sur nos corridors routiers afin d’améliorer l’attractivité du Cameroun tout en garantissant la bonne sécurisation des marchandises en transit pour l’ hinterland.
–
Aujourd’hui, quelles sont vos ambitions ? Vous voyez-vous rester dans la logistique toute votre carrière ou utiliser votre expérience pour explorer d’autres horizons ?
Je voudrais continuer d’exceller dans mon travail au quotidien afin d’être une référence quand on parle de mise en œuvre de Projets à valeur ajoutée dans le secteur logistique et Transport. Donc naturellement, je souhaite bien finir ma carrière dans ce secteur.
Si vous deviez donner quelques conseils à une jeune femme qui souhaite se lancer dans la logistique, que lui diriez-vous ?
- Bosser dur et avoir des valeurs fortes ;
- Être audacieuse, ne pas hésiter à travailler sa visibilité. J’aime bien ce dicton « Imagine que tu oses et que tout se passe bien… ». Quand les opportunités ne viennent pas à nous, on va tout simplement à la chasse aux opportunités et on se donne le maximum de chances.
- Continuer de se former tout au long de son parcours professionnel. Le secteur de la logistique a certes ses fondamentaux, mais les concepts évoluent rapidement
- Mon conseil Joker : Cultiver la RESILIENCE. Le succès ne se présente pas toujours à nous comme on l’a imaginé dans notre plan de développement : et ça, il faut l’intégrer dès ses premiers pas dans le monde professionnel.
Pour finir, une question plus légère : si vous n’aviez pas travaillé dans la logistique, quel métier auriez-vous choisi, et pourquoi ?
Le secteur de l’énergie : c’est le domaine qui me passionnait le plus pendant mon cycle Ingénieur.