La logistique est un monde où l’adaptabilité est reine. Jeanne Hana Ngo Imandi en sait quelque chose. Après une première partie de carrière dans la grande distribution, elle a choisi de se spécialiser en Supply Chain à un moment où ce domaine devenait un enjeu stratégique incontournable. Un choix qu’elle assume pleinement, tant les défis du secteur ne cessent de croître. Aujourd’hui responsable logistique à l’UNICEF, elle met son expertise au service d’une mission essentielle : acheminer les ressources là où elles sont le plus nécessaires.
Bonjour Jeanne. Une petite présentation ?
Je suis Jeanne Hana Ngo Imandi, diplômée d’une licence en Global Supply Chain Management, avec 20 ans d’expérience dans les secteurs de la grande distribution, de la gestion commerciale et de la logistique humanitaire.
Ma carrière a commencé en tant que responsable de zone dans la grande distribution d’équipements informatiques pour un groupe couvrant la région de l’Afrique centrale. Par la suite, j’ai occupé le poste de responsable de la distribution dans une entreprise camerounaise.
En 2012, alors que le domaine de la Supply Chain prenait de plus en plus d’importance, j’ai décidé de me former dans ce domaine, et je considère cela comme l’une des meilleures décisions de mon parcours académique. Aujourd’hui, je suis responsable logistique à l’UNICEF et je suis de plus en plus convaincue que sans la Supply Chain, nous ne pourrions pas atteindre nos bénéficiaires avec les résultats espérés. Si c’était à refaire, je ferais ce choix sans la moindre hésitation.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans le secteur de la logistique ? Une vocation, un défi, ou simplement une opportunité que vous avez su saisir ?
Ce qui m’a attirée dans le secteur de la logistique, c’est avant tout l’opportunité qui s’est présentée, étant dans le secteur de la grande distribution. Je me souviens que l’année où je fais le choix de me former dans le domaine, je fais quelques recherches sur les secteurs d’activité porteurs et la Supply Chain se place en tête de liste. Alors je me suis lancée.
En me formant en Supply Chain Management, j’ai découvert un véritable défi : celui d’optimiser les processus, de résoudre des problèmes complexes et de coordonner des ressources de manière efficace pour garantir que les bons produits arrivent au bon endroit, au bon moment, et dans les meilleures conditions possibles. J’aime résoudre les problèmes et la Supply Chain résout des problèmes.
En somme, ce n’est pas une vocation ou une opportunité, mais un mélange des deux : une passion née de l’importance de la logistique dans un monde globalisé, et une volonté de relever des défis au service d’objectifs concrets et d’impact. Et plus encore aujourd’hui, être une femme dans ce secteur dirigé en grande majorité par les hommes est une véritable source de fierté et de motivation.
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On dit souvent que les femmes doivent en faire deux fois plus pour être reconnues à leur juste valeur dans ce domaine. Est-ce une réalité que vous avez vécue dans votre parcours ?
Je n’ai pas particulièrement fait face à des défis de ce genre dans mon parcours. Il est vrai que certains domaines sont parfois perçus comme étant plus dominés par les hommes, mais je suis convaincue que le monde évolue et que les mentalités changent. De plus en plus, le leadership féminin devient un enjeu clé dans les entreprises, offrant aux femmes la possibilité d’exprimer pleinement leurs expertises dans divers domaines.

Performer dans la logistique, c’est une question de talent ou d’endurance ? Quelles sont, selon vous, les compétences et qualités indispensables pour réussir dans ce secteur au Cameroun ?
Je dirais que c’est une combinaison des deux. Le talent permet d’acquérir les compétences nécessaires pour répondre aux exigences du secteur, tandis que l’endurance est essentielle pour gérer les imprévus et le stress lié aux défis quotidiens.
Au Cameroun, les compétences clés pour réussir sont la gestion des ressources, l’organisation, la planification et une bonne maitrise des procédures. Les erreurs à éviter incluent une mauvaise gestion des risques, des stocks, des délais et l’absence de la réactivité face aux imprévus.
Le secteur de la logistique est en pleine mutation avec l’IA, l’automatisation et les nouvelles technologies. Pour vous, c’est une opportunité ou une menace pour les professionnels du secteur ? Votre métier est-il en danger?
L’IA représente une opportunité pour le secteur de la Supply Chain, en améliorant la productivité, l’efficacité et la précision des opérations logistiques. Cependant, elle ne pourra jamais remplacer l’humain dans le pilotage stratégique et la supervision des processus. Je pense que cette évolution technologique constitue un levier d’amélioration continue. Elle pousse les professionnels du secteur à se former et à s’adapter pour rester compétitifs, renforçant ainsi leur expertise et leur valeur ajoutée.
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On vous donne une baguette magique : quelles sont les trois choses que vous changeriez immédiatement dans le secteur de la logistique au Cameroun ?
- La valorisation des compétences locales
- Le respect des normes et des procédures
- La reconnaissance et valorisation du secteur au Cameroun
Si vous deviez donner quelques conseils à une jeune femme qui souhaite se lancer dans la logistique, que lui diriez-vous ?
Je lui dirai sans aucune hésitation de se lancer. La logistique est un domaine tellement passionnant et je pense que l’accomplissement de certaines dans le secteur et sa promotion à travers des associations comme WILA apportera plus d’assurance aux jeunes femmes.