Bien que l’innovation occupe une place de choix dans l’aventure entrepreneuriale en Afrique, il est important de définir ce qu’elle signifie dans notre contexte et que sa quête ne se fasse pas au détriment de notre authenticité. Aujourd’hui en 2025, lorsqu’on parle d’innovation ce sont des concepts tel qu’intelligence artificielle, cryptomonnaie, blockchain, tokenisation et autres concepts souvent superflus qui font la part belle des conversations dans un environnement où le taux de pénétration de la fibre optique et des réseaux de télécommunication demeure très faible et la qualité des réseaux assez médiocre.
Cependant, s’il est vrai que ces nouvelles technologies peuvent faire partie d’un projet d’innovation global, il est fondamental de reconnaitre que la transformation du tissu économique de la sous-région requiert d’abord et avant tout, la professionnalisation des services, la mécanisation des processus de production et l’exploitation du potentiel des facteurs économiques et des ressources existantes.
On a pas besoin d’avoir étudié à Harvard ou être Expert dans n’importe quel domaine pour percevoir que les opportunités pullulent dans toutes les sphères économiques et culturelles. Leur principal avantage, c’est que cela ne nécessite pas des efforts considérables sur le plan stratégique pour développer la pénétration et l’adoption par le marché local.
Le Mendjang est un exemple, parmi plusieurs autres, du potentiel de transformation qu’offre l’environnement socio-économique de la Zone CEMAC. En guise de définition sommaire et non exhaustive, Le Mendjang est un mot qui désigne simultanément une danse africaine et ses musiciens, elle est issue des traditions Ekang (Un peuple bantou qu’on retrouve au Cameroun, en Guinée équatoriale et au Gabon), qui se caractérise par une musique entrainante à coup de balafons et Tambours sur pattes (Mbe) et des chants traditionnels.
Portée par la popularité sans cesse grandissante de cette danse, les mendjangs ont diversifié leurs répertoires pour y inclure en plus du Bikutsi, d’autres rythmes tirés des hits du moment qui vont aussi bien du Makossa, de l’Assiko que de la World musique et de la musique religieuse afin de satisfaire les mélomanes et les danseurs dans les lieux de réjouissance, bars, fêtes populaires etc.

Son développement le plus original a été d’en faire une activité sportive pratiquée dans des salles/gym au Parcours Vita de Douala et divers endroits dans d’autres ville du Cameroun. Cette danse fait aujourd’hui partie intégrante de la vie quotidienne de plusieurs camerounais.
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Les habitants de plusieurs contrées du Cameroun ont développé une routine sportive assez original, celle de faire du Mendjang sportif, un ou plusieurs jours par semaine. Après avoir essayé cette activité, je partage l’avis des pratiquants que j’ai rencontré, c’est à dire une satisfaction en termes de bien-être, perte de poids ou mise en forme comparable à des programmes d’entrainement intensif pratiqués dans des salles de gym à travers le monde ou des applications de sport qui drainent des millions d’abonnés et des revenus impressionnants.
En m’éduquant pour la rédaction de ce billet, je fus d’ailleurs très agréablement surpris de découvrir qu’une thèse de Mémoire pour l’obtention d’un titre de garde de Maitre en sciences au département d’éducation physique à la faculté des études supérieures de l’Université de Laval au Québec a été rédigé sur la thématique de l’intégration du Mendjang dans les cours d’éducation physique et sportive dans les écoles secondaires du Cameroun par Madame Sylvie Gladys Bidjang en 1998.
Note 1* CRIFPE – Membres

Nous voulons ici prendre illustration sur une denrée traditionnelle camerounaise qui a su faire sa place dans les habitudes locales sans compromettre son identité et son authenticité tout en procurant les mêmes résultats que les équivalences internationales, afin d’attirer l’attention des entrepreneurs et des opérateurs économiques sur le potentiel du patrimoine local.
L’environnement socioéconomique du Cameroun et de la zone Afrique centrale offre de nombreuses opportunités d’innovation et de transformation de ce qui existe pour en faire des filons économiques et industriels de grande importance. Pour y parvenir, les entrepreneurs ont besoin de financements et d’accompagnement afin de renforcer l’offre commerciale locale, développer des stratégies adaptées mais surtout, offrir des alternatives locales à la compétition internationale.
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Le marché existe, les leviers de développement sont à portée de main. Pour que cette volonté prenne de la place et s’installe durablement, il faut que l’offre abonde, qu’elle soit de meilleure qualité et à des prix compétitifs.
En se questionnant un tout petit peu, on se rend très vite compte que le Mendjang n’est que le bout de l’iceberg, notre environnement foisonnent d’opportunités économiques inexploitées avec des capacités de rentabilité uniques.
Chaque visite dans un supermarché de la place est une opportunité de se questionner sur la présence ou l’absence des produits locaux dans les rayons et les alternatives locales qui pourraient se transformer en offres commerciales et opportunités d’investissement.
Pour paraphraser un homme politique camerounais :
« Le Hamburger c’est quoi ? Ce n’est pas le pain, avec la viande ? » et j’ajouterais ce pain au lieu de le faire avec du Blé ukrainien, on ne pourrait pas le faire avec des farines à base de tubercules locales ? plantains, patates, macabo ou d’autres cultures locales ?
Dans le même ton humoristique on pourrait prolonger ce questionnement sur plusieurs denrées venues d’ailleurs qui occupent aujourd’hui une place de choix dans les habitudes locales.
Le cornflake c’est quoi ? Ce n’est pas le mais écrasé, avec le sucre ? Est-ce qu’il est plus nourrissant et meilleur pour la santé que le sanga de chez nous ?
Le Ketchup et les vinaigrettes importées, c’est quoi ? Ce ne sont pas les sauces sans les épices ? Si on fabrique pour nous en mettant nos épices, moins de gras et moins de sodium, elles ne seront pas meilleures ?
La bière c’est quoi ? ce n’est pas l’eau dans lequel on a mis soit du houblon, du malte ou de l’amidon et la levure de bière avant de laisser fermenter ? Si l’Etat libéralise le secteur et permet la création des micro brasseries, est-ce que nous aurons une seule compagnie qui vend des milliards de litres toute seule ? Ce ne serait pas une opportunité d’explorer les saveurs locales ou d’industrialiser les breuvages traditionnelles (kwata, bili etc…) ?
Et vous, lorsque vous regardez autour de vous, quelles autres questions vous vient à l’esprit ?