L’économie camerounaise est la plus importante et la plus diversifiée de la zone CEMAC. Selon le FMI, elle représentait 45% du PIB de la sous-région en 2021. Cependant, le pays reste dépendant de produits bruts même si les dernières années ont connu une augmentation des exportations de quelques produits transformés (notamment dérivés du cacao).
Malgré les nombreuses crises qui affectent la région, l’économie camerounaise affiche tout de même une croissance annuelle moyenne de 4 % depuis les années 1980. La résilience dont elle a fait preuve, malgré les différentes crises, doit constituer un signal positif pour les investisseurs. Dès juin 2020, le gouvernement a mis en place un plan de résilience économique et sociale.
Ce mécanisme a contribué à la stabilité de la croissance et à l’atténuation des effets de la pandémie de la COVID-19 grâce à la mise en œuvre de dispositifs de filets sociaux. Face à la crise russo-ukrainienne, le gouvernement a apporté un soutien important aux PME et aux petites et moyennes industries grâce à des subventions qui ont renforcé la production locale et soutenu l’offre sur le marché. Dans ce contexte, le pays a tout de même connu un pic inflationniste à 6,5% en 2022 mais renoue progressivement avec la croissance : 3,5% en 2021 et 4,3% en 2022.
La stratégie de croissance mise en œuvre par le gouvernement, avec l’appui des partenaires techniques et financiers (bailleurs de fonds notamment), inclut d’importants projets structurants dans les secteurs énergétiques (barrages hydroélectriques, centrales thermiques), des transports (routes, agrandissement du port de Douala, lignes de chemin de fer), de l’environnement (programmes d’assainissement), des TIC ainsi que du développement urbain et de l’habitat.
Fort de cette relative stabilité et des efforts croissants en matière de développement du secteur privé et d’attractivité des investissements, quels sont les secteurs porteurs au Cameroun ?
L’agro-alimentaire
Le secteur agroalimentaire représente le tiers de l’industrie camerounaise et se concentre sur un nombre limité de produits :
· L’industrie brassicole : dominée par deux filiales de groupes internationaux et une entreprise locale
· La production de yaourt
· La raffinerie d’oléagineux
· La minoterie
· La transformation de cacao
· La biscuiterie : filière majoritairement représentée par les six biscuiteries de Douala
· Et l’industrie sucrière : SOSUCAM est la seule entreprise qui possède des exploitations de canne à sucre, les autres importent de la poudre de sucre pour faire du sucre en morceau.
Malgré le fait que les entreprises de ce secteur restent fortement dépendantes des importations (matières premières, équipements industriels et emballages notamment), on assiste à l’émergence de nouvelles « pépites locales » prônant le « Made in Cameroon ». De nombreuses TPE et PME camerounaises se sont ainsi lancées dans la transformation de produits locaux : assaisonnement culinaire et valorisation d’épices locales, production d’huile à base de légumineuses (arachide), production de pâtisseries à base de farines locales (manioc, patate douce), production de jus de fruit à base de fruits locaux, etc.
Les acteurs du retail actif au Cameroun ainsi que l’usage massif des réseaux sociaux ont permis à ces marques de bénéficier de canaux de distribution et de vitrines digitales pour valoriser et faire connaître leurs produits. Cette dynamique est également soutenue par le développement de nombreuses « épiceries fines » dédiées au Made in Cameroon ou encore des initiatives de type salons régionaux, orientés vers la promotion du savoir-faire local.
Le tourisme
En 2021, le Cameroun aurait accueilli sur son sol plus de 800 000 touristes internationaux dont 75% à des fins de tourisme d’affaires, soit une hausse de plus de 120% par rapport à 2020.
Le tourisme de loisirs se développe lentement mais de façon continue via deux leviers clés :
· L’émergence d’une classe moyenne en quête d’évasion ;
· Et les retours saisonniers massifs de la diaspora camerounaise
Pourtant le potentiel du pays, surnommé « l’Afrique en miniature », demeure sous-exploité en raison du défaut d’aménagement des sites et des carences en matière d’infrastructures d’accès.
Dans le cadre de la SND30, le gouvernement présente le développement de l’industrie touristique comme une des priorités de la décennie. Il prévoit notamment d’octroyer une dotation de 80 Millions d’Euros en moyenne sur les trois premières années pour aménager les sites touristiques, valoriser la destination Cameroun auprès des marchés internationaux et augmenter les capacités d’accueil. En prévision de la CAN 2021, l’État avait déjà mobilisé plus de 200 Millions d’Euros pour financer des projets de construction et de rénovation d’hôtels.
En parallèle, les chaînes hôtelières internationales ou panafricaines telles que HILTON, ONOMO, AZALAÏ, RADISSON BLU, HYATT ou MARRIOTT, s’implantent ou renforcent leur présence au Cameroun. L’activité a bien évidemment été lourdement impactée par la crise du Covid-19 en 2020, avec une baisse de plus de 80% des revenus des hôteliers avec des taux de remplissage moyens inférieurs de 15% par rapport en 2019. Mais l’organisation de la CAN début 2022 a soutenu la reprise de l’activité et la poursuite des investissements : fin 2021, le marché propose plus de 4000 unités d’hébergement additionnelles, dont près du cinquième dans les catégories 4* et 5*.
La distribution de produits alimentaires
Les 6 dernières années se caractérisent par l’accélération de l’ouverture d’enseignes de distribution locales et internationales, mais aussi à l’extension du réseau des enseignes déjà présentes. La distribution moderne représente environ 30% du marché (70% pour la distribution traditionnelle) des produits alimentaires et non alimentaires.
De nombreux « historiques » opèrent sur le marché, notamment Sodicam avec ses deux marques Super U et Casino, Santa Lucia ou encore Mahima Sarl. On assiste désormais à l’implantation massive d’un nouvel acteur : l’enseigne française Carrefour via son partenariat avec la division retail du Groupe CFAO. L’approche de CFAO va au-delà de la distribution de produits alimentaires et s’inscrit dans une logique de développement de centres commerciaux portées par des partenariats avec un « club de marques partenaires ». Le cash and Carry se développe également avec les enseignes BAO (Casino) et SUPECO (CFAO).
Ces activités de retail misent sur le développement de la classe moyenne camerounaise et la volonté de cette dernière d’accéder à une expérience clients et des produits de qualité. Elles contribuent également à la valorisation du « Made in Cameroon » et à la professionnalisation des chaînes de valeurs alimentaires.
Le numérique
En 2022, le Cameroun compte plus de 10 millions d’internautes (soit un taux de pénétration de 36,5%). Selon une étude menée par We are social et Kepios en 2022, les Camerounais se connectent majoritairement à Internet via leur smartphone (97,9%) et privilégient 4 réseaux sociaux : Facebook, LinkedIn, Instagram et Twitter. Depuis 2018, le réseau mobile est devenu le 2e moyen d’accès à l’information après la télévision.
Le domaine du numérique offre de nombreuses opportunités notamment aux start-ups capitalisant sur les TIC pour proposer des services innovants et faciles d’accès. La crise de la COVID-19 a d’ailleurs accéléré les nouveaux usages digitaux notamment en matière de paiements dématérialisés et de solutions d’accès aux contenus didactiques, ce avec le concours des opérateurs télécoms.
En 2021, Evo Solutions a par exemple fourni 10 000 tablettes éducatives et 1 000 projecteurs aux écoles de trois régions du Cameroun, afin de développer l’accès à l’éducation numérique.
Le pays offre également des opportunités pour les acteurs de la Fintech. En effet, le Cameroun est le premier pays de la CEMAC en termes d’utilisation de solutions mobiles money, avec 73,13% des transactions pour 12 151 Milliards FCFA en 2020.
Les usages du mobile money ont évolué, notamment avec la réception de fonds depuis l’étranger et l’interopérabilité apportée par le Groupe Interbancaire Monétique de l’Afrique centrale (GIMAC). On assiste au développement de nouveaux acteurs, notamment les agrégateurs de paiement tels que Afrikpay ou encore CleanPay.
Ces acteurs proposent une plateforme unique pour traiter les opérations de mobile money, mobile Banking et les services de transfert internationaux, avec la possibilité de proposer des services à valeur ajoutée additionnels, via des partenariats stratégiques.