Fraîchement élue présidente de la Conférence des Organisations Internationales Non-Gouvernementales (COING) de l’OIF, Diane Ndeuna s’est déjà mise au travail avec une détermination sans faille. Portée par une campagne audacieuse qui lui a valu 62,5 % des suffrages, la jeune Camerounaise multiplie les initiatives pour faire résonner la voix des Organisations de la Société Civile.
Son ambition est claire : insuffler un nouvel élan en prônant la transparence et en favorisant les collaborations entre les acteurs locaux et régionaux au sein de cette organisation qui joue un rôle central dans la promotion de l’éducation, du développement durable, de la démocratie et de la culture dans l’espace francophone. Nous l’avons rencontrée !
Bonjour Madame NDEUNA, un petit mot sur vous ?
Bonjour Monsieur TIENTCHEU. Je suis Diane Ndeuna passionnée par la recherche, les programmes et les enjeux liés à l’éducation, le numérique, l’innovation, la promotion du genre, l’entrepreneuriat, le développement durable.
Avec des formations en administration des entreprises, droit des affaires, management des Organisations, genre et développement durable, j’ai eu l’opportunité de travailler dans divers secteurs, notamment dans le domaine de la gestion de projets et programmes de développement local avec des organisations à but lucratif et non lucratif (organisations locales et internationales), la gouvernance des OSC, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) y compris la communication.
Mon parcours m’a amenée à collaborer avec des acteurs clés au niveau local et international, ce qui m’a permis d’acquérir une compréhension approfondie des enjeux qui touchent les ONG et les initiatives communautaires.
Vous avez récemment été élue présidente de la Conférence des Organisations Internationales Non-Gouvernementales (COING) de l’OIF. Comment se sont déroulés les mois de préparation en amont de cette élection ? Quels défis majeurs avez-vous rencontré ?
Les mois de préparation ont été marqués par une intense collaboration avec les membres des différentes commissions de la COING et une analyse approfondie des besoins et des défis auxquels nous faisons face. Parmi les défis majeurs, j’ai rencontré des difficultés liées à la diversité des attentes des membres et à l’harmonisation des objectifs.
Cependant, ces défis ont été des opportunités pour affiner notre stratégie et renforcer notre vision commune. Des choses qui ont été rendues possibles grâce à la grande implication et disponibilité de mon équipe de campagne à la tête de laquelle Alex Siewe, mon Directeur de campagne, accompagné de Michael Dikome, Samory, Richark, Evrad Tchinde et Murielle.
Une équipe dont l’expérience et la capacité de mobilisation de Ndeye Marie Fall (ancienne Présidente de cette Conférence, 2018-2022) qui a été la plaque tournante de toute notre stratégie, Pr Ndioro Ndiaye et Stéphane Pouffary, auront été déterminants pour le résultat que nous avons obtenu.
Toute la reconnaissance et mes remerciements pour les sacrifices que chaque membre de mon équipe de campagne a consenti. Cette victoire est la nôtre.
Vous avez exprimé le souhait de voir une COING “plus apaisée, plus vertueuse et véritablement engagée dans l’accompagnement des OSC.” Est-ce à dire que la COING ne remplissait pas pleinement ces missions par le passé ? Quelles seront vos premières actions concrètes pour donner vie à cette vision ?
Je crois que la COING a réalisé des efforts importants, mais il y a toujours place pour une amélioration. Mon objectif est de renforcer la transparence, d’encourager une communication plus ouverte et de garantir que les OSC reçoivent le soutien dont elles ont besoin.
Mes premières actions seront axées sur le renforcement des groupes de travail pour adresser les préoccupations des membres à travers l’élaboration d’un plan d’action pour les deux années à venir et l’organisation de forums pour promouvoir un dialogue constructif. Ces premiers livrables seront disponibles avant le Sommet de la Francophonie prévu les 4 et 5 octobre, c’est-à-dire 23 jours après notre élection.
Nous allons également encourager les uns et autres à travailler ensemble, de manière inclusive et surtout dans un climat apaisé afin d’éviter de créer la frustration et tenir compte de chaque voix.
Nous l’avons dit, chaque voix compte ! Ce travail se fait avec l’appui de l’exécutif de la COING, le Comité de Suivi, qui regroupes 12 personnes dont les Président.e.s et Vice-Président.e.s de Commissions thématiques ainsi les Représentant des ONG et l’Experte Egalité Femme-Homme. Ils sont le relais et les référents directs auprès des membres.
Pouvez-vous nous donner un aperçu de deux ou trois initiatives que vous envisagez de lancer rapidement ?
Mes priorités incluent la représentation efficace des OSC et synergies, le renforcement des capacités des OSC, la promotion de la collaboration régionale et l’amélioration de la visibilité des initiatives locales.
Parmi les initiatives que je souhaite lancer rapidement, il y a la création du Grand Prix de la Société Civile Francophone, le développement de partenariats stratégiques avec d’autres acteurs de la Francophonie et la mise en place d’une plateforme en ligne pour faciliter la visibilité et la consultation des actions de la COING.
La jeunesse, la société civile et les femmes sont au centre des priorités de l’OIF pour la période 2024-2027. Comment envisagez-vous de collaborer avec l’OIF pour renforcer ces axes d’intervention cruciaux ?
Nous comptons remplir notre mandat auprès de l’OIF et une participation active aux instances de la Francophonie. Ceci nous engage à contribuer au renforcement et ou au développement des projets et des initiatives qui soutiennent la jeunesse, la société civile et les femmes.
Cela intègre la promotion de programmes d’éducation et de leadership pour les jeunes. Nous veillerons aussi à encourager les espaces de dialogue pour la société civile ainsi que le soutien aux projets qui favorisent l’autonomisation des femmes. En travaillant ensemble, nous pourrons amplifier l’impact de nos actions et répondre efficacement aux besoins de ces groupes prioritaires.
Les organisations accréditées sont des partenaires privilégiés de l’OIF et de ses Etats et gouvernements membres. Elles bénéficient ainsi d’une enceinte de dialogue permanente avec les autres OSC accréditées, qui favorise leur mise réseau, leur structuration et leur développement au sein de l’espace francophone.
Durant notre mandat, nous veillerons à :
adopter des prises de position sur les questions de fond qu’elle peut adresser sous forme de recommandations à la Francophonie ;
contribuer à promouvoir le rôle majeur de la société civile au sein de la Francophonie et d’assurer sa participation effective dans les instances de la Francophonie ;
informer les organisations accréditées auprès de la Francophonie sur les orientations du Sommet et les programmes qui en découlent et recueillir leurs contributions ;
favoriser la coopération entre les organisations ayant des intérêts communs et renforcer les capacités des organisations (internationales) non gouvernementales accréditées.
La 129e session du Conseil Permanent de la Francophonie s’est ouverte ce 18 Septembre 2024. Comment la COING a-t-elle été reçue lors de cet événement ? Avez-vous obtenu des retours concrets ou des engagements?
La COING a bénéficié d’un accueil exceptionnel. Qu’il s’agisse de l’audience accordée avant le début du CPF par Madame la Secrétaire Générale, S.E Louise Mushikiwabo. Un tête-à-tête au cours duquel elle a appelé sa volonté de renforcer davantage les capacités d’actions de la COING.
Elle nous a aussi assuré de son accompagnement et de celles de ses équipes. Un accueil de qualité qui a été renforcé par la bienveillance et le soutien de plusieurs représentants d’Etats et gouvernements de la Francophonie, à leur prise de parole pendant le CPF.
Ces retours encourageants et des mots de soutien nous confortent dans notre démarche et nous motivent à poursuivre nos efforts pour renforcer la collaboration et atteindre nos objectifs.
En tant que Camerounaise, pensez-vous qu’un rôle particulier vous attend pour soutenir les ONG et la société civile camerounaise ? Est-il envisageable que ce contexte local devienne une priorité plus marquée durant votre mandat ?
En tant que Camerounaise, je suis profondément consciente des défis spécifiques auxquels les ONG et la société civile camerounaise sont confrontés. Ces défis sont partagés par les OSC de l’espace francophone ; à divers niveaux ou degrés, mais les défis sont similaires.
Notre démarche sera transversale avec un ancrage dans chaque contexte de l’espace francophone. Les membres de la COING dans leurs territoires en seront de formidables relais et appuis. Notre approche est purement ancrée dans les réalités diversifiées de l’espace francophone et permet d’agir au niveau local, régional et à l’échelle de l’espace francophone.
Un dernier mot?
Nous avons conscience de la responsabilité qui est la nôtre dans le rôle que nous devons jouer auprès de l’OIF, des OSC au sein de l’espace Francophone. C’est dans la co-construction des solutions et dans les synergies que nous y parviendrons.
Le rôle des médias est important pour renforcer notre message et le porter plus haut, plus loin. L’un de nos engagements est de développer davantage notre visibilité internationale. Merci pour ce coup de projecteur.