L’une des erreurs souvent commises lorsque l’on vient à parler de la fraude est de s’imaginer que les fraudeurs auraient nécessairement élaboré des schémas bien trop complexes à découvrir. Dans certains cas, ces schémas sont effectivement trop sophistiqués et nécessitent de grands outils et expertises pour être investigués. Dans bien d’autres cas, l’employé lambda est en mesure de les découvrir avec un peu de sensibilisation sur le sujet.
Selon la récente étude publiée le 20 mars 2024 par l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE) intitulée « Occupational Fraud 2024 : Report to the Nations », il ressort que la durée moyenne d’une fraude (le temps qui s’écoule entre le moment où la fraude commence et celui où la fraude est découverte) est de 12 mois.
Les cas de fraudes ayant été rapidement détectées (moins de 06 mois depuis le début de la première action frauduleuse) représentent 31% des cas investigués en 2023 pour des pertes moyennes infligées aux organisations évaluées à 30 000 USD. A l’opposé, 6% des cas de fraudes ont été détectés plus de 60 mois après la première action frauduleuse occasionnant ainsi des pertes moyennes par cas évaluées à 875 000 USD aux organisations victimes.
Nous pouvons d’emblée retenir de ce qui précède que, plus tôt la fraude est détectée, investiguée et des actions correctives et préventives menées, moins l’organisation s’expose aux pertes financières énormes et au risque de réputation.
Nous allons dans le présent article vous proposer une analyse des principaux mécanismes qui permettent de détecter assez rapidement la fraude au sein des organisations. Nous ferons surtout un focus sur les principaux signaux d’alertes de comportements qui se sont avérés peu complexes à mettre en œuvre et surtout très efficaces dans la détection de la fraude.
Par quels mécanismes les fraudes sont-elles généralement détectées ?
Les investigations des fraudes réalisées sur l’année 2023 par l’ACFE (1921 cas de fraudes investiguées dans 138 pays) permettent de classer par ordre d’efficacité les mécanismes utilisés par les professionnels (auditeurs internes, auditeurs externes, contrôleurs internes, régulateurs…) pour détecter les fraudes commises au sein des organisations ayant été victimes.
Il ressort de l’analyse desdits mécanismes que, les alertes et signalements ont été le moyen le plus utilisé pour détecter les fraudes, 43 % des cas de fraudes ayant été découverts grâce à un signalement donné par un lanceur d’alerte interne et/ou externe à l’organisation. En effet, les principales alertes de fraude ont été données par les supérieurs hiérarchiques des fraudeurs (29% des cas), par la Direction Générale (16% des cas), l’équipe d’auditeurs internes (14% des cas), les collègues immédiats des fraudeurs (8% des cas), le service des ressources humaines (7% des cas).
D’autres mécanismes ont également été très efficaces dans la détection des fraudes notamment les travaux de l’audit interne (14 % des cas de fraudes détectées) et les revues de direction (13 % des cas de fraudes détectées). Associés aux alertes et signalements, ces deux mécanismes ont permis de détecter plus de 70% des cas de fraudes au courant de l’année 2023 soulignant ainsi toute leur importance dans le dispositif de lutte contre la fraude au sein des organisations.
Les six principaux indices ayant conduit les lanceurs d’alerte à agir
En règle générale, la fraude peut être commise par tout le monde au sein de l’organisation, ce qui appelle à la vigilance et à l’implication de tous les acteurs de l’organisation pour une meilleure prévention de la fraude.
Les analyses réalisées grâce aux recherches de l’ACFE permettent de noter que les fraudeurs présentent souvent des comportements distinctifs lorsqu’ils mettent en œuvre leurs stratagèmes de fraude. Ces comportements, s’ils sont bien observés peuvent servir de signaux d’alerte, pouvant indiquer l’existence d’une fraude potentielle.
Dans 84% des cas de fraudes détectées et investiguées en 2023, les employés impliqués dans lesdites fraudes affichaient au moins un des six traits de comportements listés ci-dessous :
Un collaborateur vivant au-dessus de ses moyens : un train de vie très élevé à travers de grosses dépenses est souvent un indicateur de comportement frauduleux, surtout lorsque des informations disponibles, le salaire de l’employé ne correspond pas à son style de vie.
Un collaborateur en difficultés financières : les problèmes financiers sont souvent cités comme principale motivation par ceux qui commettent une fraude. Les exemples incluent des dettes élevées, la scolarisation élevée des enfants, des prêts automobiles, la perte de l’emploi du (de) conjoint (e), …
Très forte proximité du collaborateur avec les fournisseurs : l’employé se retrouve ainsi très fortement exposé au risque de conflit d’intérêts pouvant donner lieu à des surfacturations par les fournisseurs, des pots de vin, des achats fictifs, le favoritisme dans le processus d’achats…
Forte tendance à tout contrôler et à cacher les sujets traités : une attitude à ne pas aimer partager avec ses collègues la nature des tâches effectuées au quotidien est souvent révélatrice d’activités frauduleuses que le fraudeur souhaiterait ne pas laisser découvrir. En effet, parler aux collègues de ses tâches dans le détail pourrait exposer les activités « noires » du fraudeur. Dans la pratique, certains parmi ces fraudeurs cumulent souvent un nombre important de jours de congés non consommés car partir en congés donnerait la possibilité de mettre à nu d’éventuelles activités illicites.
Irritabilité, méfiance ou attitude défensive : les fraudeurs peuvent souvent agir de manière inhabituellement paranoïaque ou dure avec leurs collègues afin de projeter la suspicion sur les autres ou de décourager les questions. Ils sont en général très bons manipulateurs.
Il ne faudrait toutefois pas tirer de conclusions hâtives si un collaborateur venait à présenter certains de ces signaux. Une analyse minutieuse et très prudente devrait être faite avant d’envisager une éventuelle enquête de fraude. En effet, il pourrait par exemple y avoir un collaborateur qui d’apparence, vivrait au-dessus de ses moyens (train de vie en inadéquation avec le salaire que lui paye l’entreprise) ce qui pourrait éveiller des soupçons de fraude et conduire à une enquête interne. En affinant la réflexion, il pourrait s’avérer que ce dernier soit bénéficiaire d’un héritage lui permettant de mener ce train de vie ou que, ce train de vie soit soutenu par son (sa) conjoint (e).
Pour conclure, nous retiendrons que, la prévention de la fraude au sein de l’organisation ne relève pas seulement de la responsabilité du conseil d’administration, de la direction générale ou des équipes d’audit et de contrôle interne.
En effet, chaque acteur de l’organisation a un rôle essentiel à jouer dans la prévention et la détection de la fraude ce qui permettra de protéger l’organisation dans son ensemble, ses finances et surtout sa réputation. Soyez donc attentifs aux fraudes potentielles qui menacent votre organisation et formez vos collaborateurs afin qu’ils deviennent eux aussi des boucliers contre la fraude.
Six indices qui pourraient vous conduire à détecter une fraude
Comme dit le dicton « le diable se cache dans les détails », nous pouvons reprendre ici que la « fraude se cache dans les détails ».
L’une des erreurs souvent commises lorsque l’on vient à parler de la fraude est de s’imaginer que les fraudeurs auraient nécessairement élaboré des schémas bien trop complexes à découvrir. Dans certains cas, ces schémas sont effectivement trop sophistiqués et nécessitent de grands outils et expertises pour être investigués. Dans bien d’autres cas, l’employé lambda est en mesure de les découvrir avec un peu de sensibilisation sur le sujet.
Selon la récente étude publiée le 20 mars 2024 par l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE) intitulée « Occupational Fraud 2024 : Report to the Nations », il ressort que la durée moyenne d’une fraude (le temps qui s’écoule entre le moment où la fraude commence et celui où la fraude est découverte) est de 12 mois.
Les cas de fraudes ayant été rapidement détectées (moins de 06 mois depuis le début de la première action frauduleuse) représentent 31% des cas investigués en 2023 pour des pertes moyennes infligées aux organisations évaluées à 30 000 USD. A l’opposé, 6% des cas de fraudes ont été détectés plus de 60 mois après la première action frauduleuse occasionnant ainsi des pertes moyennes par cas évaluées à 875 000 USD aux organisations victimes.
Nous pouvons d’emblée retenir de ce qui précède que, plus tôt la fraude est détectée, investiguée et des actions correctives et préventives menées, moins l’organisation s’expose aux pertes financières énormes et au risque de réputation.
Nous allons dans le présent article vous proposer une analyse des principaux mécanismes qui permettent de détecter assez rapidement la fraude au sein des organisations. Nous ferons surtout un focus sur les principaux signaux d’alertes de comportements qui se sont avérés peu complexes à mettre en œuvre et surtout très efficaces dans la détection de la fraude.
Par quels mécanismes les fraudes sont-elles généralement détectées ?
Les investigations des fraudes réalisées sur l’année 2023 par l’ACFE (1921 cas de fraudes investiguées dans 138 pays) permettent de classer par ordre d’efficacité les mécanismes utilisés par les professionnels (auditeurs internes, auditeurs externes, contrôleurs internes, régulateurs…) pour détecter les fraudes commises au sein des organisations ayant été victimes.
Il ressort de l’analyse desdits mécanismes que, les alertes et signalements ont été le moyen le plus utilisé pour détecter les fraudes, 43 % des cas de fraudes ayant été découverts grâce à un signalement donné par un lanceur d’alerte interne et/ou externe à l’organisation. En effet, les principales alertes de fraude ont été données par les supérieurs hiérarchiques des fraudeurs (29% des cas), par la Direction Générale (16% des cas), l’équipe d’auditeurs internes (14% des cas), les collègues immédiats des fraudeurs (8% des cas), le service des ressources humaines (7% des cas).
D’autres mécanismes ont également été très efficaces dans la détection des fraudes notamment les travaux de l’audit interne (14 % des cas de fraudes détectées) et les revues de direction (13 % des cas de fraudes détectées). Associés aux alertes et signalements, ces deux mécanismes ont permis de détecter plus de 70% des cas de fraudes au courant de l’année 2023 soulignant ainsi toute leur importance dans le dispositif de lutte contre la fraude au sein des organisations.
Les six principaux indices ayant conduit les lanceurs d’alerte à agir
En règle générale, la fraude peut être commise par tout le monde au sein de l’organisation, ce qui appelle à la vigilance et à l’implication de tous les acteurs de l’organisation pour une meilleure prévention de la fraude.
Les analyses réalisées grâce aux recherches de l’ACFE permettent de noter que les fraudeurs présentent souvent des comportements distinctifs lorsqu’ils mettent en œuvre leurs stratagèmes de fraude. Ces comportements, s’ils sont bien observés peuvent servir de signaux d’alerte, pouvant indiquer l’existence d’une fraude potentielle.
Dans 84% des cas de fraudes détectées et investiguées en 2023, les employés impliqués dans lesdites fraudes affichaient au moins un des six traits de comportements listés ci-dessous :
Il ne faudrait toutefois pas tirer de conclusions hâtives si un collaborateur venait à présenter certains de ces signaux. Une analyse minutieuse et très prudente devrait être faite avant d’envisager une éventuelle enquête de fraude. En effet, il pourrait par exemple y avoir un collaborateur qui d’apparence, vivrait au-dessus de ses moyens (train de vie en inadéquation avec le salaire que lui paye l’entreprise) ce qui pourrait éveiller des soupçons de fraude et conduire à une enquête interne. En affinant la réflexion, il pourrait s’avérer que ce dernier soit bénéficiaire d’un héritage lui permettant de mener ce train de vie ou que, ce train de vie soit soutenu par son (sa) conjoint (e).
Pour conclure, nous retiendrons que, la prévention de la fraude au sein de l’organisation ne relève pas seulement de la responsabilité du conseil d’administration, de la direction générale ou des équipes d’audit et de contrôle interne.
En effet, chaque acteur de l’organisation a un rôle essentiel à jouer dans la prévention et la détection de la fraude ce qui permettra de protéger l’organisation dans son ensemble, ses finances et surtout sa réputation. Soyez donc attentifs aux fraudes potentielles qui menacent votre organisation et formez vos collaborateurs afin qu’ils deviennent eux aussi des boucliers contre la fraude.
Partager l’article