“J’ai l’intention de créer un groupe de média web, incluant une web radio, une web TV et un site internet spécialisé” Fidjil

Il a su s'imposer comme une figure importante de la génération dorée de l’univers radiophonique camerounais. Son nom résonne sur les ondes et dans les cercles du show-business, où il occupe une place de choix en tant que porte-voix de cette jeunesse ambitieuse et déterminée à prouver la valeur de la radio dans le quotidien des camerounais.

Originaire de la région du Centre, Anyouzoa Benoît Yannick, alias « FIDJIL », incarne parfaitement la fusion entre l’animation radiophonique et télévisuelle, ainsi que l’esprit visionnaire qui caractérise les innovateurs de son époque.

En cette journée mondiale de la radio, Ce jeune entrepreneur de 36 ans nous a ouvert ses portes. Rencontre !

Bonjour Anyouzoa Benoît Yannick, alias FIDJIL. Pouvez-vous nous parler de la personne derrière ce nom d’emprunt et nous donner un aperçu de votre parcours professionnel?

Je m’appelle ANYOUZOA BENOÎT YANNICK, et FIDJIL est un nom d’emprunt qui permet de faire le distinguo entre ma vie professionnelle et ma vie privée. J’ai 36 ans, originaire de la région du Centre au Cameroun. Depuis 2011, je suis animateur radio et télévision professionnel. Je suis également coprésentateur aux côtés de Patricia Laure Naoussi, de la matinale “CANAL MATIN” sur CANAL 2 international depuis 4 ans.

Avant de rejoindre CANAL 2, j’ai consacré sept années de ma carrière au sein du groupe EQUINOXE. C’est d’ailleurs ce média qui m’a introduit auprès du grand public, jouant ainsi un rôle déterminant dans ma professionnalisation en m’offrant des bases essentielles et approfondies du métier. Je reste profondément reconnaissant envers eux pour cette expérience qui continue de marquer ma vie.

Parallèlement, ma fibre entrepreneuriale m’a incité à devenir un acteur professionnel de la Voix-Off. Je mets fréquemment ma voix à disposition pour des publicités, des doublages de séries et de dessins animés, ainsi que pour des documentaires et des reportages. En tant que maître de cérémonie (Event Host), j’ai la responsabilité de présenter la plupart des concerts grand public qui se déroulent au Cameroun.

Ma passion pour la radio a été plus forte que les préjugés initiaux. Avec de l’audace et de la persévérance, j’ai réussi à prouver la valeur de ce noble métier

Parmi les plus récents, citons ceux de PETIT PAYS & DAVIDO pour le compte d’ORANGE CAMEROUN, le DOMAF (Douala Music Art Festival), le plus grand festival de musiques urbaines et des arts d’Afrique centrale. J’ai également animé des événements avec des Guests comme LAFOUINE & OMAH LAY dans le cadre du Xmas Fest organisé par BETMOMO.

Vous avez connu un parcours professionnel remarquable, passant d’animateur radio à entrepreneur média et journaliste. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes aspirants qui rêvent de suivre un chemin similaire ?

Dans son recueil de maximes, François de La Rochefoucauld affirme avec perspicacité, et je cite : “Les passions sont les seuls orateurs qui nous persuadent toujours”. En d’autres termes, la passion agit comme un combustible perpétuel, propulsant l’individu à avancer dans ses entreprises malgré les découragements et les difficultés. Cette citation éloquente souligne le rôle crucial de la passion dans la persévérance.

Un autre auteur que j’apprécie, Denis Diderot, partage une perspective similaire en déclarant que : “Il faut être enthousiaste dans son métier pour y exceller.” L’enthousiasme, source d’énergie intarissable, découle souvent de la passion, incitant continuellement à un travail acharné. Lorsque la passion devient le moteur de son activité professionnelle, la frontière entre travail et plaisir s’efface, laissant place à une forme d’amusement. C’est ce que l’on appelle l’épanouissement.

Cultiver l’audace, oser, car comme le souligne l’adage, “L’audace, c’est le talent que beaucoup n’ont pas.” Les notions clés de passion, patience et persévérance, souvent regroupées sous la loi des trois P, sont essentielles. De plus, l’humilité, encapsulée dans la loi des trois A (Attitude – Aptitude – Altitude), agit comme un catalyseur quotidien. Ces principes, si un jeune parvient à les intégrer, peuvent le guider sur la voie de la réussite.

Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir une carrière dans la radio, malgré les préférences souvent traditionnelles pour des professions comme médecin ? Comment avez-vous surmonté les défis liés à cette décision ?

Lorsque j’ai exprimé à ma mère mon désir de faire de la radio, elle a manifesté son mécontentement en me boudant, jusqu’à ce qu’elle accepte finalement que je poursuive cette passion et que je m’autorise à vivre pleinement cette expérience.

Ma passion pour la radio a été plus forte que les préjugés initiaux. Les difficultés étaient présentes, mais avec de l’audace et de la persévérance, j’ai réussi à faire carrière et à prouver la valeur de ce noble métier.

Pouvez-vous partager quelques moments marquants de votre carrière et expliquer s’il y a eu des moments où vous avez eu des doutes ou des regrets?

Les moments marquants abondent dans mon parcours, entre les rencontres mémorables, les interviews de personnalités inattendues, les événements en tous genres, les émissions trépidantes, le stress, les montées d’adrénaline incessantes, les risques assumés, les voyages et dîners d’affaires, les productions captivantes, ainsi que les défis et les anecdotes foisonnantes. Mes expériences regorgent d’anecdotes tellement riches qu’elles pourraient constituer la trame d’un livre.

Cependant, ces moments d’éclat coexistent souvent avec des instants de doute et de remise en question, parfois au point de regretter certains choix. Cela survient notamment lorsque je constate comment le métier est valorisé ailleurs, observant son évolution dans d’autres contextes. Les questionnements sur mon avenir et mes conditions de travail deviennent alors prégnants, suscitant une multitude d’interrogations qui frôlent parfois la dépression.

Ces passages à vide sont fréquents, mais malgré leur difficulté, je m’efforce toujours de retrouver une motivation au sein de mes propres ressources. Cependant, il est indéniable que ces moments peuvent être éprouvants, et les plus vulnérables risquent de succomber sans pouvoir se relever.

En tant que l’un des rares Camerounais à s’engager dans la création d’une web radio, quelles réflexions traverse-t-on lorsqu’on entreprend une telle initiative dans un secteur où le succès n’est pas nécessairement assuré ?

Nous avons lancé cette web radio avec l’idée de repousser les limites et d’inspirer ceux qui nous prennent pour modèle. En tant que CEO d’ABY PROD, ma startup produit des contenus audiovisuels pour les médias numériques et la télévision.

En 2017, avec mon associé Aristide Atonkoumou, nous avons créé Thara TV, une web TV spécialisée dans les cultures urbaines et le lifestyle, anticipant ainsi la tendance croissante des médias numériques. Malheureusement, en raison de contraintes financières et logistiques, nous avons dû fermer en dépit de notre vision avant-gardiste.

Bien que nous ayons été parmi les pionniers avec notre média, nous sommes fiers d’avoir inspiré d’autres jeunes entrepreneurs à suivre notre exemple. Actuellement, de nombreuses web TV, telles que Sun TV et Naja TV, émergent malgré les défis tels que le manque de financement, la faible pénétration d’internet, les coûts élevés et la concurrence avec des mastodontes du secteur. Nous n’avons peut-être pas les moyens nécessaires actuellement, mais notre vision demeure intacte. Nous n’avons pas dit notre dernier mot.

Quels enseignements avez-vous tiré de l’expérience de votre projet de web radio, soutenu par des acteurs majeurs de la scène culturelle internationale?

Comme le souligne un contemporain, notre tentative de lancer le projet n’a pas été un échec, mais plutôt une exploration alternative malgré notre énergie juvénile. À cette époque, nous étions plus jeunes, ce qui nous a permis d’apprendre essentiellement comment concevoir, mettre en œuvre, capitaliser et rentabiliser un projet. Nous avons également acquis des compétences en présentation et en vente auprès des investisseurs.

Il est aujourd’hui crucial de s’informer et de se former sur les nouveaux canaux et la production de contenus innovants tels que les podcasts, vlogs et blogs. La formation doit inclure la manière de rentabiliser ces contenus sur le numérique

Cette expérience nous a poussés à nous préparer davantage, à identifier nos forces et faiblesses, à structurer notre approche, à nous informer et à nous former dans des domaines que nous ne maîtrisions pas. En fin de compte, ce projet a été une école pour nous, une opportunité d’apprentissage précieuse.

Quels sont vos projets futurs dans le domaine médiatique après la fermeture de vos web radios?

J’ai l’intention de créer un groupe de média web à long terme, incluant une web TV, une web radio, un site internet spécialisé, et de couvrir des festivals et compétitions sportives pour enrichir le contenu de mes médias.

Quels conseils donneriez-vous à d’autres personnalités médiatiques envisageant de digitaliser la radio au Cameroun?

Je conseille vivement à d’autres personnalités des médias qui sont en retard, car de nombreux acteurs ont migré vers le numérique, de se positionner sur les plateformes numériques. Il est essentiel de suivre l’évolution du monde, car les habitudes de consommation ont changé. La radio, la télévision et la presse écrite ne sont plus consommées de la même manière.

Une mise à jour significative est nécessaire. Il est également crucial de s’informer et de se former sur les nouveaux canaux et la production de contenus innovants tels que les podcasts, vlogs et blogs. La formation doit inclure la manière de rentabiliser ces contenus sur le numérique, afin d’éviter que les salaires du personnel ne soient affectés ou que la pression fiscale ne devienne un problème.

À l’occasion de la Journée Internationale de la Radio le 13 février, quels messages souhaitez-vous transmettre à toutes les parties prenantes du secteur audiovisuel au Cameroun et en Afrique?

Bonne fête de la radio à tous ceux impliqués dans cette passionnante profession, ainsi qu’à tous les métiers connexes. Aux chaînes de radio, rappelons l’importance de notre voix dans l’information, le divertissement, l’éducation, et la connexion avec les auditeurs, appelant à la création d’un paysage radiophonique dynamique et inclusif. Aux chaînes de télévision, soulignons notre rôle crucial dans la diffusion d’informations, d’événements sportifs et culturels, encourageant la diversité des contenus pour enrichir le secteur du divertissement au Cameroun.

Aux producteurs audiovisuels, nous sommes les artisans de cette industrie en Afrique, appelant à la création de récits captivants, à mettre en valeur la diversité du continent, et à explorer de nouvelles formes de narration pour faire briller les talents africains.

Aux régulateurs et organismes de gouvernance, soulignons l’importance de leur rôle pour assurer un environnement équitable, les encourageant à promouvoir des politiques favorisant la diversité des contenus, l’accès équitable aux ressources, et le développement des compétences.

Aux auditeurs, téléspectateurs et internautes, reconnaissons leur rôle central, appelant à leur soutien pour nourrir la créativité et l’innovation, tout en encourageant la construction d’une communauté audiovisuelle forte et engagée, loin des fake news, du tribalisme et de la haine sur les réseaux sociaux.

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