Son parcours est à la fois impressionnant et diversifié. Ce professionnel camerounais, expert Certifié en GRC, Audit et Fintech, a fait ses classes au sein des institutions financières prestigieuses comme BGFI Bank Gabon, Afriland First Bank Cameroun, MTN Mobile Money Cameroun, tous leaders dans leurs domaines, avant de s’offrir un nouveau challenge, en tant que Directeur de la conformité et des Risques des activités Fintechs chez Robustrade DMC, un grand groupe basé à Dubai.
Il y a récemment pris ses fonctions pour développer en Afrique, les activités fintechs du groupe. Son ambition est claire : contribuer au lancement des filiales en Afrique avec une équipe d’expatriés et de locaux et piloter l’ensemble du dispositif de contrôle, risques et conformité des filiales Fintechs du groupe. Nous l’avons rencontré afin de mieux comprendre son métier et ses perspectives !
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel jusqu’à présent ? Comment êtes-vous devenu Directeur de la Conformité et des Risques dans une Fintech dont le Groupe est basé à Dubai, après BGFIBank au Gabon, Afriland First Bank au Cameroun, et MTN Mobile Money Cameroun ?
Déjà merci de m’avoir accordé cet entretien. Je dirais que c’est le résultat du travail méthodique et de la volonté du très haut.
D’abord du travail, parce que je me suis donné les moyens académique, technique et relationnel nécessaires pour atteindre cet objectif. Je n’ai jamais cessé d’apprendre. Je possède aujourd’hui plusieurs diplômes universitaires et certificats, couplé à une quinzaine de formations dont plusieurs certifiantes, Africaines (Cameroun et Gabon), Françaises (Executive MBA, MBA et Master) et Américaines (Fintech Expert, GRC Professional, GRC Auditor, Audit and Assurance Professional, Integrated Data Privacy Professional, Integrated Policy Management Professional, ESGP, Advanced Leadership Training, etc.).
Je continue de me former pour ma nouvelle ambition à savoir, faire partie du Conseil d’Administration des Entreprises afin de contribuer à la performance durable des entreprises et organisations. À ce titre, je suis premium member de Corporate Governance Institute, un organisme britannique réputé de formation et de développement des talents des Administrateurs. J’y prépare actuellement, le Certificat Intitulé « Getting Your Next Non Executive Director Role ».
La volonté de Dieu ensuite, parce que je crois en Dieu et à sa grâce. Vous savez, il y’a des personnes plus outillées que moi, mais qui n’ont pas la carrière que j’ai jusqu’à présent. Ma famille et moi sommes très reconnaissants de cette providence.
Quelles sont les principales responsabilités et tâches liées à votre poste de Directeur de la Conformité et des Risques ?
Dans ma position, je suis également en charge de l’ensemble du dispositif du Contrôle Interne. A ce titre je dois entre autres :
- Veiller à ce que l’ensemble de nos activités soient maîtrisées et les risques couverts ;
- Veiller à la Conformité de toutes les activités internes et externes, car l’externalisation ne réduit nullement la responsabilité des organes de contrôle interne, du Directeur Général et du Conseil d’Administration ;
- Veiller à une excellente relation avec les organes de régulation, par le respect des obligations réglementaires et de reporting.
Dans cette fonction, s’assurer de l’alignement stratégique de son dispositif de maîtrise de risque est essentiel, car la mission première de la gestion des risques, c’est de veiller à l’atteinte des objectifs de l’entreprise. Ces derniers découlant bien de la stratégie de l’entreprise.
Enfin, sans être exhaustif, je parlerais de la communication et la formation de tous les acteurs internes et externes de l’entreprise à la culture risque et conformité.
Comment votre rôle contribue-t-il à assurer la conformité et la sécurité des opérations au sein de l’entreprise ?
Comme ci-dessus évoqué, la fonction Risque et Conformité est essentielle pour la pérennité de l’entreprise, par le recensement de manière continue de l’ensemble de la régulation applicable et des risques, et de la mise en place des moyens de mitigation appropriés.
Un moyen que j’utilise le plus, c’est la définition d’un référentiel de contrôle intégré à tous les niveaux de l’entreprise afin de veiller à ce que tout le monde soit impliqué dans la maîtrise des activités via des reportings périodiques de la réalisation des autocontrôles et des contrôles hiérarchiques (principe de 4 yeux).
Comment voyez-vous votre carrière évoluer en tant que Directeur de la Conformité et des Risques ? Quelles sont vos perspectives d’évolution et les compétences que vous souhaitez développer pour atteindre vos objectifs professionnels ?
Aujourd’hui, je souhaite déjà réussir mon expatriation en Afrique de l’Ouest, une très bonne chose après l’expérience très réussie en Afrique Centrale. Par la suite, former les équipes en filiales et piloter l’ensemble du dispositif de contrôle des filiales du groupe comme Group Chief Risk Officer.
Je pense aussi au Commercial au niveau Direction Générale, car j’ai le bagage et le stakeholder management suffisant pour le faire ; mon dernier Directeur Général ainsi que le Directeur des Ressources Humaines pensent également que j’ai des qualités pour prétendre à cette position.
J’ai d’ailleurs décliné l’an dernier, une proposition pour une position de Directeur Général pour une Microfinance de 2e Catégorie au Cameroun assez bien installée dans le pays et avec de belles ambitions (passer banque à moyen terme), mais j’avais mes raisons et d’autres projets.
Des positions d’Administrateurs Indépendants ou Non Exécutifs dans des entreprises pour partager ma fine connaissance de la Gouvernance, des Risques du Contrôle et de l’Audit Interne, seraient également les bienvenues. En attendant, je continue mon apprentissage sereinement, car je suis un éternel apprenant.
Quel est l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur votre activité de Contrôle dans une entreprise Fintech ? Mieux, l’IA a-t-elle modifié ou amélioré les processus de contrôle et de surveillance au sein de votre entreprise ?
Comme Certified Fintech Expert avec une bonne dose de module sur l’IA, je dirais que l’IA améliore la gestion processus d’identification des clients (KYC/KYA), la lutte anti-blanchiment, les personnes et pays sur la liste des sanctions internationales et de la fraude par la définition des alertes intelligentes, l’automatisation des contrôles et de la gestion des risques via des données systèmes ou l’optimisation des Keys Risks Indicators (KRIs) entre autres.
Quels sont les défis et contraintes auxquels vous êtes confrontés comme Directeur des Risques et Conformité Fintech dans ce secteur en constante évolution ?
Les défis rencontrés dans ce métier sont pratiquement les mêmes que l’on retrouve dans la plupart des entreprises et organisations, à savoir : convaincre le top Management d’investir dans ces métiers, que beaucoup perçoivent encore comme des centres de coûts.
Mais dans mon Groupe, la situation est un peu différente, car des investissements massifs sont consentis non seulement pour le commercial mais aussi pour l’aspect gestion de la Conformité et des Risques, mon recrutement et celui de plusieurs autres experts avec des profils internationaux est une preuve suffisante de cet état de fait.
Le plus grand défi dans ce métier, c’est la capacité des professionnels de nos métiers à vendre ce métier, via un excellent esprit d’équipe et une bonne communication avec tous les acteurs importants. Nous ne sommes pas des experts métiers, nous devons les écouter comme des experts de la méthodologie pour ensemble, bâtir un système intégré où tout le monde se retrouve.
A quoi ressemble la journée-type d’un Directeur du Contrôle Interne/Risque et Conformité dans une entreprise de Fintech ?
Grosso modo des discussions avec les experts métiers pour comprendre leurs challenges et identifier des risques, s’accorder sur des moyens de mitigation ; La revue de la cartographie des risques ; La validation conformité de nouveaux produits et projets ; La validation des rapports de contrôle ; La revue des déclarations de soupçons et des reportings réglementaires ; Des formations, communications, etc.
Nous participons aussi à des réunions et Comités Exécutifs, et le cas échéant au Comité d’Audit et des Risques du Conseil d’Administration ; parfois nous avons des rencontres avec les régulateurs dans le cadre de notre programme d’engagement des parties prenantes.
Qu’est-ce qui vous plait dans votre travail ?
L’aspect pédagogique ; le positionnement hiérarchique dans l’organisation et le caractère dynamique de ce métier. Il y a toujours des choses à apprendre, de nouvelles situations et risques émergents. C’est un travail à la fois passionnant et challengeant.
Les possibilités d’évolution aussi quasiment vers toutes les autres fonctions stratégiques et même la cooptation dans les Conseils d’Administration comme Administrateur Indépendant ou Non Exécutif.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière similaire ? Quelles qualités doivent-ils développer en priorité ?
Les qualités à développer en priorité sont : Humilité, Compétence, Intégrité, Objectivité et Leadership. Ils doivent aussi être très analytique et amoureux de nouvelles technologies.
La résilience aussi est nécessaire, car toutes les journées ne sont pas souvent faciles surtout au début dans une nouvelle structure. Vous êtes parfois perçu comme celui qui vient ralentir des engouements commerciaux ; et c’est là que la compétence intervient et surtout le Leadership pour montrer par la qualité des rapports et des travaux, la place critique de votre poste qui est en plus réglementaire.
Mais en général, quand on est compétent et humble, tout se passe bien. Il faut aussi avoir le soutien de sa Direction Générale et de son Conseil d’Administration, car les Administrateurs généralement sont très orientés risques et protection de la réputation de l’entreprise.
Mais j’invite tous les jeunes à s’intéresser à ce métier très respectable. Pour ne rien vous cacher, il s’agit d’un excellent accélérateur de carrière, que ce soit pour s’épanouir dans le commercial, pour une carrière de Consultants, d’Expert International ou d’Administrateurs, car nos profils sont très demandés pour le Conseil d’Administration, puisqu’on apporte un regard d’expert sur la gestion des divers risques et surtout, le risque réputationnel des entreprises et organisations.