Fille d’immigrés haïtiens, elle a grandi dans un environnement modeste, mais a toujours été encouragée à poursuivre ses rêves et à travailler dur pour y parvenir.
En tant que Représentante régionale Europe du Sud et Afrique du réseau Zonta, Julienne Morisseau travaille sans relâche pour aider les femmes à accéder à l’éducation et à saisir les opportunités qui s’offrent à elles. L’organisation qu’elle dirige compte dans les prochains jours, ouvrir ses bureaux au Cameroun, notamment dans les villes de Bamenda et Yaoundé.
Objectif : permettre aux jeunes filles camerounaises d’avoir accès au réseau du Zonta, pour l’obtention de leurs premiers jobs ou des stages de fin d’études dans le monde entier. Nous l’avons rencontré !
Entretien avec cette philanthrope de 39 ans, qui a fait de l’accès à l’éducation des jeunes filles, le moteur de son engagement social.
Bonjour madame Julienne Morisseau. Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ?
A Bientôt 39 ans, en toute humilité, je suis un pur fruit de l’ascenseur social en France. Mon parcours est le témoignage fort, l’illustration que Dieu est grand et je ne cesserai jamais de le mettre en avant dans tout ce que je fais et le remercier. Car il a permis de rendre possible ce qui semblait impossible et a détruit toutes limitations.
Filles d’immigrés Haïtiens pauvres, née en Guyane française, à ma naissance, personne ne pensait au vu de mes origines sociales à être ce que je suis aujourd’hui. D’ailleurs, ma première langue natale est le Créole Haïtien.
J’ai appris et j’ai commencé à parler le français à l’âge de 3-4 ans, donc tardivement sur le territoire français. Ceci dit, le travail acharné, constant, le soutien de ma famille m’ont permis d’accéder à des études supérieures à Paris
Aujourd’hui, Je suis cadre dans les nouvelles technologies de l’information à Paris et Représentante régionale Europe du Sud et Afrique du comité Membership du Zonta International situé à Chicago.
D’où vous est venue cette passion pour l’engagement associatif ?
J’ai hérité de cet engagement associatif de mes parents. Ils étaient très investis dans leurs églises et multipliaient les actions sociales en faveur des plus démunis en Guyane et en Haïti. Mon père est pasteur et ouvrier agricole. De fait, j’ai baigné dans cette atmosphère de partage, de solidarité, d’esprit d’entraide agricole pendant toute mon enfance.
Cet héritage était mis en veille dans les premiers moments de ma vie active. Il a fallu que j’observe une multitude d’injustices à répétition pour que je puisse avoir un déclic et me consacrer à l’appui, support d’autrui dans le besoin à partir de 2014.
J’ai moi-même subi des injustices, qui ont été finalement des catalyseurs, des projecteurs m’éclairant sur la route à suivre vers ma destinée. En réalité, j’ai choisi depuis quelques années d’avoir très peu d’hobbies depuis pour consacrer mes soirs et weekends au service des personnes vulnérables, enfants pauvres et aux femmes.
L’injustice que j’ai subie, il y’a quelques années en tant que femme victime de violences conjugales, m’a ouvert les yeux sur les conditions des femmes et les failles du système. J’ai pris conscience de la douleur, la peine de ces millions de femmes violentées avec enfants qui sont enchainées dans des relations toxiques sans moyens de défense.
J’essaie à ma modeste échelle d’aider les femmes qui ont en besoin et ce entre autre à travers le Zonta International
Néanmoins, il est important également de préciser que tous les hommes ne sont pas manipulateurs, violents, pervers narcissiques. Il y a des hommes bienveillants qui sont parfois enchainés à des relations malgré eux.
Pouvez-vous nous présenter Zonta International (genèse, principaux objectifs et activités) ?
En 1919, un groupe d’avant-gardistes cadres se sont réunies à Buffalo, dans l’Etat de New York, pour mettre en commun leurs expertises respectives au service de leur communauté.
Non satisfaites du caractère essentiellement social de nombreuses organisations de femme de l’époque, les femmes qui ont fondé le Zonta ont imaginé un nouveau type d’organisation de service – une qui aurait pour mission de promouvoir le professionnalisme parmi ses membres de l’exécutif tout en servant les besoins des filles et des jeunes femmes dans la communauté.
Aujourd’hui, le Zonta possède le statut d’Organisation Non Gouvernementale avec une voix consultative auprès du Conseil Economique et Social de l’ONU. Notre organisation a aujourd’hui de nombreux observateurs auprès des institutions internationales que sont les Nations unies, l’UNESCO, l’UNICEF, l’OIT (Organisation Internationale du travail) et auprès du Conseil de l’Europe
Le Zonta International a par exemple 20 représentants aux Nations unies
Cent ans plus tard, l’héritage des premiers membres du Zonta peut être vu et ressenti à travers près de 1 100 clubs Zonta dans 61 pays à travers le monde. Alors que le monde a radicalement changé au cours du siècle dernier, plus de 26 000 membres restent aujourd’hui attachés au professionnalisme et au service. Conformément aux principes qui ont conduit les fondateurs visionnaires de Zonta à se réunir.
Aujourd’hui, l’histoire de Zonta s’étend au-delà du service communautaire de chaque club Zonta individuel
Zonta International a fourni plus de 50,1 millions de dollars par l’intermédiaire de la Fondation internationale Zonta pour autonomiser les femmes et les filles et élargir leur accès à l’éducation, aux soins de santé, aux opportunités économiques et à des conditions de vie sûres.
La vision de Zonta ne se limite pas uniquement à des dons d’argent. Aux niveaux local, national et régional, les clubs Zonta et les Zontiens individuels plaident pour des lois et des politiques qui garantissent l’égalité entre les sexes et aident chaque femme et chaque fille réalise son plein potentiel
Tout le travail de Zonta pour réaliser la vision de l’égalité pour les femmes se concentre sur deux domaines : l’éducation et la prévention. Zonta s’efforce de supprimer les obstacles empêchant les filles de rester à l’école.
Zonta se consacre à la réalisation de l’égalité des sexes dans l’éducation et soutient des bourses, des bourses et des prix pour les femmes et les filles qui poursuivent des études et des carrières dans ces domaines traditionnellement dominés par les hommes.
Les programmes d’éducation de Zonta International permettent aux femmes de continuer à faire de grands progrès et de surmonter les obstacles liés au genre dans la poursuite de l’éducation, carrières et rôles de leadership.
Votre parcours nous conduit à penser que vous avez fait de l’accès à l’éducation des jeunes filles et des femmes, le moteur de votre engagement social. Pourquoi avoir décidé de mener ce combat ?
L’accès à l’éducation de manière générale sans distinction de genre me tient à cœur.
Je plaide pour une éducation qui puisse permettre à une jeunesse éclairée de nos territoires de saisir les opportunités économiques qui lui sont offertes en fonction de ses compétences
J’ai grandi dans un contexte dans lequel les femmes n’étaient pas avantagées, des membres féminins de ma famille dans la précédente génération, femmes vaillantes et battantes n’ont pas pu bénéficier d’une instruction scolaire leur permettant d’apprendre à lire et écrire dans leurs premières décennies de vie. En raison de leur genre, elles n’étaient pas prioritaires pour bénéficier d’une instruction.
Aujourd’hui, par mes modestes actions et à travers le Zonta, je tente de lutter contre l’auto-limitation des jeunes filles issues des contextes socio-économiques défavorisés.
Lire aussi : https://projecteurmagazine.cm/marie-alice-mineli-mineli-gestionnaire-de-sinistres-et-devouee-a-la-cause/
Vous travaillez actuellement sur l’implantation de deux clubs Zonta au Cameroun (un dans le Nord-Ouest et un autre dans la région du Centre). Pourquoi avoir choisi ces 2 régions du Cameroun en particulier pour l’implantation de votre organisation sur le territoire camerounais ?
La création d’un club Zonta dans ce pays permettra aux jeunes filles camerounaises d’avoir accès au réseau du Zonta pour l’obtention de leurs premiers jobs, stages de fin d’études dans le monde entier, grâce au rayonnement du ZONTA.
A travers les bourses du Zonta, les jeunes femmes camerounaises disposeront d’un appui financier conséquent et au-delà de l’aspect financier, ces bourses donneront toute la latitude à la jeunesse camerounaise féminine d’explorer l’univers et de renforcer leur présence dans les sciences, les nouvelles technologies, l’aéronautique, les affaires au Cameroun ainsi qu’à l’international.
Le choix de ces deux régions a découlé d’un concours de circonstance et de la volonté de professionnels franco-camerounais de la diaspora (ainsi que des locaux), de faire émerger un club novateur au Cameroun.
Lire aussi : https://projecteurmagazine.cm/rudy-laine-ambassadeur-de-la-cuisine-aphrodisiaque/
Quels sont les principaux destinataires de ces bourses et comment postuler ?
Le Zonta a décerné plus de 3 000 bourses et récompenses grâce à des dons faits à la Fondation Internationale. La bourse Amelia Earhart soutient les femmes qui poursuivent des études de doctorat en génie aérospatial et sciences de l’espace.
Zonta a attribué plus de 1 630 bourses Amelia Earhart, totalisant plus de 10,6 millions de dollars américains, à plus de 1 200 femmes représentant plus de 70 pays.
La bourse Jane M. Klausman Women in Business est décernée chaque année aux femmes poursuivant des études de premier cycle ou une maîtrise en gestion d’entreprise. Zonta a attribué plus de 600 bourses, totalisant plus de 1,4 million de dollars américains, à 460 femmes représentant plus de 55 pays.
La bourse des jeunes femmes en affaires publiques ” Bourse women in public affairs ” honore les jeunes femmes qui font preuve d’engagement envers le leadership dans les politiques publiques, le gouvernement et les organisations bénévoles.
Zonta a décerné plus de 970 prix, totalisant plus de 1,1 million de dollars américains, à plus de 800 jeunes femmes de 59 pays
La bourse Zonta International Women in Technology encourage les femmes à poursuivre leurs études et leur carrière dans le domaine de la technologie et d’assumer des rôles de leadership dans ce domaine. Ce programme pilote, lancé en 2019, a donné plus de 100 000 USD à 30 universitaires représentant plus de 20 pays.
Toutes ces bourses sont accessibles aux étudiantes respectant les critères détaillées sur le site Education (zonta.org). Les jeunes femmes peuvent postuler en se rapprochant d’un club Zonta dans leur pays/ville.
Lire aussi : https://projecteurmagazine.cm/carine-kangou-baroan-architecte-et-creatrice-de-la-marque-pour-enfants-sunwax/
Quels sont les objectifs que vous cherchez à atteindre grâce à l’octroi de ces bourses ?
- L’autonomisation des jeunes femmes par l’éducation ;
- Le développement et le renforcement de leurs leaderships dans leurs secteurs d’activités occupés majoritairement par des hommes ;
- L’accès aux postes à responsabilités et au pouvoir ;
- Le combat contre le plafond de verre
Lire aussi : https://projecteurmagazine.cm/10-conseils-pour-une-recherche-demploi-efficace/
Un dernier mot ?
Croire en ses rêves tout en visant la lune et en aidant à l’élévation de ceux et celles qui ont le plus besoin