Depuis Mai 2O21, il occupe officiellement le poste de Directeur Général de la filiale congolaise du Groupe COFINA. Guidé par l’humain et la soif d’apprendre, Davy-Pacôme Nzekwa fait partie de cette jeune génération de Managers qui porte haut l’étendard d’excellence qui caractérise les formations universitaires dispensées dans les grandes écoles camerounaises.
Coup de projecteur sur ce dirigeant qui s’emploie au quotidien à écrire les plus belles pages de Cofina Congo, une Institution d’épargne et de crédit dédiée aux PME et aux Particuliers.
Bonjour Monsieur Davy-Pacôme. Comment se porte COFINA Congo ?
Merci pour l’honneur et l’opportunité que vous me donnez, en mettant en vitrine une des filiales Groupe COFINA, à savoir la filiale du Congo Brazzaville.
COFINA Congo a démarré ses activités en 2017 et se remet progressivement de quelques difficultés liées à:
- La crise pétrolière des années 2014-2015, qui a lourdement affecté l’économie congolaise, vu que l’or noir porte le PIB du pays à hauteur d’au moins 65% ;
- La crise mondiale sanitaire (COVID 19) qui a touché de plein fouet la cible que nous finançons, à savoir les PMEs et les Commerçants.
Mais grâce à des atouts tels que la résilience et la capacité à se réinventer, la filiale a réussi à remonter la pente et actuellement nous sommes dans la 2e année d’implémentation d’un plan de restructuration visant à ramener la pleine croissance.
Nous démarrons donc cette année 2022 avec beaucoup d’optimisme, et surtout avec la claire ambition de consolider nos acquis et de continuer d’accompagner les acteurs économiques que sont les PMEs et les Commerçants.
Pouvez-vous nous présenter les différents produits et services qui font la particularité de COFINA dans l’écosystème congolais des affaires ?
Les deux produits phares que nous proposons à notre cible (PMEs et Commerçants), sont :
- Le Besoin en Fonds de roulement, pour leur permettre de renouveler et même augmenter leurs stocks afin d’accroitre leurs revenus ;
- Les « Crédits causés » à savoir les avances sur bons de commande ou avances sur factures, pour apporter la trésorerie nécessaire aux PMEs, afin qu’elles puissent honorer leurs engagements auprès de multinationales dont elles sont fournisseurs.
Que doit-on savoir sur vous et sur votre parcours (académique et professionnel) ?
En quelques mots, je dirai que je suis un camerounais ayant suivi tout son parcours académique au Cameroun.
Diplômé de l’Institut Catholique de Yaoundé où j’ai obtenu une Maîtrise en Gestion des Ressources Humaines et Relations Publiques, j’ai eu le privilège d’intégrer dès le lendemain de ma soutenance en 2003, le Crédit Lyonnais Cameroun en qualité d’Assistant Ressources Humaines.
En 2005 j’ai voulu découvrir un univers plus compétitif, celui des organisations anglo-saxonnes. C’est ainsi que j’ai intégré Diageo/Guinness Cameroun, que j’ai quitté en 2008, puis rejoint en 2013 après avoir participé à la mise en place d’un Département Ressources Humaines dans une entreprise minière (Geovic Cameroun).
Au moment d’intégrer le Groupe COFINA en 2018, j’étais en charge de la gestion du Talent et de l’effectivité organisationnelle pour les pays dits émergents chez Diageo/Guinness (Cameroun, Ghana, Ethiopie, Océan indien).
COFINA et vous, à quel moment est-ce que l’aventure a commencé et quelles en sont les raisons ?
Ma rencontre avec COFINA s’est faite par l’entremise d’un ami très proche, qui savait que je commençais à m’ennuyer chez Diageo/Guinness. Il a parlé de moi à l’équipe dirigeante de COFINA, qui était à la recherche d’un DRH Groupe capable de mener à bien la transformation organisationnelle devant répondre à leur plan stratégique du moment.
Autant la vision du Groupe « Être le modèle panafricain de la finance inclusive », le parcours de son équipe dirigeante, et l’énorme challenge que constituait la feuille de route du nouveau DRH Groupe, ont réussi à me convaincre que je devais prendre ce risque, malgré les appréhensions de quelques proches qui me déconseillaient de signer ce contrat.
J’avais 40 ans, et j’avais besoin d’un nouveau challenge pour sortir de ma zone de confort. Mais surtout, j’avais en face de moi une organisation cadrant avec mon ADN de panafricain. Je retrouvais un certain dynamisme, de l’ambition, et je voyais en ce projet l’opportunité de contribuer à quelque chose de grand, accompagner les promoteurs africains à développer leurs entreprises.
C’est ainsi qu’en septembre 2018 ma famille et moi sommes allés nous installer à Abidjan, ville que nous découvrions pour la première fois. Nous avons donc sauté dans le vide, et une nouvelle page de ma vie a débuté.
L’annonce de votre nomination à la tête de COFINA Congo a surpris beaucoup de personnes puisque dans l’univers de la finance, vous êtes l’un des rares professionnels à être parti de la Direction des Ressources Humaines pour la Direction Générale. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Quelles leçons en avez-vous tiré ?
Depuis mes années universitaires, Feu Jack Welch a toujours été un de mes modèles, il fut PDG de General Electric, entreprise dont il a multiplié la valeur de près de 400% durant son mandat. Il estimait que les entreprises pérennes étaient celles qui mettaient le capital humain au cœur de leurs stratégies.
J’ai retrouvé cette façon de penser à COFINA, donc lorsque l’opportunité du Congo s’est présentée, je savais que j’avais des gaps, mais je me suis focalisé sur mes atouts pour embrasser ce défi ultime.
Cette transition professionnelle a été certainement le plus gros risque pris en 20 ans de carrière, mais également la période la plus enrichissante car j’ai appris énormément, sur moi en premier. Ma curiosité a été un atout, et je me suis totalement transformé.
La leçon que je retiens de cette aventure qui est loin d’être terminée, c’est que tant qu’on a un plan clair, une bonne équipe qui y adhère, une méthodologie de travail alliant rigueur et exemplarité, une soif d’apprendre en toute humilité, et surtout une éthique, on réussit TOUT !
Le terme financier à la mode chez COFINA actuellement, c’est celui de Mésofinance. Avez-vous le sentiment que la microfinance a atteint ses limites en termes de développement de l’entrepreneuriat et de création d’emplois ?
La Mésofinance est en réalité le chaînon manquant entre la banque et la microfinance, permettant d’accompagner les acteurs de l’économie réelle, que les banques hésitent à financer car pas assez structurés à leur goût, et que la microfinance peine à accompagner à cause de leurs besoins trop importants.
Chez COFINA nous apportons des solutions à cette couche importante qui va produire forcement les multinationales africaines de demain. En effet, les PME représentent plus de 80% de nos économies africaines, mais ne sont pas assez accompagnées par le secteur financier.
De ce fait, il est clair que l’ère de la Mesofinance ne fait que commencer, tellement son rôle est, et sera capital pour l’essor du continent africain, tout comme cela l’a été en Asie du Sud Est par exemple.
L’Afrique Subsaharienne est caractérisée par une faible inclusion financière et un faible taux de bancarisation. Concrètement, qu’avez-vous mis en place au sein de votre entreprise pour impacter la majorité de la population congolaise exclue du système financier classique ?
Déjà nous nous positionnons sur un segment précis, les PMEs, les entrepreneurs et les Commerçants
A ces clients spécifiques nous apportons des réponses toutes aussi spécifiques, répondant à leurs besoins. Par exemple nous n’avons pas la capacité d’analyser nos dossiers sur la base d’états financiers certifiés comme c’est le cas pour des entreprises bien structurées. Nous allons sur le terrain comprendre l’activité et nous recoupons des informations disponibles pour parvenir à identifier la capacité réelle du client, et son cycle d’activités. Cela permet de le financer à hauteur de son besoin réel, pour éviter de l’asphyxier.
Ensuite, nos offres s’adaptent à la réalité de cette cible, qu’il s’agisse des garanties prises (plus flexibles), du mode de collecte des échéances (collecte digitalisée et personnalisée).
Cela rend le crédit plus accessible, sans compter le fait que nous aidons nos clients à mieux structurer leurs entités, sur les plans juridique et comptable par exemple.
Quel regard portez-vous sur l’économie africaine et comment remédier aux différents problèmes de financements observés ?
Je pense que l’Afrique aujourd’hui est constituée de plusieurs blocs dont les économies ne sont pas toujours comparables.
En ce qui concerne notre zone francophone, la première étape selon moi pour permettre aux promoteurs de se faire financer, c’est de se structurer. On prête plus facilement à une entité dont on peut comprendre le modèle économique, le cycle d’activités, et les revenus avérés.
Nos promoteurs devraient comprendre qu’ils peuvent être de brillants ingénieurs par exemple, mais à partir du moment où ils deviennent des patrons d’entreprise, la technique cède la place à la gestion, qui requiert des qualités additionnelles et des sacrifices importants.
Le secteur financier a besoin d’être rassuré, pour apporter sa contribution au developpement des entreprises. Mais on ne pourra jamais se substituer à l’Etat ou aux différents fonds d’investissement qui ont plus de poids en matière de financement. C’est ensemble, chacun jouant son rôle dans l’écosystème que les progrès significatifs pourront impacter les entreprises et créer un climat encore plus propice au développement des affaires.
En entreprise, le capital humain apparaît aujourd’hui comme un élément central. Pouvez-vous nous renseigner sur le climat relationnel avec vos collaborateurs ? Aussi, comment faites-vous pour réunir tout le monde autour d’un objectif commun ?
A mon arrivée à la tête de la filiale, il y a eu (et c’est normal) des tensions, car pour former une équipe performante, on passe par une phase d’alignement, en mettant des normes et règles de fonctionnement, qui ne sont pas acceptées par tous au même moment.
Alors il faut investir sur la communication et la transparence, et le maître-mot est l’exemplarité. Vos équipes ont plus de facilité à copier ce que vous faîtes et non pas juste ce que vous dîtes.
Puis il faut veiller à expliquer non seulement la vision à long terme, la destination à moyen terme, mais aussi les actions à court terme en précisant à chacun quel intérêt il/elle aura à rejoindre l’aventure et à s’investir. On se donne à fond quand on a de la visibilité sur le projet et ses possibles retombées.
Toutes les semaines, vous prenez du temps pour rédiger des messages de motivation à l’endroit des jeunes et des personnes qui vous suivent sur les réseaux sociaux. D’où vous vient cette passion de l’écriture et pourquoi avez-vous choisi de voler quelques heures à vos nombreuses occupations pour « coacher » les autres ?
J’aime l’écriture car non seulement ça me permet d’exprimer et structurer mes pensées, mais en plus je me sens utile en partageant ce que j’ai lu, entendu ou vécu, et qui peut créer de l’impact pour les autres. Je rends ainsi à la société ce qu’elle m’a donnée gratuitement, car j’ai bénéficié de beaucoup de conseils de la part de personnes que je ne connaissais même pas
Donc c’est naturellement que je « vole » quelques heures de mon agenda, pour fabriquer une corde pouvant servir à d’autres. Je considère que l’univers est ainsi constitué, quand on utilise une corde pour monter, on a le devoir d’en fabriquer une autre pour tous ceux qui nous suivent.
Le conseil d’administration du groupe COFINA doit-il craindre votre reconversion plus tard dans le Coaching en développement personnel ?
Pas du tout, je pense que mes activités professionnelles et l’accompagnement doivent se faire en parallèle. Lorsque vous échangez avec les autres, au départ c’est pour les aider, mais en réalité ils vous aident, déjà à relativiser en ceci qu’il n’ya jamais une seule vérité, ensuite ça vous permet d’apprendre d’eux, ce qui enrichit votre quotidien.
Sur le plan personnel, quelle est votre ambition la plus chère et la plus inavouée ?
La cause principale pour laquelle je fais autant de sacrifices, c’est de parvenir à apporter à mes 5 enfants, une éducation qui leur permette d’être autonomes, curieux et innovants tout le long de leur vie. Chacun d’eux a sa spécificité, mais le lien commun que je retrouve chez tous, c’est la liberté d’esprit, que je veillerai à renforcer car la plus grande prison est la prison intellectuelle.
Pour finir, quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur qui souhaite demain, devenir un TIGRE de l’économie africaine ?
Déjà de bien se préparer, car tout part d’un rêve qu’on a la capacité de traduire en plan, c’est-à-dire une série d’activités avec des dates de réalisation. On ne s’improvise pas entrepreneur, et si le projet qu’on a, ne vient pas répondre à un besoin réel de la société, il est voué à l’échec .
Bien entendu, les réussites que l’on voit ne disent pas tout sur les nombreux sacrifices qu’elles ont imposé. Il faut suffisamment se connaître pour savoir jusqu’où on peut aller en termes d’investissement personnel, car réussir commence par faire des choix, et choisir c’est renoncer puis assumer.