Grande interview avec Gervais Keedi, expert reconnu dans la vente, la distribution et la gestion de la valeur client

Il décrit son parcours comme celui d’un professionnel qui sait transformer les entreprises en difficultés. Et les chiffres parlent pour lui. Gervais Keedi est la preuve qu’avec le travail, la détermination et de l’audace, on peut facilement passer de « vendeur à pied » à « vendeur d’élite » puis à "dirigeant d'entreprise".

Chez MTN Cameroon, son efficacité inspire. + 29% de croissance annuelle du Chiffre d’affaires lorsqu’il était sous-directeur commercial en charge du Grand Nord. +32 % de croissance Annuelle lorsqu’il rejoint Mobile Money Corporation en qualité de Directeur Commercial, faisant de la marque, le leader dans la Fintech aussi bien en nombre d’abonnés, nombre de points de vente et de points marchands. Les résultats obtenus en 4 ans par l’ancien étudiant de l’Université de Ngaoundéré forcent le respect. Ses équipes commerciales témoignent de lui qu’il est un fin stratège astucieux.

Gervais Keedi est avant tout passionné par l’univers Fintech et maitrise parfaitement ses composantes. Du marketing à l’audit, la distribution, l’expérience client, le développement informatique, la logistique et bien-sûr la vente entreprise et mass market. Nous l’avons rencontré !

Dans cet entretien, il partage sa vision de l’avenir de la fintech en Afrique, en mettant en lumière les tendances émergentes et les opportunités de croissance qui se profilent à l’horizon.

Bonjour Monsieur Keedi. Que doit-on savoir sur vous et sur votre parcours ?

J’ai débuté ma carrière comme vendeur à pied dans les structures communément appelées DS MAX où à longueur de journée, je devais vendre les ustensiles de cuisine dans un sac à dos avec une cravate bien nouée.

Après d’autres petits boulots de vendeur, je rejoins le tout premier Fournisseur d’Accès Internet au Cameroun (ICCNET) où je termine comme responsable commercial en charge de commercialiser les solutions Internet, logicielles et réseaux informatiques.

En 2006, je suis débauché par MTN Cameroun pour l’aider à pénétrer le secteur de l’Internet à haut débit et principalement, au département entreprise comme responsable commercial en charge des PMEs. J’ai par la suite été transféré au département de la distribution pour apporter mon expertise dans le lancement commercial de la 3G puis de la 4G

Après cette étape, je suis envoyé comme Sous-Directeur Commercial en charge du Grand Nord pour développer ce marché autrefois saturé par la concurrence. Après y avoir fait une performance exceptionnelle, soit 29% de croissance annuelle du Chiffre d’affaires, j’ai été sollicité depuis 2019 pour développer le Mobile Money en tant que Directeur Marketing et Commercial.

Je décrirai mon parcours comme un entrepreneur qui pense et bâtit un projet mais surtout comme quelqu’un qui sait transformer les entreprises en difficultés.

Je suis par ailleurs titulaire d’un MBA en Management de l’ESSEC de Douala et termine dans quelques jours un MBA en Finance de la même école. Je suis aussi également Doctorant à Texila American University.

A mon actif, la bonne pénétration du portefeuille Business, l’accélération de la pénétration smartphone. Il vous souvient certainement l’époque récente où MTN faisait une forte promotion sur les téléphones avec les modèles phares comme S320 et L360, modèles vendus à plus de 1 million d’exemplaires sur moins de 3 mois

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets ou de réalisations marquants que vous avez accomplis dans les secteurs des télécommunications et de la fintech ?

Le dernier fait marquant est d’avoir pu faire passer Mobile Money Corporation d’une part de marché de 38% en 2019 à 56% en 4 ans faisant de notre marque, le leader dans la Fintech aussi bien en nombre d’abonnés, nombre de points de vente et de points marchands. Tout le monde peut voir comment la marque a évolué d’années en années pour renverser son concurrent. Et ce n’est pas fini !

A mon actif, la bonne pénétration du portefeuille Business, l’accélération de la pénétration smartphone. Il vous souvient certainement l’époque récente où MTN faisait une forte promotion sur les téléphones avec les modèles phares comme S320 et L360 modèles vendus à plus de 1 million d’exemplaires sur moins de 3 mois.

La pénétration 3G et 4G est aussi à mon actif du fait d’avoir piloté son déploiement commercial. Je peux aussi citer entre autres quelques projets dont j’ai eu le privilège de mener notamment la conception de quelques produits révolutionnaires comme « MyOffice » dont plusieurs consommateurs ont joui des bénéfices.

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Quelles compétences ou qualités pensez-vous avoir développées qui vous ont aidé à réussir dans votre carrière ?

Voici quelques qualités dont mes collaborateurs, mes pairs et mes supérieurs hiérarchiques m’ont toujours donné comme feedback :

  • Charismatique, force de conviction, passion, rigueur et sens de l’anticipation.
  • L’écoute, la pédagogie, la curiosité
  • Visionnaire et orienté résultats
  • Stratège et entrepreneur
  • Très analytique
  • Leader inspirant/Mentor
  • Astucieux avec un sens poussé de l’innovation
  • Positif et toujours optimiste
  • Aisance relationnelle

En termes de compétences, j’ai pu développer durant ces 20 dernières années mon leadership qui me place aujourd’hui comme un leader inspirant, un mentor. J’ai une maîtrise complète de toutes les composantes de l’entreprise (Finances, Marketing, Vente & distribution, produits et services, relation/expérience client, informatique/Technique, logistique, RH, risques & audit, …).

Je suis reconnu comme expert dans la vente en général, la distribution, la transformation commerciale, la gestion des équipes, la gestion de la valeur client, le Business intelligence, le Business planning et la gestion des projets

L’évolution rapide de l’environnement politique et réglementaire engendre de nouveaux défis pour les Fintech et elles doivent faire davantage comprendre leurs activités afin de faire sauter certains verrous qui limitent leur expansion

D’après-vous, quels sont les principaux défis auxquels les Fintech africaines doivent faire face à l’heure actuelle ?

Les Fintech font face à plusieurs défis :

  • La Cybersécurité et la fraude
  • Les enjeux de KYC et lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
  • La mise en conformité à l’ensemble des textes en vue de la protection de leur agrément
  • La protection des données à caractère personnel
  • Les défis fiscaux avec l’introduction des taxes qui peuvent rendent les services moins abordables pour les consommateurs et peu rentables. C’est le cas par exemple de la TTA au Cameroun qui, à mon sens, est mal appliquée et limitant ainsi les opérateurs dans leur élan d’innovation mais aussi l’état dans l’augmentation de son assiette fiscale.

L’évolution rapide de l’environnement politique et réglementaire engendre de nouveaux défis pour les Fintech et elles doivent faire davantage comprendre leurs activités afin de faire sauter certains verrous qui limitent leur expansion : limite des transactions, niveau de plafonnement du compte de cantonnement, ouverture des services de d’épargne et de crédit plus large, transferts d’argent international.

Un autre défi majeur est la faible culture financière des populations et des entreprises qu’il faut éduquer afin de bâtir un écosystème large dans lequel on utilisera moins de cash.

Quels sont les pays africains qui se démarquent en termes de développement de l’écosystème fintech et pourquoi ?

Le plus bel exemple pour moi est le Rwanda qui a pratiquement éliminé le cash dans la majorité des activités économiques (transport, biens de consommation, services administratifs, …). Ceci s’est fait d’une part grâce à l’intervention de l’Etat qui a impulsé la vision à travers la digitalisation de ses propres services au public et l’accompagnement de la population durant la période COVID.

Et d’autre part, à travers la banque centrale qui a pris un ensemble de mesures visant à démocratiser l’utilisation du Mobile Money. Mais les statistiques montrent que les pays comme le Ghana, le Kenya et l’Ouganda sont les pays qui de manière historique, ont tracé le chemin.

Quels sont les domaines spécifiques de la fintech qui connaissent une croissance rapide en Afrique et quels sont les facteurs qui contribuent à cette croissance ?

D’après les statistiques du GSMA (cf. Le point sur le secteur : Les services de mobile money dans le monde Rapport 2022), on pourrait positionner les paiements, les transferts internationaux (remittance), les paiements de facture, les paiements de masse et les dépôts.

Ceci est principalement dû à l’éducation que font les Fintech à toutes les couches de la population et l’intérêt que porte désormais les entreprises pour intégrer le mobile money comme tout autre moyen de paiement au même titre que le cash.

Plus qu’une commodité, le service est devenu comme une nécessité du fait de sa facilité d’utilisation et le gain en temps et en transport. De plus, la diaspora africaine a désormais un moyen convivial et simple d’envoyer de l’argent aux proches.

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Fort de votre expérience dans le domaine, avez-vous l’ambition de prendre les rênes d’une Fintech demain ?

Rires. Tout dépendra des conditions de collaboration. Je pense avoir suffisamment engrangé l’expérience dans le métier du fait de ma carrière.

Un dernier mot ?

Je vous remercie de l’opportunité que m’offre cette tribune et je vous encourage à aller de l’avant dans cette initiative qui vise à mettre en avant les talents.

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