Réunis à Abidjan pour leurs Assemblées annuelles, les 81 actionnaires du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) ont élu ce 29 mai 2025 leur nouveau président : le Mauritanien Sidi Ould Tah, qui succède à Akinwumi Adesina après dix années à la tête de l’institution.
Le scrutin s’est joué en trois tours. Le nouveau président l’emporte avec 76,18 % des suffrages, loin devant ses concurrents directs, le Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %). Un vote clair dans un contexte de fortes attentes politiques et financières sur le continent.
Ancien directeur de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), Sidi Ould Tah arrive avec un profil technique et un programme centré sur trois axes : proximité avec les États membres, réactivité opérationnelle, et renforcement de la souveraineté africaine.
Son discours de prise de fonction confirme cette ligne : recentrer la Banque sur l’essentiel — infrastructures, industrialisation, transformation agricole, autonomisation des femmes et des jeunes — tout en accélérant les décaissements et en adaptant les outils financiers aux réalités locales.
Ce changement de gouvernance intervient alors que la BAD déploie sa stratégie 2024–2033, censée amorcer un virage vers une transformation structurelle des économies africaines. Un chantier de taille dans un contexte marqué par les tensions budgétaires, les besoins massifs de financement (notamment en infrastructures), et les limites du modèle actuel de l’aide au développement.
Avec un portefeuille de 318 milliards de dollars, la BAD reste un acteur central de l’architecture financière africaine. Le défi de ce nouveau mandat sera de traduire en actes les ambitions de proximité et d’efficacité affichées, tout en consolidant la position stratégique de la Banque dans le jeu des partenariats Sud-Sud.