Si elle avait suivi son premier rêve, elle aurait été hôtesse de l’air. Mais c’est finalement la logistique qui lui a ouvert les portes. Quand Yolène Ngounou dépose une demande de stage en 2005, elle ne sait pas encore qu’elle vient de mettre un pied dans un secteur qui façonnera toute sa carrière. Dix-sept ans plus tard, elle est chef de ligne chez SOCOPAO Cameroun, en charge des armateurs COSCO SHIPPING LINES et UNIVERSAL AFRICA LINES. De l’opératrice de saisie à la gestion des opérations maritimes, son parcours est celui d’une ascension patiente et maîtrisée, au sein d’un univers exigeant.
Entre défis quotidiens et mutations du secteur, elle revient sur son parcours, ses convictions et sa vision d’un métier en perpétuelle transformation.
Bonjour Yolène. Que doit-on savoir sur vous et sur votre parcours ?
Je m’appelle Yolène Ngounou. J’ai complété mes études secondaires au mali où j’ai obtenu un Baccalauréat en SCIENCES HUMAINES. Après mon retour au Cameroun, j’ai opté pour un cycle BTS et je me suis inscrite à l’ISMA (Institut Supérieur de Management de Douala), où j’ai terminé mon parcours en obtenant un Brevet de Technicien Supérieur en commerce international.
En ce qui concerne mon parcours professionnel, J’ai eu l’opportunité de travailler dans le même groupe pendant 17 années et dans différents domaines et d’occuper des postes variés, me permettant d’acquérir une expérience diversifiée et de développer des compétences transversales.
J’ai été de façon graduelle, Opératrice de saisie, assistante commerciale, commerciale et enfin Chef De Ligne au sein du groupe BOLLORE AFRICA LOGISTICS / SOCOPAO, un groupe que j’ai intégré après mes études supérieures en 2006.
Depuis 07 ans, je suis chef de ligne chez SOCOPAO CAMEROUN en charge des armateurs COSCO SHIPPING LINES ET UNIVERSAL AFRICA LINES.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans le secteur de la logistique ? Une vocation, un défi, ou simplement une opportunité que vous avez su saisir ?
C’est par opportunité que je me suis retrouvée dans ce domaine et j’y suis restée par passion. En fait, j’avais soumis une demande de stage dans les années 2005-2006 à la SAGA qui était une filiale du groupe Bolloré. J’ai été acceptée à la SAGA, et après mon stage académique ainsi que le concours de mes encadreurs professionnels, j’ai été rappelé et tour à tour j’y ai fait un stage professionnel, pré-emploi et après j’ai un obtenu un CDD et j’ai terminé avec un CDI en 2007.
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L’IA est une opportunité… mais la machine ne remplacera jamais l’homme
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Performer dans la logistique, c’est une question de talent ou d’endurance ? Quelles sont, selon vous, les compétences et qualités indispensables pour réussir dans ce secteur au Cameroun ?
La logistique en générale et le shipping qui est le domaine dans lequel j’évolue en particulier. C’est un domaine difficile qui nécessite à la fois une ténacité mentale et physique. La logistique dans sa globalité est fréquemment confrontée à des circonstances difficiles, à des délais serrés et à des obstacles inattendus.
Il faut donc avoir la capacité de supporter les défis, de travailler pendant de longues périodes et de maintenir un niveau élevé de performance même étant sous pression. Comme erreurs à ne pas commettre, je parlerais du plus important pour moi qui est la procrastination. La procrastination représente un obstacle pour la productivité, surtout dans les opérations logistiques où il est crucial de respecter rigoureusement les délais. Il y’a d’ailleurs une phrase qui illustre bien cela que j’ai retenue. Elle est de Benjamin Franklin : “In logistics, time is money, and efficiency is wealth.”

Le secteur de la logistique est en pleine mutation avec l’IA, l’automatisation et les nouvelles technologies. Pour vous, c’est une opportunité ou une menace pour les professionnels du secteur ? Votre métier est-il en danger ?
Il est vrai que L’IA transforme déjà profondément le secteur du transport et de la logistique, et d’ici 2030 d’après certains experts, cela affectera significativement certains emplois et pour répondre à la question, cela représente pour moi à la fois une opportunité et en même temps une menace pour les professionnels du secteur. Je parle d’Opportunité parce que il y’a innovation, amélioration des process et optimisation dans la chaîne logistique.
En revanche, je parle de menace en pensant aux risques tels que les pannes et les cyberattaques mais en plus sur l’expérience client. C’est l’homme qui a crée la machine et la machine ne remplacera jamais l’homme. Ceci me fait penser à cette citation de Elbert green qui disait ceci : « une machine peut faire le travail de cinquante hommes ordinaires. Aucune machine ne peut remplacer le travail d’un homme extraordinaire ».
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La logistique c’est tout un art
Aujourd’hui, quelles sont vos ambitions ?
Je suis à la base assez polyvalente mais objectivement, mon souhait est d’explorer d’autres pans de la logistique. J’ai déjà une bonne expérience dans le Shipping, dans la gestion et la représentation commerciale et aussi dans les opérations maritimes conteneurisés et non conteneurisés.
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Si vous deviez donner quelques conseils à une jeune femme qui souhaite se lancer dans la logistique, que lui diriez-vous ?
La logistique c’est tout un art. Il faut donc être appliquée, minutieuse, disciplinée et surtout s’armer de courage, de patience et pour finir, être résiliente parce c’est le cardio (pour reprendre une expression du jargon).
Pour finir, une question plus légère : si vous n’aviez pas travaillé dans la logistique, quel métier auriez-vous choisi, et pourquoi ?
Toute petite je rêvais de devenir hôtesse de l’air ou travailler dans la gestion hôtelière. J’aime le service, j’aime me dévouer à autrui, le service aux autres est ce qui me définit le mieux. Pour la petite histoire, quand j’ai dit à mon père après l’obtention de mon baccalauréat que je souhaitais faire hôtesse de l’air, il m’a demandé si c’était un métier et il a été d’une grande influence dans le choix de mon cursus universitaire et mon parcours professionnel. Je lui en suis finalement très reconnaissante car étant assis, il a vu ce que je ne voyais pas étant débout