Edith Brou Bleu, par son parcours d’entrepreneure et d’experte, continue de graver son nom dans le paysage technologique africain. Naviguant avec agilité entre colloques, foires, podcasts et tribunes, elle contribue non seulement à valoriser l’écosystème numérique en Afrique, mais elle réussit aussi à inspirer toute une génération d’innovateurs à saisir les possibilités infinies offertes par la révolution digitale sur le continent.
Dans cette interview, Edith partage son analyse de l’évolution “ spectaculaire “ des technologies numériques en Afrique au cours de la dernière décennie.
En tant qu’entrepreneur et activiste dans le domaine de la technologie et du numérique, comment évaluez-vous l’évolution de ces secteurs en Afrique au cours des 10 dernières années ?
Oh là là, 10 ans, c’est à la fois long et court ! Mais une chose est sûre, l’évolution est tout simplement bluffante. On a connu une véritable explosion du numérique sur le continent. Imaginez, en 2010, seulement 10% des Africains avaient accès à internet. Aujourd’hui, on dépasse les 37% selon le rapport “The Mobile Economy Sub-Saharan Africa 2023” de la GSMA. C’est énorme ! Et ce n’est pas juste l’accès, c’est aussi l’appropriation.
Les jeunes Africains ne sont pas de simples consommateurs, ils créent des applications, des plateformes, des solutions locales qui répondent aux besoins du continent. C’est une vraie révolution digitale, et c’est juste le début !
Quelles sont selon vous les principales tendances émergentes dans le domaine de la technologie et du numérique en Afrique actuellement ?
On voit émerger des solutions vraiment innovantes basées sur les technologies de pointe. L’intelligence artificielle, par exemple, commence à s’intégrer dans divers secteurs. En agriculture, elle aide à optimiser les rendements grâce à l’analyse des données et à la prédiction des conditions météorologiques.
Dans la santé, elle permet le diagnostic à distance et l’analyse d’images médicales, améliorant l’accès aux soins dans les zones reculées. L’éducation aussi bénéficie de l’IA, avec des plateformes d’apprentissage personnalisées qui s’adaptent au rythme de chaque élève.
Et puis, il y a le secteur des fintechs, une véritable révolution ! Au-delà du simple paiement mobile, on voit émerger des solutions complètes de gestion financière, de microcrédit, d’assurance et même d’investissement, le tout accessible depuis un simple smartphone.
Des plateformes comme Paystack facilitent les paiements en ligne pour les entreprises, tandis que des solutions de micro-prêt comme Branch et Djamo permettent aux personnes non bancarisées d’accéder à des financements et à des services bancaires de base.
C’est un véritable écosystème fintech qui est en train de naître, et qui a le potentiel de transformer l’inclusion financière et de stimuler la croissance économique à travers le continent. L’Afrique est un terrain d’expérimentation unique, on innove avec frugalité et créativité pour répondre aux besoins locaux, et c’est passionnant de voir ce qui se passe !
Quels défis et obstacles majeurs ont été rencontrés par les acteurs de l’ensemble de cet écosystème en Afrique ?
Bon, on ne va pas se voiler la face, il y a encore des défis majeurs. L’accès à l’électricité et à internet haut débit reste un frein dans certaines zones rurales. Le rapport de l’Union Internationale des Télécommunications montre qu’il y a encore un gap important à combler. Il faut aussi renforcer les infrastructures numériques et surtout, investir dans la formation.
On a besoin de plus de développeurs, de data scientists, d’ingénieurs pour accompagner cette croissance. Le financement des startups reste un défi, même si on voit des initiatives encourageantes comme le fonds AfricInvest qui se consacre aux jeunes entreprises tech.
Comment comparez-vous le niveau de développement technologique en Afrique par rapport à d’autres régions du monde, et quelles sont les opportunités uniques que cela offre ?
On a un retard à rattraper, c’est évident. Mais c’est aussi une chance ! On n’est pas prisonniers des systèmes legacy, on peut directement adopter les technologies les plus récentes et créer des modèles disruptifs.
L’Afrique est un laboratoire d’innovation à ciel ouvert, et ça, c’est une opportunité unique. On voit des géants du numérique comme Google et Meta investir massivement dans des centres de recherche et de développement sur le continent, preuve que le potentiel est là !
Pouvez-vous nous parler du rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans le contexte africain et comment son adoption pourrait contribuer à améliorer les conditions économiques sur le continent ?
L’IA, c’est un game changer pour l’Afrique ! Imaginez, des systèmes d’irrigation intelligents qui optimisent l’utilisation de l’eau, des diagnostics médicaux à distance pour les zones rurales, des plateformes éducatives personnalisées qui s’adaptent au niveau de chaque élève… L’IA peut aider à résoudre des problèmes concrets et à améliorer la vie de millions d’Africains.
Des études de l’Institut Global McKinsey estiment que l’IA pourrait contribuer à hauteur de 4,4 trillions de dollars (2 863 344 milliards de FCFA) à l’économie mondiale annuellement d’ici 2030, avec un potentiel important de contributions en provenance de l’Afrique. C’est colossal !”
Quels secteurs prioritaires en Afrique bénéficient le plus des avancées technologiques et numériques, et quelles sont les opportunités de croissance dans ces domaines ?
Honnêtement, tous les secteurs sont importants ! Mais si je devais mettre l’accent sur certains, je dirais l’agriculture, la santé, l’éducation et la fintech. Ce sont des secteurs clés pour le développement du continent. Avec les technologies numériques, on peut révolutionner l’agriculture avec des systèmes d’irrigation intelligents et des drones, améliorer l’accès aux soins avec la télémédecine, personnaliser l’éducation avec des plateformes d’apprentissage en ligne, et favoriser l’inclusion financière avec le mobile money. Les opportunités sont immenses !
Comment voyez-vous l’avenir de la technologie et du numérique en Afrique dans les prochaines années, et quelles sont les tendances que vous anticipez ?
Je suis une éternelle optimiste ! Je vois une Afrique connectée, innovante et prospère. Les technologies numériques vont jouer un rôle central dans la transformation du continent. On va voir émerger des champions africains qui vont rayonner à l’international, comme Anka dans l’e-commerce ou Flutterwave dans la fintech. L’Afrique est l’endroit où il faut être, c’est le moment d’investir et de faire partie de cette aventure extraordinaire !
Quelles recommandations donneriez-vous aux entrepreneurs et aux gouvernements africains pour favoriser davantage l’innovation et l’adoption des technologies numériques dans la région ?
Aux entrepreneurs, je dirais : osez, soyez audacieux, et n’ayez pas peur de l’échec ! L’Afrique a besoin de votre créativité et de votre énergie. Aux gouvernements, je dirais : créez un environnement favorable à l’innovation, simplifiez les réglementations, investissez dans les infrastructures numériques et l’éducation, et surtout, soutenez les jeunes entrepreneurs.
On a besoin de politiques publiques qui encouragent l’investissement dans la tech et qui facilitent l’accès au financement. Et n’oublions pas, l’importance des partenariats public-privé pour créer un écosystème numérique solide et inclusif. Ensemble, on peut faire de l’Afrique un leader du numérique et un modèle de développement durable pour le monde entier !