En 2023, le Canada a accueilli 11 000 Camerounais, plaçant le Cameroun dans le top 10 des pays dont sont originaires les nouveaux immigrants. Pradelle YIMGA est avocate d’affaires et cofondatrice de l’Alliance spécialiste en mobilité internationale. Cette jeune entrepreneure d’origine camerounaise a bâti une carrière diversifiée qui fait d’elle aujourd’hui, l’une des 100 personnalités noires les plus influentes au Canada selon l’organisme CIBWE | Canada International Black Women Excellence. Depuis quelques années, elle s’attache à accompagner les talents africains dans leur intégration professionnelle sur le sol canadien. Quelles opportunités réservent vraiment le Canada à la diaspora africaine ? Comment cette communauté s’organise-t-elle pour réussir ?
Dans cet entretien, Pradelle YIMGA nous éclaire sur les défis rencontrés par les entrepreneurs et les travailleurs immigrants, les secteurs où la diaspora africaine excelle et son engagement personnel à promouvoir l’inclusion et la diversité.
Bonjour Pradelle. Qu’est-ce qui vous a motivée à explorer ces différentes facettes de votre carrière ?
Je crois profondément en l’importance de l’adaptabilité et de la diversification dans une carrière juridique. En tant qu’avocate d’affaires, j’ai rapidement constaté que de nombreux entrepreneurs et entreprises faisaient face à des défis juridiques complexes, que ce soit sur le plan local ou international. C’est cette diversité des besoins qui m’a motivée à créer PRDL Avocat Inc., pour offrir des solutions sur mesure à une clientèle d’affaires.
Avec Alliance, j’ai voulu répondre à une autre réalité croissante : la mobilité internationale. Les entreprises évoluent dans un environnement globalisé, et les questions liées à l’immigration d’affaires sont devenues incontournables. Explorer ces deux domaines me permet non seulement de répondre à une demande, mais aussi d’être proactive face aux évolutions du marché.
2. En 2023, le Canada a accueilli 11 000 Camerounais, plaçant le Cameroun dans le top 10 des pays dont sont originaires les nouveaux immigrants. Comment se comporte la diaspora camerounaise à l’étranger ?
La diaspora camerounaise au Canada se distingue par sa résilience, sa soif d’apprentissage et son esprit d’entrepreneuriat. Beaucoup de Camerounais que je rencontre arrivent ici avec une vision claire : celle de réussir dans un environnement compétitif tout en maintenant des liens solides avec leurs racines. L’une des grandes forces de cette communauté est sa capacité à s’organiser et à se soutenir mutuellement.
Il existe un réseau de solidarité très présent, notamment dans le partage d’informations, les opportunités professionnelles, et même dans la promotion de la culture camerounaise. Cet esprit de communauté est un atout indéniable, qui leur permet de s’intégrer plus rapidement et de prospérer dans divers secteurs.
3. Quels sont les secteurs d’activité au Canada où la diaspora africaine, en particulier les Camerounais, trouve des opportunités professionnelles intéressantes ?
La diaspora africaine, et en particulier les Camerounais, excelle dans plusieurs secteurs au Canada. On observe une forte présence dans les domaines des technologies de l’information, de la santé, et des sciences de l’ingénierie. Le secteur entrepreneurial est également en pleine expansion, avec de nombreux Camerounais qui créent des entreprises dans le commerce, l’import-export, et les services.
Je remarque également une montée en puissance dans les professions libérales, telles que le droit, la finance et la consultation, où leur polyvalence et leur capacité à naviguer entre différentes cultures leur donnent un avantage certain.
4. Vous venez d’être nominée parmi les 100 femmes noires à surveiller au Canada pour 2024 par l’organisme CIBWE | Canada International Black. Que représente pour vous cette reconnaissance ?
Cette reconnaissance est à la fois un honneur et une immense responsabilité. Elle représente une validation des efforts que j’ai déployés pour surmonter les obstacles et atteindre mes objectifs. Mais plus encore, c’est une plateforme pour encourager d’autres femmes noires et immigrantes à croire en leurs capacités et à ne jamais abandonner leurs aspirations, même dans les moments difficiles.
Mon rôle maintenant est d’être une voix pour celles et ceux qui n’ont peut-être pas encore trouvé leur chemin, et de continuer à prôner la diversité et l’inclusion dans les sphères professionnelles au Canada. Je souhaite également utiliser cette visibilité pour créer des opportunités de mentorat et d’accompagnement pour les jeunes femmes, particulièrement celles issues de la diaspora africaine.
5. Comment parvenez-vous à concilier vos engagements professionnels avec votre vie personnelle et associative, surtout dans un contexte où vos responsabilités semblent si variées et exigeantes ?
La clé pour moi réside dans la gestion efficace du temps et dans la délégation. J’ai appris à prioriser les tâches et à m’entourer d’associées et collaboratrices compétentes qui partagent ma vision. En tant qu’entrepreneure, je dois reconnaître que l’équilibre parfait n’existe pas toujours, mais j’ai mis en place des routines et des moments de pause pour m’assurer que ma vie personnelle ne soit pas sacrifiée.
De plus, mon engagement dans des associations me permet de rester connectée avec des causes qui me tiennent à cœur, tout en enrichissant ma perspective professionnelle. C’est cette synergie entre mes engagements professionnels et associatifs qui m’aide à rester ancrée et épanouie.
6. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes professionnels africains, en particulier ceux de la diaspora, qui aspirent à réussir dans un contexte aussi compétitif que celui du Canada ?
Je leur dirais avant tout de cultiver la résilience. Le chemin vers la réussite peut être semé d’embûches, surtout lorsqu’on évolue dans un environnement qui n’est pas forcément familier. Il est essentiel de se former constamment, d’être curieux et de saisir les opportunités d’apprentissage, même en dehors de son domaine de compétence.
Le réseautage est également un élément fondamental : il faut savoir s’entourer des bonnes personnes, que ce soit des mentors, des collègues ou des membres de la communauté.
Enfin, je leur conseillerais de ne jamais perdre de vue leurs racines. C’est cette connexion à nos origines qui nous donne une perspective unique et un avantage compétitif dans un monde globalisé.