Le 9 septembre 2024 a marqué une étape importante pour le Centre de l’Identité et de la Culture Africaines (CICA), qui célébrait ses six années d’existence. Fondé par Sandra Adjou, le CICA accompagne les jeunes dans la valorisation de l’identité et de la culture des personnes Afro-descendantes afin de bâtir des communautés fières, ambitieuses, inclusives et prospères.
En dépit de défis multiples, notamment la dépendance aux ressources bénévoles, l’organisme s’illustre à travers des projets innovants pour promouvoir la diversité culturelle. Entretien !
Bonjour Madame ADJOU. Le 09 septembre dernier, vous avez célébré le 6ème anniversaire du Centre de l’Identité et de la Culture Africaines. Quelle signification ce cap symbolise-t-il pour vous et pour l’organisation ?
Effectivement, le 9 septembre 2024, nous avons célébré 6 ans pour le Centre de l’Identité et de la Culture Africaines, que nous appelons communément le CICA. Ce cap constitue un bel accomplissement pour le CICA surtout quand on sait que les 5 premières années d’une entreprise sont capitales pour sa viabilité, à plus forte raison un organisme comme le nôtre dépendant principalement de ressources humaines bénévoles, travaillant auprès de la jeunesse et sur un sujet aussi particulier que celui de l’identité.
Alors après 6 ans d’existence, on peut dire que nous sommes une entité avec des fondements certains, notre mission est plus que jamais d’actualité et nous capitalisons sur les expériences passées pour avancer et poursuivre sur notre belle lancée pour impacter les futures générations.
Quel bilan dressez-vous du parcours accompli depuis la création de l’association ?
Le bilan du parcours que nous avons accompli depuis la création du CICA est très positif non seulement en termes d’impact mais aussi de leçons apprises. Notre impact est très réel et parfois il se mesure dans le temps et sur les transformations de vie et de comportements.
Nous avons renforcé par nos ateliers et activités, l’affirmation et l’estime de soi chez les jeunes de toutes cultures. Nous avons partagé des faits historiques, des traditions culturelles, de l’art et bien plus encore, pour participer à bâtir une communauté afro-descendante valorisée.
En tant qu’entreprise, nous avons assurément grandi positivement sur les plans structurel et organisationnel. J’ai personnellement beaucoup appris depuis le début de cette belle aventure et je suis confiante que nous avançons dans la bonne direction.
Qu’est-ce qui vous a motivé à fonder le Centre de l’Identité et de la Culture Africaines ? Vos objectifs initiaux ont-ils évolué avec le temps?
Plusieurs raisons m’ont motivée pour la fondation du CICA, notamment le désir de changer les perceptions négatives sur les Afro-descendants. Selon moi, il est indispensable de capitaliser sur la jeunesse par l’éducation sur ce sujet afin de montrer aux jeunes afro-descendants qu’ils ont une histoire valeureuse, une identité et une culture qui méritent d’être découvertes. Ils ont des ADN de héros et héroïnes.
Ma passion est née de la conviction que nous devons absolument changer la perception des nouvelles générations sur les personnes noires pour créer un changement futur dans le bon sens. C’est à cela que le CICA veut pallier par nos ateliers, activités, capsules, projets, etc. Éduquer, valoriser et donner de nouvelles perspectives sont nos mots d’ordre.
Le CICA offre donc des services visant à accompagner les jeunes dans la valorisation de l’identité et de la culture des personnes Afro-descendantes afin de bâtir des communautés fières, ambitieuses, inclusives et prospères. Nos objectifs initiaux tournent toujours autour de cette mission et sont plus actuels que jamais.
Pourriez-vous nous présenter les actions les plus marquantes menées par l’association au cours de ces six dernières années ?
Plusieurs actions ont été menées avec grand succès au cours de ces six dernières années.
Par nos ateliers réguliers et aussi nos projets spéciaux, je pourrai citer quelques accomplissements tangibles comme :
- La création de bandes dessinées sur l’histoire des afro-descendants : ‘’L’Afrique avant l’esclavage et la colonisation’’ et ‘’Nos Héros Afro-descendants’’ et la création d’ateliers sur ces outils didactiques.
- L’organisation d’un panel pour les parents d’enfants afro-descendants, de galas, d’ateliers spéciaux, publications de magazine sur la culture afro-descendante, etc.
- Création d’ateliers en santé mentale pour accompagner les jeunes afro-descendants face à ces défis.
- La création de capsules éducatives interactives sur divers sujets autour de la culture et l’identité afro-descendante.
- L’augmentation de la fierté identitaire chez les jeunes, etc.
Ceci dit, toutes ces actions ne sont valorisées que par les beaux témoignages des jeunes, des parents et des familles de même que la fidélité et l’assiduité de certaines familles depuis le début.
Quels sont les projets phares que vous souhaitez mettre en œuvre à court et à long terme ?
Nous avons une planification stratégique sur plusieurs années que nous revisitons afin de définir les projets phares à court, moyen et long terme pour le développement de notre organisme. Je pourrai citer par exemple à court terme, l’augmentation du nombre d’ateliers dans les écoles ; les divers projets de mentorat à l’entrepreneuriat et au leadership.
À moyen et long terme, ce serait d’avoir des cellules à travers le Canada et même à l’international mais également toucher de nouvelles tranches d’âge.
À l’heure de la mondialisation, la question de l’identité est-elle toujours d’actualité, selon vous ?
Chacun de nous reste une entité unique dans un grand ensemble. Notre globalité ne devrait pas nuire à notre identité. Et selon moi cette identité est justement une richesse. Si je devais faire un parallèle, je dirais que nous avons des ADN uniques et que notre diversité est ce qui rend le monde riche et beau.
La diversité des cultures constitue une plus-value. Nous n’avons pas non plus besoin d’effacer qui nous sommes pour avoir le droit d’exister ou de parole avec l’autre.
Nous avons certains jeunes dans notre organisme, lorsque nous faisons un atelier sur les arbres généalogiques par exemple, les familles se sont déplacées, ont mixé mais tout cela crée une richesse unique, chaque segment apporte quelque chose de valeureux.
Alors oui, absolument, selon moi, l’identité est toujours d’actualité. La multi-culturalité est une richesse que nous devons célébrer, il s’agit du pouvoir de la diversité culturelle.
Quels sont les combats les plus urgents à mener pour préserver et valoriser l’identité africaine face aux défis contemporains ?
Vous l’avez si bien dit, nous avons des défis de notre ère et ils ne sont pas des moindres. Les médias véhiculent des messages aussi bien positifs que négatifs. Au CICA, nous éduquons la jeunesse d’aujourd’hui pour bâtir l’avenir de demain !
Si je devais choisir une urgence dans notre combat, il s’agirait de celui de l’unité. Nous devons travailler ensemble et aussi dans les divers groupes sociétaux en parallèle pour valoriser l’identité africaine: jeunesse, femmes, hommes, etc.
Nous devons trouver des terrains d’entente pour bâtir. On doit voir cela à l’échelle mondiale, les afro-descendants sur le continent africain et ceux de la diaspora, les mentalités doivent changer et l’intérêt commun doit primer.
Quels partenariats souhaiteriez-vous développer pour mener à bien vos missions ?
Le CICA a toujours valorisé les partenariats car nous sommes conscients que pour accomplir une mission comme la nôtre, nous avons besoin de l’implication de tous notamment de divers agents communautaires clés. Toute personne ou entité / organisme qui épouse notre mission et nos valeurs sont de bons partenaires potentiels. Un adage africain dit que seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin, nous sommes dans l’optique de durabilité.
Nous aimerions davantage de partenariats avec :
- Des conseils scolaires pour avoir accès à plus de jeunes et afin que notre message soit véhiculé sous ce canal ;
- Des universités : la prochaine étape académique pour nos membres actuels mais aussi pour avoir des bénévoles, stagiaires et impacter les jeunes adultes ;
- Des bailleurs de fonds institutionnels de divers ministères et aussi des particuliers ou des entreprises qui peuvent financer nos projets et maximiser notre impact ;
- Des institutions politiques qui nous aideraient à faire du lobbying pour amplifier nos voix ;
- D’autres organismes dont la mission s’affilie ou complète la nôtre autour de la cellule familiale.
Quel héritage aimeriez-vous léguer grâce au travail de l’association ?
Le but de tout notre travail au CICA est de voir émerger une nouvelle génération de jeunes adultes afro-descendants conscients de la valeur de leur identité et de leur plus-value peu importe où ils sont dans le monde. Le legs ultime que nous visons est celui d’avoir justement cette prochaine génération d’adultes libérés du poids d’un lourd et douloureux passé identitaire, conscients que leur histoire n’est pas que négative bien au contraire.
Nous voulons voir ces futurs adultes briller dans tous les domaines des métiers, l’entrepreneuriat, l’économie, la politique, etc. et être des leaders qui impactent à leur tour leurs communautés.
In fine, nous voulons laisser comme héritage la capacité accrue de toutes les communautés à lutter efficacement contre le racisme et les discriminations ‘’anti-noir’’, sans oublier le rétablissement d’une meilleure connaissance de l’histoire et de la diversité de l’identité noire.
Un dernier mot pour conclure cet entretien ?
J’aimerais d’abord encore vous remercier pour cette entrevue et vous remercier pour tout le travail que vous faites avec votre média Projecteur Magazine. Je vous souhaite beaucoup de succès.
Comme le disait Feu Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde», je voudrais inviter tous les lecteurs à s’atteler à ce principe.
Pour la communauté noire particulièrement : continuons à nous entraider, à être soudés et à toujours viser l’excellence. Nous avons des pépites parmi nous, honorons-les, encourageons-les. Nous avons un continent d’origine fabuleux, construisons-le. Nos jeunes ont besoin de voir ce mouvement global, cette transition vers un avenir meilleur. Bâtissons !
J’invite également tous les adultes, parents, tuteurs à être intentionnels dans nos interactions avec les jeunes de notre entourage : semons de bonnes graines, soyons motivants, positifs, corrigeons les biais.
Enfin, je lance aussi un appel à toutes personnes qui voudraient embarquer dans notre belle aventure, visitez notre site internet www.cica-aicc.com et écrivez-nous à info@cica-aicc.com