Le manager doit-il vraiment tout connaître ?

Le rôle du manager a considérablement évolué au fil du temps. Aujourd’hui, que l’on considère le monde VICA (Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu) ou FANI (Fébrile, Anxiogène, Non-linéaire et Incompréhensible), la rapidité des changements et la complexité des informations dominent.

Dans un tel contexte, une question essentielle se pose : un manager doit-il vraiment tout connaître pour être efficace ? Est-il nécessaire d’avoir une maîtrise totale de chaque aspect de son entreprise, ou existe-t-il d’autres qualités qui priment dans la réussite managériale ? 

Le rôle du manager 

L’un des aspects clés du rôle du manager est la gestion des équipes. Ça va de soi ? L’expérience m’a montré que non ! Malheureusement, que ce soit pour l’organisation ou les concernés, le rôle de gestion d’équipe vient bien souvent en dernier, quand il n’est pas oublié dans les fiches de postes et dans les plans d’actions individuels.

On n’oublie que son rôle est de donner une vision, construire une stratégie, organiser, animer, soutenir, diriger, coordonner et développer les compétences de l’équipe vers l’atteinte d’objectifs communs. C’est ça son « faire » principal. Cela ne signifie donc pas connaître tous les détails techniques, mais plutôt comprendre comment mobiliser les talents individuels pour créer une synergie collective.

Comme le dit Philippe Gabilliet : Le manager est un professionnel de la performance des autres

Cette gestion quotidienne des équipes implique qu’un manager doit prendre des décisions stratégiques qui orienteront l’avenir de l’organisation. Ces décisions reposent souvent sur une vision globale plutôt que sur une expertise technique pointue.

Savoir quand et comment prendre des décisions, en s’appuyant sur des conseils avisés même avec des informations incomplètes, est crucial. Elle marche main dans la main avec une grande agilité et une capable de s’adapter rapidement face aux changements ou à la lueur de nouvelles données.

Cela nécessite une ouverture d’esprit et une capacité à apprendre en continu et à se remettre en question dans un contexte où le milieu professionnel est de plus en plus croissant.

La complexité croissante des organisations

Les organisations modernes requièrent une diversité de compétences qui dépasse largement ce qu’une seule personne peut maîtriser. De la gestion financière au marketing digital, en passant par les ressources humaines, le cœur de métier organisationnel et le cœur de métier de l’individu lui-même, il est impossible pour un manager de tout connaître. Cette diversité impose une approche plus collaborative.

La tendance actuelle va donc être à la spécialisation des rôles. Les employés sont souvent des experts dans un domaine spécifique (leur cœur de métier), et c’est précisément cette expertise qui est valorisée.

Si le middle manager est souvent justement choisi en fonction de son expertise dans un aspect particulier de son métier pour manager une équipe spécialisée dans ce métier, les top managers quant à eux, bien que reconnus pour leur expertise, sont surtout choisis (ou devraient surtout être choisis) sur la base de leur aptitude à orchestrer cette diversité de talents sans nécessairement être un expert dans chaque domaine.

Bien plus, si quand je naissais en 1987, une compétence technique avait une durée de vie de 30 ans, depuis 2021, cette durée est de 2 ans à peine selon l’OCDE. On imagine bien qu’un manager peut difficilement rester à la pointe de chaque évolution. Plutôt que de chercher à tout maîtriser, il est plus judicieux de s’entourer de spécialistes qui pourront apporter leur expertise dans les domaines spécifiques. Et voici pourquoi :

Les limites de la connaissance totale et l’importance de l’intelligence collective

Dans un monde où l’information surabonde, vouloir tout maîtriser peut rapidement mener à une surcharge cognitive, pouvant nuire à la capacité du manager à prendre des décisions éclairées. Bien plus, un manager qui veut avoir la main sur tout peut étouffer l’initiative et le développement de son équipe ; réduisant la créativité, la contribution et entrainant le désengagement des haut-profils.

Cela peut aussi résulter à de la délégation inversée où nos collaborateurs attendent de nous que nous fassions leur travail à leur place en plus du nôtre. Plutôt que de tenter de tout faire soi-même, il est plus efficace de confier certaines tâches à ceux qui possèdent les compétences nécessaires et d’accompagner les autres afin qu’ils les développent.

Déléguer permet de responsabiliser les membres de l’équipe, maximiser l’efficacité, améliorer la performance globale de l’équipe et libérer du temps pour le manager. 

Un manager n’a donc pas besoin de tout connaître, mais il doit savoir s’entourer des bonnes personnes. Collaborer avec des experts dans différents domaines permet de combler les lacunes et d’assurer une prise de décision plus éclairée.

Theodore Roosevelt le disait très bien : « le meilleur dirigeant est celui qui dispose d’assez de bon sens pour recruter les meilleurs pour accomplir ce qu’il souhaite voir accompli, et qui s’abstient de toute ingérence dans leur travail lorsqu’ils le font. »

Il va donc encourager la créativité et la prise d’initiatives au sein de l’équipe en créant un environnement de sécurité psychologique où l’autonomie et les idées sont valorisées et où chacun se sent libre d’apporter sa contribution unique. Cette approche non seulement allège la charge du manager, mais renforce également la confiance et l’engagement des employés.

Conclusion

En somme, le management ne consiste pas à faire et encore moins à tout faire, mais à faire faire. Et pour ce faire, le manager va faire preuve de leadership en évitant de se contenter de diriger, mais surtout de motiver, d’inspirer et de transformer.

Un manager doit avoir une vision claire et être capable de la communiquer efficacement à son équipe. C’est cette vision qui guidera l’énergie de l’équipe ainsi que l’ensemble des actions et décisions. Une communication claire, précise, cohérente et faite à temps renforce la cohésion et facilite la collaboration ainsi que la résolution des problèmes.

Et parce que c’est un rôle qui s’accompagne de stress et de pression, savoir les gérer est crucial pour maintenir une ambiance de travail positive et productive. Un manager doit non seulement savoir gérer son propre stress, mais aussi celui de son équipe pour naviguer efficacement l’incertitude.

Savoir déléguer, collaborer avec des experts, encourager l’intelligence collective et apprendre en continu sont des éléments clés pour naviguer dans la complexité des organisations actuelles. 

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