Charles-Ebenezer Epée : « Je ne me définis pas comme un ‘’avocat d’affaires’’, mais plutôt comme un avocat d’entrepreneurs »

Il a l’ambition de contribuer à l'intégration de l'Afrique à travers un cabinet panafricain associant des avocats qui exercent dans les 54 pays du continent

Avec Lexlau (cabinet fondé en 2018 et dont le siège se trouve à Bruxelles avec des représentations à Kinshasa, Lille et Montréal), Charles-Ebenezer Epée conseille les entreprises et les particuliers dans le secteur des FINTECH, de la robotique, de l’intelligence artificielle, des technologies numériques et disruptives.

Il est également spécialisé en contentieux civil complexes et dans la rédaction et la négociation de contrats, tant nationaux qu’internationaux. Nous l’avons rencontré.

Entretien avec cet avocat d’origine camerounaise qui développe une expertise particulière en Droit de l’OHADA et assiste les clients pour la sécurisation des investissements, la création d’entreprise, la stratégie d’optimisation fiscale internationale et le rapatriement de profit.

Bonjour Monsieur Charles EPEE. Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Après avoir obtenu mon diplôme de droit au sein de l’Université Catholique de Louvain (UCL), j’ai suivi une spécialisation en droit économique au sein de l’Université Libre de Bruxelles.

Mes expériences professionnelles, m’ont, tour à tour, conduit à exercer comme juriste au sein du Ministère de la justice, consultant en fiscalité internationale au sein de PWC Luxembourg, avocat au sein de différentes structures dont notamment le Cabinet Philippe & Partners, sous le Patronage de Me Denis PHILIPPE, que je considère à maints égards comme un mentor.

L’avocat, par essence prométhéen, est mû par un feu sacré qui le condamne à être enchainé au savoir, dont il ne peut se délier que par un apprentissage perpétuel, le savoir se voulant au demeurant sans cesse technique et évolutif.

Fort de cette conviction, je finalise actuellement un certificat professionnel en droit numérique, avec pour objectif, d’entamer, prochainement, n’en déplaise au destin, une thèse de doctorat sur la thématique de la robionique (néologisme désignant l’homme augmenté/réparé par des technologies dotées d’intelligence artificielle).

Pourquoi avez-vous choisi de devenir Avocat d’Affaires ? Un rêve d’enfance ?

Vous n’allez pas me croire si je vous dis que je n’ai pas choisi de devenir avocat. Ce n’était pas un rêve d’enfant non plus.

Je ne me définis par ailleurs pas comme un « avocat d’affaires », syntagme au demeurant pompeux, mais bien plus comme un avocat d’entrepreneurs, ceux qui portent le sacerdoce d’un projet, ce dernier pouvant revêtir autant de formes que celles que recèle une imagination infinie

Car, voyez-vous, devenir avocat d’entrepreneurs, c’est également vouloir porter un sacerdoce, c’est avant tout servir…, servir autant la cause de porteurs de projets comme celle des entreprises, …. Servir le droit pour tenter de le préserver de ses propres dérives et de ses détracteurs mal avisés ou mal intentionnés.

Sinon, s’il vous faut parler de rêve…. Je vous dirais que depuis que j’ai embrassé la profession d’avocat, détournant une phrase d’Emile Pollak, je rêve de vieillir en tant qu’avocat sans jamais frémir de la fatigue d’un effort.

Quels sont vos principaux domaines d’intervention ?

Je pourrais, comme aimait à répéter un ténor du barreau maintenant disparu, dire qu’il faut tout partager en trois tiers inégaux.

Mon domaine de prédilection est le droit des contrats et de la responsabilité civile, ce qui constitue le premier tiers de mon travail

Le deuxième tiers de mon travail porte sur le droit des entrepreneurs et des entreprises au sens large, pour lesquels je porte diverses missions au nombre desquelles : l’assistance à la détermination de la forme juridique adaptée à un projet déterminé, la limitation du risque juridique et patrimonial de l’entrepreneur, l’adaptation des statuts au projet du client, les litiges entre associés, les opérations sur les titres de l’entreprise, etc.

Dans une économie mondialisée et interconnectée, le dernier tiers de mon temps est consacré aux projets humains transfrontaliers (droit de l’immigration des sportifs, des entrepreneurs, des rentiers, des étudiants, …) et aux projets transnationaux impliquant un volet numérique (Intelligence artificielle, monnaie numérique ou cryptomonnaie, protection des données personnelles, métavers, santé numérique, etc.).

Pour chacun des tiers précités, j’interviens aussi bien en phase contentieuse que de conseil, en ce compris la planification et l’élaboration minutieuse d’une stratégie juridique.

Vous faites partie des étoiles montantes dans l’univers du droit des affaires. Où voyez-vous votre cabinet dans les cinq ou dix prochaines années ?

Je vais vous surprendre quand je vous aurais dit que je ne me vois pas du tout dans les pelotons à jouer des coudes pour être dans les premiers, comme ils disent.

Moi, je me vois surtout au milieu d’un réseau, d’une alliance, d’une famille même qui rassemble des avocats de nombreux pays dont les 54 pays d’Afrique

Je suis effectivement convaincu que notre métier évoluera, comme le monde, en blocs et groupes articulés autour d’une taille critique de compétences variées mises au service d’un client dont les activités seront dématérialisées et globales.

Et là, je l’avoue, c’est presqu’un rêve d’enfant (comme quoi…) que je fais pour l’Afrique, et le monde dans lequel l’Afrique aura pris sa place : au cœur de tout)

Quelles sont vos plus grandes réalisations avec le cabinet Lexlau ?

Décidément. Je n’aime ni les palmarès ni les célébrations mais le travail de tous les instants jusqu’à des heures que vous ne pouvez imaginer. Tout choix opérant renonciation…

Comment choisir entre une victoire ayant permis à un entrepreneur désargenté de recouvrer toute sa dignité et la clôture d’un dossier tentaculaire avec des enjeux financiers astronomiques ?

Une amitié naissante avec un client dont on devient autant le conseil que le confident et la gratitude infinie et les larmes d’un entrepreneur rejoint par son épouse dont la pugnacité administrative empêchait le regroupement ?

La satisfaction personnelle de conseiller des personnalités, des Etats, des multinationales et la joie sincère d’avoir pu éviter la saisie du domicile familial d’un justiciable ?

Aucune réalisation n’est à mon sens plus grande qu’une autre, chacune d’elle participe en réalité à bâtir l’édifice de nos vies professionnelles, celle de porter et servir des causes qui, si elles recèlent souvent autant de victoires que de défaites, sont les mémoires imparfaites de nos émotions et de nos apprentissages de chaque instant.

Y-a-t-il une activité qui vous détend particulièrement et vous permet de recharger les batteries ?

Aussi régulièrement qu’un agenda plutôt musclé le permet, je taquine les greens de golf. A quoi j’ajouterais volontiers la dégustation d’un bon vin…et d’un bon livre.

Quels sont les adjectifs qui vous qualifieraient le mieux ?

Deux adjectifs qui se contredisent merveilleusement : je suis pressé et patient comme tous ceux en qui brûle le feu incandescent de la passion. Mais, tenez-vous bien, ma passion est de celles qui implorent le Maître des Horloges d’ajouter quelques heures aux 24h d’une journée.

Pas pour vivre plus longtemps, c’est presque peu de chose. Mais pour faire davantage de choses encore. Servir plus…

Un dernier mot aux jeunes qui souhaitent suivre vos traces ?

Exactement ce que m’ont dit mes devanciers et que je vois faire tous les jours auprès de ceux qui font la vraie différence : le Travail, la Rigueur, la Discipline et la Persévérance par-dessus tout, sans oublier un zeste d’Audace.

Et même de folie, mais au sens hugolien du terme. De cette étrange folie qui fait voir un bel immeuble à un architecte, là où tout le monde ne voit qu’un vulgaire marécage…

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