Danielle Moukouri Djengue est l’associée gérante du cabinet D. Moukouri & Partners, considéré au Cameroun comme la référence en droit du numérique, protection des données personnelles, Fintech et Legaltech.
Avocate expérimentée, Danielle a suivi une formation professionnelle en intelligence artificielle, technologie financière et LegalTech au Japon, en droit de la robotique et intelligence artificielle pour les avocats à l’Université de Harvard – États-Unis et en révolution Fintech à l’Université de Pennsylvanie – Wharton Business School , États-Unis.
Elle conseille des clients locaux et étrangers dans le cadre des fusions et acquisitions, projets d’infrastructures et projets d’envergure en droit du numérique en Afrique centrale.
En 2021, cette ancienne étudiante de l’Université de Buea était la seule avocate spécialisée dans la Fintech dans le classement Who’s Who Legal pour l’Afrique centrale et l’unique femme dans le classement des meilleurs avocats d’affaires Chambers Global pour le Cameroun. Nous l’avons rencontrée !
Bonjour Me Danielle Moukouri. Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Bonjour à toute l’équipe de Projecteur Magazine. Si je devais décrire mon parcours en lui donnant un titre, je l’intitulerais : « En quête perpétuelle de perfectionnement ».
J’accède à la profession d’Avocat au Cameroun en 2008 après avoir été aspirante à ladite profession en 2006.
J’intègre le Barreau du Nigéria en 2012 et travaille sur mon projet de cabinet en même temps que j’exécute des missions de consultante pour des Institutions Internationales telles que le Groupe de la Banque mondiale et l’Organisation Internationale de la Francophonie.
En parallèle, j’accepte une mission d’enseignement à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin et forme annuellement des étudiants en droit des affaires de Niveau Master II.
Le cabinet D. MOUKOURI AND PARTNERS voit le jour en 2013 avec le programme de formation des professionnels du droit OHADA « Les Journées du Professionnel OHADA ». Ce programme a connu le parrainage et la supervision scientifique du Secrétariat Permanent de l’OHADA.
Pour l’édition organisée en République Démocratique du Congo, les cabinets ATLAS CONGO et DELOITTE RDC m’ont fait l’honneur d’en être les co-organisateurs.
Dans cet élan dynamique, mon équipe et moi avons continué d’investir de l’énergie dans le développement des activités du cabinet et la satisfaction de la clientèle.
Le cabinet est aujourd’hui classé parmi les meilleurs au Cameroun dans les plus prestigieux guides et classements de cabinets d’Avocats d’Affaires dans le monde tels que Chambers and Partners, The Legal500, IFLR1000, Lex4.com, Décideurs Magazine et Who’s Who Legal.
Par ailleurs, prenant part au premier congrès international sur l’Intelligence Artificielle dans l’exercice de la profession d’Avocat organisé par l’Association Internationale des Jeunes Avocats (AIJA) à Tokyo au Japon en 2018, j’ai découvert cette nouvelle branche du droit du numérique qui m’a fascinée.
Mes formations certifiantes en Propriété Intellectuelle à l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), en Computer Science, Robotics, and Artificial Intelligence for Lawyers (Informatique, Robotique et Intelligence Artificielle pour Avocats) à l’Université Harvard et en Fintech Revolution (Révolution Fintech) à la Wharton Business School de l’Université de Pennsylvanie, aux Etats-Unis sont également des atouts.
En 2021, j’étais l’unique femme dans le classement Chambers and Partners des meilleurs Avocats d’Affaires du Cameroun. Dans le classement Who’s Who Legal des 241 meilleurs Avocats au monde en Fintech et Blockchain publié la même année, j’étais la seule ressortissante du Cameroun et de l’Afrique centrale.
Ces nombreuses distinctions, bien que valorisantes, m’invitent à davantage de rigueur dans le travail.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir Avocate d’Affaires ? Un rêve d’enfance ?
J’entends pour la première fois l’expression « Avocate d’affaires » en classe de Terminale. Notre Professeure de Français, Madame Régine Epée (de regrettée mémoire), extrêmement exigeante, nous soumettait à un exercice d’argumentation et art oratoire tous les lundis.
L’exercice avait l’air si facile lors des passages de mes camarades de classe que je m’étais imaginée que mon tour ne serait qu’une simple formalité.
Malheureusement, j’ai eu la plus faible note. Notre enseignante en attendait visiblement plus de moi. Elle a jugé mon argumentaire trop faible et a demandé « Est-ce comme ça que vous vous seriez débrouillée en tant qu’Avocate d’Affaires ?».
Déçue par ma propre prestation, j’ai demandé à repasser l’épreuve. Par la suite, j’ai tellement évité de refaire les mêmes erreurs, que je crois que c’est après cet incident que j’ai commencé à nourrir l’idée de devenir une « Avocate d’Affaires ».
Quels sont vos principaux domaines d’intervention ?
Je conseille des clients locaux et étrangers en matière de fusions et acquisitions, financement des projets, investissements directs étrangers, partenariats public-privé et dans tous les aspects juridiques de la vie des sociétés.
Je suis également spécialisée en droit de la technologie financière (FinTech) et digitalisation des services financiers, avec un accent sur le conseil juridique, la conformité réglementaire, l’intelligence artificielle appliquée aux services financiers et la protection des données à caractère personnel.
A quoi ressemblaient vos débuts dans cet univers, autrefois dominé par les hommes ?
N’ayant pas à me préoccuper du plafond de verre, il ne fallait que travailler.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées sur votre parcours professionnel ? Comment avez-vous fait pour surmonter les différents obstacles ?
Je ne saurai énumérer les difficultés ici, car chaque affaire est une invitation à relever de multiples défis.
Il est alors important chaque fois, de bien définir la stratégie, de se fixer des objectifs clairs et réalisables et surtout de donner le meilleur de soi, afin d’être fière à la fin, d’avoir déployé les meilleurs moyens pour y arriver.
Vous faites aujourd’hui partie des voix qui comptent dans l’univers du droit des affaires au Cameroun. Quel bilan dressez-vous de votre belle et riche expérience professionnelle ?
J’aurai de la peine à dresser un bilan, parce je souhaite vivre encore plus d’expériences enrichissantes.
En revanche, ce que je retiens jusqu’ici s’agissant de l’exercice de la profession, est qu’il faut avant tout cultiver l’amour du travail bien fait et faire de l’éthique professionnelle une question d’honneur.
Quelles sont vos principales réalisations (grands exploits) avec le cabinet D. Moukouri & Partners ?
Au cabinet, tout ce que nous réussissons ensemble est une grande réalisation. Je peux néanmoins parler de deux dossiers emblématiques que je classerai chacun dans une catégorie.
– Le dossier le plus prestigieux :
Il nous a été confié par le Groupe de la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
D. MOUKOURI AND PARTNERS a conseillé le Groupe de la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans le cadre des négociations des termes de l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
S’agissant du Cameroun, le dossier portait sur les politiques relatives au commerce des services.
Nous avons effectué des audits réglementaires dans soixante-seize (76) secteurs de l’économie camerounaise, notamment les services financiers, les télécommunications, la distribution, les infrastructures, la santé, le tourisme, les transports, l’audiovisuel et les professions réglementées, représentant environ 55,47% du produit intérieur brut (PIB) du Cameroun.
Notre rapport a été soumis à la Commission de l’Union Africaine.
Composée de 54 pays d’Afrique représentant une population d’environ 1,3 milliard d’habitants et un PIB combiné de près de 3 400 milliards de dollars américains, la ZLECAf est la plus grande zone de libre-échange au monde, tant par sa superficie que par le nombre de pays signataires.
L’accord qui en résulte est le plus important accord commercial au monde depuis la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Le dossier le plus gratifiant :
Il nous a été confié par la Société Orange Cameroun S.A, leader de la téléphonie mobile et des services de paiement mobile en Afrique centrale.
Nous équipons des centaines de start-ups d’outils juridiques et stratégiques nécessaires à la réussite de leurs projets, en protégeant leur créativité et en apportant des solutions originales aux défis majeurs qu’elles doivent affronter sur le chemin du succès.
Y-a-t-il une activité qui vous détend particulièrement et vous permet de recharger les batteries ?
Faire des crêpes est un moment de pur bonheur chez moi ; mélanger les saveurs mais surtout vivre le plaisir qu’elles procurent à mes proches, cela n’a pas de prix.
Par ailleurs, la musique caribéenne (dans ses registres Zouk et Kompa) me met toujours de bonne humeur.
Un dernier mot aux jeunes qui souhaitent suivre vos traces ?
Aux jeunes qui souhaitent faire carrière dans la profession d’Avocat, je souhaite beaucoup de courage. Il faut du courage pour assumer ce choix.
Je leur recommande de cultiver l’amour du travail bien fait, d’aller jusqu’au bout des choses et surtout de ne jamais cesser d’apprendre.