Curieuse et bouillonnante d’idées, cette franco-camerounaise (experte en communication stratégique) a su par ses qualités personnelles et professionnelles, gagner le respect de ses collaborateurs et forcer l’admiration des professionnels de la communication.
Elle est membre du conseil d’administration du Club Canadien de Toronto, une tribune qui donne l’occasion aux francophones et francophiles à Toronto d’échanger, de s’enrichir et d’établir des contacts. Nous l’avons rencontrée !
Le verbe facile mais mesuré, Carole NKOA se livre sans protocole sur ses principales missions au sein de cette organisation, évoque ses liens avec le Cameroun, revient sur son parcours et partage son analyse sur la diversité et l’inclusion au Canada.
L’année dernière, vous avez été élue au conseil d’administration du Club Canadien de Toronto (CCTO). Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je suis très heureuse d’avoir été sélectionnée pour faire partie de ce Club dont la notoriété dans la région de Toronto n’est plus à faire, et aussi reconnaissante pour la confiance qui m’est accordée. Aujourd’hui nous vivons une nouvelle ère depuis le passage de la pandémie et le monde des affaires est aussi amené à s’adapter et à se redéfinir.
Dans ce nouveau contexte, le Club Canadien devient un incontournable pour nourrir les liens entre professionnels. En rejoignant ce conseil d’administration d’expert.e.s provenant de milieux économiques variés, mon expertise en communications stratégiques viendra nourrir nos discussions pour valoriser la vitalité économique francophone et élargir son rayonnement.
Présentez-nous un peu ce club. Quelles sont ses principales missions?
Le Club canadien de Toronto est une tribune qui offre des rendez-vous en français donnant l’occasion aux francophones et francophiles à Toronto d’échanger, de s’enrichir et d’établir des contacts. Le Club agit comme un élément catalyseur et rassembleur de la grande communauté francophone des milieux d’affaires, académiques, culturels et gouvernementaux. La vitalité économique est un des critères essentiels au dynamisme d’une communauté. Le Club Canadien de Toronto joue le rôle de cette plateforme de communications entre professionnels francophones et bilingues. En plus de ses conférences, le Club canadien offre aussi des activités aux entrepreneur.e.s comme le Mentorat et le développement professionnels, quartier d’affaires et des Ateliers d’intégration 360 pour les nouveaux arrivants, notamment entrepreneures.
Que doit-on savoir sur vous et sur votre parcours (académique et professionnel) ?
Mon parcours académique est simple. Lorsque j’ai fait le choix de ma carrière après mon baccalauréat, je voulais d’abord choisir flexible, qui me garantirait du changement, loin de la routine. J’ai débuté mes études de communication en France (à Strasbourg), où j’ai obtenu un DUT en communications d’entreprise. A la suite de ce diplôme, je suis rentrée au Cameroun pour travailler pour un projet environnemental impliquant la jeunesse camerounaise.
Cette expérience m’a donné envie de découvrir de nouvelles choses et d’acquérir de nouvelles compétences. C’est ainsi que je m’envole pour le Canada au début des années 2000 afin de me relancer dans les études. A mon arrivée au Canada, il me fallait d’abord cocher la case de l’intégration. J’y reprends mon Baccalauréat et quelques années après, j’obtiens un Master en communication publique à Université de Laval (Québec), que je complète avec des certifications MBA à McGill University. Côté professionnel, j’ai toujours été curieuse. Je suis une femme de changement, je crois en l’action sociale et citoyenne. Mes différentes expériences professionnelles m’ont conduit à « toucher à tout » si je peux m’exprimer ainsi. J’ai travaillé dans plusieurs milieux pour développer une expertise en Communications qui petit à petit s’est élargie à d’autres disciplines stratégiques.
Selon Édith Dumont, vous êtes « une femme d’action dont les élans et la vision contribuent nécessairement à enrichir divers milieux ». Cette phrase résume-t-elle vraiment votre parcours ?
Edith et moi collaborons au quotidien à l’ancrage de cette nouvelle université. Edith Dumont est une gestionnaire chevronnée dont on aime apprendre et si on partage une chose elle et moi, c’est bien les idées et l’action. Alors, oui, je dirai qu’Edith me résume assez bien! J’aime faire partie d’un projet et le faire avancer pour son succès. Je suis plutôt orientée « solution ».
Quelles sont vos ambitions avec le club Canadien de Toronto ?
Le Club canadien de Toronto est une plateforme pour écouter, partager et nouer des liens avec les influenceurs, penseurs du monde des arts, de la culture, du milieu des affaires, du milieu politique ici. À l’heure de grands changements amenés avec l’ère post-covid, ce réseautage devient essentiel pour co-créer et penser à de nouveaux modèles.
Mes contributions soutiendront bien-sûr le succès du plan stratégique du Club mais ce sera aussi l’occasion d’explorer ensemble de nouvelles aventures. Des initiatives comme de futures collaborations avec d’autres regroupements d’affaires ailleurs, comme avec le Cameroun, par exemple pourraient être discutées; une manière de créer de nouvelles synergies, de bâtir de nouveaux ponts. Le numérique offre beaucoup d’opportunités. Il faut les saisir.
Parmi les 13 membres élus du conseil, on compte deux « femmes de couleur ». Avez-vous le sentiment que la société canadienne commence à s’ouvrir à la diversité ?
Oui et j’ai envie de dire ENFIN… Le sujet de la diversité est un incontournable aux discussions selon moi. Il y a toujours des opportunités pour en parler. Mais l’étape d’en faire une conversation publique, une discussion sociétale où chaque membre de la société est exposé à un message sur le respect, la diversité, le racisme, est déjà un pas crucial qu’il faut reconnaître.
J’observe aujourd’hui une meilleure représentativité des personnes noires et de plus grands efforts d’inclure les personnes de couleur dans le discours social canadien mais nous sommes encore loin d’une posture où la diversité est vécue de manière naturelle et spontanée… Autrement dit, continuons le chemin vers l’équité.
A quoi ressemblaient vos débuts lorsque vous avez débarqué au Canada ?
Mes débuts au Canada, c’était la découverte, la curiosité, je me suis très vite sentie bien. J’ai découvert une société ouverte, bienveillante. Une société où on a mille et une opportunités de se faire et de refaire nos vies. De façon générale, mon parcours a été préparé et pensé.
Pour résumer, je dirais que dès le début j’ai choisi de faire de mon séjour ici, un voyage d’expériences. Évidemment, mon parcours n’a pas toujours été facile mais je suis heureuse d’avoir toujours gardé mon centre avec intégrité, authenticité et audace.
Quels sont vos liens avec votre pays d’origine le Cameroun ? Racontez-nous votre histoire avec ce beau pays…
Je suis née au Cameroun, à Yaoundé, en 1978 comme mes sœurs. Nous sommes une fratrie de quatre sœurs. Nos parents, couple mixte, mon père camerounais, aujourd’hui décédé et ma mère (française) reviennent s’installer au Cameroun dans les années 75.
Nous avons grandi dans un foyer où très petites, nous étions encouragées à développer notre dynamisme, à explorer, à partager, à lire, à ne pas prendre les choses pour acquises, à travailler, à vivre, toujours dans l’union. Cette richesse de mon vécu fait partie de moi. Le lien avec le Cameroun est naturel. C’est mon pays.
Que peut-on vous souhaiter pour les cinq prochaines années ?
Pour les 5 prochaines années….je sais que je ne manque jamais d’idées donc de ce côté-là, je me fais confiance pour réfléchir à plusieurs projets excitants et à ne pas m’ennuyer. Si j’ai la santé et l’énergie que j’ai aujourd’hui, alors je serai très heureuse. Pour le reste, on fait confiance à la vie!
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaiteraient avoir un parcours similaire au vôtre ?
Croire en eux, avoir de l’audace et planifier leur avenir!