« Travailler pour l’Environnement est particulièrement Gratifiant » : Chrys Mabiala

Il vient d’être nommé Directeur Général de Namé Recycling, une entreprise belgo-camerounaise spécialisée dans la collecte et le recyclage des déchets plastiques. Chrys Mabiala est un professionnel ambitieux et passionné par l’économie circulaire. Rien ne prédisposait ce jeune congolais à une carrière dans les déchets plastiques puisqu’il a fait ses classes dans la haute technologie. Porté par l’envie de contribuer à la construction d’un monde sain pour ses enfants, il a accepté ce nouveau challenge dans le secteur des déchets. Nous l’avons rencontré !

Dans cet entretien, il dresse le bilan de cette année dans la filière camerounaise du recyclage des plastiques, nous décrit le processus de production de son entreprise, nous explique comment gagner de l’argent avec le recyclage et nous parle des campagnes de sensibilisation menées auprès des populations sur la nécessité de protéger l’environnement afin de permettre à nos enfants de grandir dans de meilleures conditions.

Vous venez d’être nommé Directeur Général de Namé Recycling, une entreprise belgo-camerounaise spécialisée dans la collecte et le recyclage des déchets plastiques. Que doit-on savoir sur vous et sur votre parcours (académique et professionnel) ?

Je suis un jeune congolais (camerounais d’adoption), Diplômé de L’UFR des Sciences et Techniques de Rouen (Génie de l’Information et des Systèmes Spécialisés).

Je démarre ma carrière professionnelle en 2009 en tant que responsable d’applications chez Atos Worldline, où je m’occupe de la mise en place des applications mobiles WIFI & TV d’Orange ainsi que de l’application SFR & Moi.

Soucieux d’acquérir une expérience « terrain », je rejoins Logica (qui deviendra CGI en 2011) où je participe à la mise en place des projets d’envergure pour l’État français dans le domaine de la Santé Sociale, de L’Éducation, et de la Défense ; et pour L’Union européenne dans la gestion des fonds FEDER-FSE jusqu’en juin 2016. Puis j’intègre Sopra Steria, avec pour principal partenaire la Caisse Primaire d’Assurance Maladie où je pilote la mise en œuvre de DIAPASON: dématérialisation et gestion des actes médicaux des citoyens français sur le territoire national et international.

C’est pour des raisons familiales que je décide de rentrer m’installer au Cameroun. Je rejoins ainsi Intelcia, en tant que Business Unit Manager puis, je suis promu au poste de Directeur de production, avant d’être nommé comme vous l’avez rappelé, Directeur Général de NAMé Recycling en décembre 2021.

Quelles sont vos principales missions à la tête de cette entreprise et pourquoi avoir accepté ce challenge ?

Ma mission est de définir les stratégies globales du fonctionnement de NAMé Recycling à court, moyen et long termes. J’ai également pour mission de gérer l’activité commerciale, technique, technologique en plus d’une veille concurrentielle sur le marché national et international.

J’ai accepté ce challenge par conviction. Travailler pour l’environnement est particulièrement gratifiant et sexy. Je contribue à la construction d’un monde sain pour mes enfants

Pouvez-vous nous parler des activités et de l’ensemble des services fournis par Namé Recycling ?

Nous sommes Spécialisés dans le recyclage des déchets plastiques (PET-PEHD-PEBD-PP).

Nous offrons une solution pour les déchets plastiques (enlèvement et transformation), opérant comme une entreprise rentable et durable, générant un large impact environnemental et social.

Concrètement, pourriez-vous nous décrire votre processus de production ?

Notre processus de production débute par la collecte de plastiques suivie d’un tri et du lavage. S’en suit le broyage + lavage puis la mise à disposition des matières recyclées pour fabrication de nouveaux produits ou la fabrication en local des feuillards ou des palettes

Comment faites- vous pour vous approvisionner en matières plastiques et quel est votre marché-cible ?

Nous collectons dans les rues, les drains, les écoles, auprès des entreprises, dans les marchés ainsi que les ménages. Notre cible principale est le duo ménage/entreprise, utilisateur de plastiques.

Pour les personnes qui ne comprennent pas très bien le fonctionnement de votre Business, pouvez-vous nous dire où aboutissent vos plastiques et comment vous faites pour gagner de l’argent avec cette activité ?

Nos plastiques sont transformés en local via la fabrication des feuillards et des palettes ou transformés en flocons pour exportation pour la fabrication de produits innovants tels que les microfibres pour les tissus.

Il est vrai que nous nous devons d’être rentables mais nous mettons avant tout l’accent sur notre impact environnemental et notre contribution à l’économie circulaire. Nous réalisons notre chiffre d’affaires via la RSE et le plastique transformé (Flocons, Feuillards, palettes…)

Quel bilan peut-on tirer de cette année 2021 pour la filière camerounaise du recyclage des plastiques ?

Nous avons pu retirer plus de 5000 tonnes de plastiques dans la nature au Cameroun. Nous en faisons plutôt un bilan positif même si une population plus sensibilisée nous aurait grandement facilité la tâche. Nous saluons définitivement l’effort des ménages et entreprises dans cette mission.

Après des années difficiles, avez-vous l’impression que la filière camerounaise du recyclage se porte mieux ?

Je ne dirais pas qu’elle se porte mieux. Je constate une grande mobilisation des acteurs dans le domaine du plastique et au-delà. Un bon espoir pour l’avenir

Selon vous, quels sont les grands enjeux de la filière du recyclage des plastiques ?

Je parlerai ici d’un enjeu majeur : l’écologie. Le recyclage permet en effet d’éviter le gaspillage de ressources naturelles et d’énergie, de sécuriser l’approvisionnement de l’industrie en matières premières et surtout de diminuer les impacts environnementaux

Au Cameroun, les déchets plastiques sont jetés partout, même sur le bord des routes surtout durant les périodes festives comme Noël). Comment s’attaquer à ce problème global ? Que mettez-vous en place pour sensibiliser les populations à la pratique des gestes écoresponsables ?

Nous réalisons des campagnes de sensibilisation auprès des populations sur la nécessité de la protection de l’environnement et sur le rôle de chacun dans cette mission.

Lorsque l’on regarde votre parcours, initialement dans la haute technologie, rien ne vous prédisposait à une carrière dans le secteur de déchets… D’où vous vient cette passion pour les questions environnementales ?

On va dire que les planètes se sont alignées. D’une part un sentiment d’avoir fait un peu le tour et d’autre part, en plus de ma passion pour l’économie circulaire, j’avais envie de faire quelque chose pour l’avenir de nos enfants et cela passait forcement par l’environnement en plus de l’éducation. NAMé Recycling répondait parfaitement à ce besoin.

Quelles sont vos ambitions avec Namé Recycling ? Mieux, que peut-on vous souhaiter pour les dix prochaines années ?

Notre ambition est d’être un acteur majeur de l’économie circulaire dans la zone Afrique. Nous avons commencé notre expansion avec le Gabon et la poursuivons en RDC et espérons que dans les dix ans à venir, nous serons implantés dans une dizaine de pays. 

Concrètement, que peut-on faire pour que les gens ne jettent plus de déchets plastiques ?

J’aimerais qu’ils continuent à les jeter… mais dans le NAMé BIN ! Plus sérieusement nous mettons à disposition des populations des NAMé BINs installés dans différents quartiers de Douala et de Yaoundé.

Un dernier mot à l’endroit des populations et des pouvoirs publics sur le sujet ?

Les déchets plastiques créent de véritables problèmes environnementaux. En effet ils se décomposent difficilement (plus de quatre siècles), posent des problèmes d’insalubrité, de pollution visuelle et contaminent toute la chaine alimentaire. Les résidus de plastiques se retrouvent dans les espèces marines donc dans la chaine alimentaire humaine.

Tout ça pour dire que le plastique est dangereux même si utile. Le recyclage est la solution pour y limiter l’impact environnemental. Nous devons donc chacun à son niveau,  y contribuer soit par des gestes écoresponsables soit par la mise en place d’autres moyens.

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