Elle a consacré toute sa vie professionnelle à prendre soin des enfants. Docteur Odette Noutchogouin Guifo exerce comme pédiatre depuis près de 35 ans. Initiatrice de la Technique Mère Kangourou au Cameroun et Présidente de la fondation kangourou Cameroun, cette professionnelle de la santé a réalisé l’essentiel de sa carrière à l’Hôpital Laquintinie de Douala (chef du département de pédiatrie) et officie aujourd’hui comme pédiatre-néonatalogue à la clinique du Gros chêne (situé à Douala). Nous l’avons rencontrée !
Entretien avec cette femme de cœur qui a fait de la lutte contre la morbi mortalité des nouveaux nés prématurés et/ou petits poids de naissance, son principal combat…
Bonjour Docteur Noutchogouin Guifo. En quelques lignes, pouvez-nous nous présenter la fondation Kangourou Cameroun ?
Créée en 2015, la Fondation Kangourou Cameroun est une Organisation Non Gouvernementale (ONG) d’action sociale et à but non lucratif évoluant dans le secteur de la santé. Elle se charge de diffuser au Cameroun et à l’échelle internationale la Méthode Mère Kangourou (MMK) et d’accompagner les unités de prise en charge ainsi que le personnel médical et paramédical dédié à cette action, à travers le Programme Mère Kangourou (PMK).
Parlez-nous en détails de cette méthode
La méthode kangourou à été créé dans les années 80 en Colombie. Dans un environnement où les couveuses viennent à manquer cette méthode promeut le contact peau à peau avec le nouveau-né prématuré et/ou avec un petit poids de naissance (≤ 2500g) via une poche de lycra. Il a été démontré que réaliser la méthode peau à peau avec un nouveau-né permet non seulement de renforcer le lien mère enfant mais également de lutter efficacement contre l’hypothermie et les infections, principales causes de décès de ces nourrissons fragiles. Cette méthode est plébiscitée par l’OMS.
Comment vous est venue l’idée de lancer Kangourou Cameroun ? Quel a été le moteur ?
C’est à l’occasion d’un Congrès de Néonatologie tenu à Marseille en 1999 que nous avons été sensibilisés à cette technique de prise en charge des prématurés découverte en Colombie. Elle s’est présentée comme la solution idéale au problème de manque de couveuse.
Après avoir été formé à cette méthode dans les années 2000, nous avons pu développer une unité kangourou au sein de l’hôpital Laquintinie de Douala avec l’appui du directeur de l’époque. En mars 2002 après audit par l’équipe Colombienne fondatrice de la méthode kangourou, nous avons été accrédité centre pilote de formation à la technique mère kangourou. Ensuite en 2015 l’unité kangourou de l’hôpital Laquintinie a été reconnue comme centre d’excellence pour la pratique de la méthode mère kangourou.
C’est alors qu’est née l’idée de créer une ONG indépendante qui incarnerait toutes les connaissances accumulées au cours de toutes ces années et qui répondrait au désir de répandre la méthode mère kangourou tant au Cameroun qu’à l’international.
Lire aussi : nous-voulons-permettre-a-chaque-camerounais-dacceder-a-des-services-bancaires-de-qualite-a-moindre-cout-franque-tsue
Quelles sont vos principales missions avec cette fondation ?
Les principales missions de la fondation sont :
- La formation initiale du personnel médical et paramédical dédiés au fonctionnement des unités créées ;
- La mise sur pied des Unités Mère Kangourou dans les formations sanitaires publiques et privées ;
- Le renforcement des capacités du personnel des unités déjà opérationnelles ;
- Le plaidoyer en faveur de la prise en compte de la MMK dans les stratégies nationales et internationales de réduction de la morbi-mortalité néonatale.
Quelle est votre vision avec Kangourou Cameroun ? Mieux, comment voyez-vous cette fondation dans cinq ans ?
A court terme, nous souhaitons :
- répandre la méthode kangourou à l’ensemble du pays. Qu’il y ait au moins un hôpital qui la pratique dans chaque région du Cameroun. A ce jour il manque encore les régions du Sud et de l’extrême nord qui ne sont pas couvertes ;
- Accompagner d’autres pays de la sous-région dans leur lutte contre la mortalité infantile ;
A long terme, nous voulons :
- Ouvrir un centre multidisciplinaire de formation dans la ville de douala ;
- Développer une plateforme en ligne de formation et d’information à la méthode kangourou au Cameroun. Car notre pays présente des spécificités à mettre en valeur.
Lire aussi : carine-kangou-baroan-architecte-et-creatrice-de-la-marque-pour-enfants-sunwax
Que doit-on savoir sur vous et sur votre parcours ?
Je suis une femme, épouse, mère et grand-mère Camerounaise. J’exerce comme pédiatre depuis plus de 33 ans maintenant. Je suis diplômé de l’université de Reims champagne Ardenne en France. A mon retour au Cameroun J’ai eu l’opportunité de travailler à l’hôpital Laquintinie de Douala où j’ai réalisé l’ensemble de ma carrière pour au terme de celle-ci être chef du département de Pédiatrie.
Actuellement j’exerce comme pédiatre à la clinique du Gros chêne situé à Douala Akwa au lieu dit fontaine bébé Eyidi. Enfin je suis présidente de la fondation kangourou Cameroun depuis sa création.
De quoi avez-vous besoin pour augmenter votre volume d’activité ? Quels sont vos principaux soutiens et partenaires à ce jour ?
Comme toute organisation non gouvernementale nous avons besoin de soutiens financiers pour poursuivre notre action. Nous tenons à remercier le ministère de la santé publique du Cameroun qui nous a fait confiance et a fait de nous un partenaire privilégié dans la lutte contre la morbi mortalité des nouveaux nés prématurés et où petits poids de naissance.
Nous pouvons également compter sur Unicef Cameroun, la fundacion Canguro à Bogotá (Colombie), Grand challenge Canada, Nutrition international et comme partenaire privé, la Royale des Jeux du Cameroun.
Merci pour cet article. La photo d’illustration , une maman en plein peau à peau avec des bébés triplets est magique.
Magnifique votre article. Linéaire et aérée. Simple et à la fois édifiant.
Profonde reconnaissante respectueuse pour l’oeuvre du Dr. GUIFO et son équipe.