Nous poursuivons aujourd’hui avec le quinzième numéro de notre rubrique « à la découverte des métiers » et nous intéressons ce jour, au métier de Supply Chain.
Quelles qualités faut-il développer pour devenir un excellent Responsable approvisionnement dans le secteur de la l’évènementiel ? Quelles sont les missions et les contraintes liées au métier de Supply Chain ? Nous avons posé la question à une professionnelle. Christel Djob se confie sur son métier.
Née en France, Christel DJOB est une femme dynamique passionnée par son travail. Elle évolue dans le secteur de la logistique depuis 23 ans et officie comme Manager Supply Chain chez Orange Events, l’entité événementielle du groupe Orange. Coup de projecteur sur ce métier qui exige rigueur, goût de l’apprentissage et forte capacité d’analyse
Bonjour Christel Djob. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Christel Djob, avant-dernière d’une fratrie de sept enfants. Je suis née dans le Val d’Oise, d’origine camerounaise de par mes deux parents. J’ai passé une partie de mon enfance dans le Val d’Oise puis mon adolescence dans l’Oise dans une petite commune avant de partir faire mes études en région parisienne.
J’ai voulu travailler en Afrique et mon choix s’est naturellement porté vers le Cameroun. J’y suis restée une année. Pour parfaire mon expérience, j’ai choisi de poursuivre mon parcours professionnel en France.
J’ai eu plusieurs missions liées au commerce international, à la logistique dans différents secteurs (industrie pharmaceutique, bâtiment, armateurs et enfin les télécoms). Maintenant ça fait 23 que je suis dans la logistique et 16 ans dans les Télécoms, en filiale sur la mise en place du processus logistique pour les filiales Afrique et les grands comptes basés en Asie et Afrique.
Ensuite, j’ai été en fonction corporate au sein de la relation client boutiques et canaux online, en unité opérationnelle pour le déploiement de la fibre, avec un petit passage sur les systèmes d’informations de comptabilité, et depuis avril 2022, j’ai en charge le déploiement des processus logistiques ces deux grands projets sportifs.
Pouvez-vous nous parler de votre métier et de ses spécificités dans le secteur de la logistique ?
Je suis dans la logistique depuis 23 ans où j’ai été amené à piloter des projets pour des entreprises à l’international dans différents secteurs : bâtiment, pharmaceutique, industrie et les télécoms.
Il s’agit de concevoir le processus logistique en respectant le cadre juridique qui régit les transports internationaux. C’est un domaine très particulier qui nécessite la conception d’une offre sur mesure
Au-delà de pouvoir livrer au bon moment, au bon endroit selon les délais impartis, il faut gérer l’imprévu et pouvoir y répondre à l’instant en ayant des solutions agiles, afin que l’évènement soit une totale réussite. C’est une supply chain qui doit répondre à un contexte particulier
Pourquoi avez-vous choisi de faire carrière dans le domaine de la logistique ? Un rêve d’enfance ?
Je voulais participer au développement de l’Afrique via le volet humanitaire, j’ai donc choisi la branche du commerce international en y associant une dimension opérationnelle et très terrain en me spécialisant dans l’économie et droits des transports internationaux.
C’est un domaine support au service de tous les métiers (l’éducation, la sante, l’Energie, les infrastructures) en embarquant le volet juridique et règlementaire au niveau international et national. J’avais bouclé la boucle
Pour tous ces services, la population a besoin d’infrastructures qui permettent d’améliorer et/ou développer la vie des millions de citoyens.
La logistique, c’est la planification des besoins, trouver des solutions d’acheminement et d’approvisionnement dans des contextes et environnements complexes, la distribution pour servir les populations locales : c’est la supply Chain qui doit répondre à un contexte particulier : supply Chain humanitaire, hospitalière, supply Chain évènementielle.
C’est clairement la conception d’une offre sur mesure en fonction de l’évènement et de l’environnement…la supply Chain c’est en quelque sorte, être capable de livrer au bon moment au bon endroit selon les délais impartis afin de faciliter l’accès à la santé, à l’éducation et permettre la mobilité de millions d’habitants en toute sécurité.
Quelles sont les contraintes auxquelles sont confrontées les responsables de la chaine d’approvisionnement dans le domaine de l’évènementiel ?
La logistique dans l’événementiel nous amené à repenser nos schémas logistiques afin d’embarquer principalement la notion RSE.
Optimiser et rationaliser au maximum les flux de transport afin de dégager moins de CO2, c’est également repenser toute la stratégie amont « emballage, palettisation », agir sur le volume transporté au maximum, pour être sur taux d’émission inferieur voir égal à celui constaté habituellement, en matière de flux de transport lié aux volumes transportés.
Quelles sont selon vous, les qualités à développer pour devenir un excellent Manager Supply Chain ?
On devient manager on ne nait pas manager. Une des premières qualités et qui laissera un témoignage de votre passage, c’est l’authenticité. A celle-ci, j’y ajoute l’humilité parce qu’au-delà de la fonction et de nos titres respectifs, il faudrait garder les pieds sur terre.
L’adaptabilité est également une des qualités à développer dans le métier de la supply Chain : il y a des impartis auxquels nous ne pouvons déroger : impératifs de délais liés aux couts à maitriser.
Est-ce qu’il existe des barrières pour les femmes qui tentent de progresser dans ce secteur ?
De manière générale, les femmes progressent plus lentement et ce quelque soit le secteur. Dans le domaine de la logistique, le métier est peu connu, on s’imagine toujours « le magasinier, transport, entreposage ».
Ça reste encore un métier de niche, d’experts, autodidacte ou profils ingénieurs. C’est un secteur qui reste encore sous-estimé par certaines entreprises. Alors que c’est un secteur vaste qui regorge de possibilité d’évolutions pour les femmes dans lequel elles peuvent lier leur travail à leur engagement, et/ou leur passion.
Il existe plusieurs supply chain : La supply Chain humanitaire, supply Chain hospitalière, supply Chain événementielle, la supply Chain du luxe
Au sein de celles-ci vous avez les achats, pilotage des approvisionnements, la prévision des ventes, la distribution, les stocks, contrôle de gestion, marketing. Il y a de nombreuses passerelles pour s’épanouir dans cette chaine de valeur si transverse.
C’est dommage car peu de femmes s’y engagent sans doute à cause du déficit de l’image de la fonction alors que c’est un métier en plein évolution et avec beaucoup d’avenir.
Aujourd’hui, il faut le considérer comme un élément stratégique, comme un véritable organe de décision. Raison pour laquelle de nombreux secteurs comme celui de l’industrie pétrolière ou pharmaceutique le rattache au niveau de la direction des « Operations » voir du comité de direction.
C’est un centre de coût qui a toute sa place dans l’implémentation de la stratégie de l’entreprise. Il participe pleinement à la satisfaction client. Elles sont peu, et c’est au moyen de réseaux comme Women In Logistics Africa, Women In Maritime, qu’elles sont valorisées au travers de ce métier.
Lorsqu’on voit aujourd’hui la transformation structurelle de l’Afrique avec la Zone de Libre-échange continentale africaine, le développement des ports maritimes et aéroports en Afrique, ce seront et se sont déjà des profils recherchés.
Y-a-t-il une activité qui vous détend particulièrement et vous permet de recharger les batteries ?
Mon association Reveoa qui me permet d’accompagner les jeunes, les femmes dans leurs besoins d’émancipation, dans leur volonté de progresser et développer et valoriser leurs compétences pour leurs villages en tout conservant leur essence intrinsèque, leurs origines, leurs racines, leurs traditions, leur lien d’appartenance à un continent en devenir L’Afrique.
Développer l’accessibilité des transports en zone rurale, c’est aider les jeunes dans leur réappropriation à tant de domaines : l’agriculture, la santé, l’éducation.
Développer ces moyens de mobilité pour moi, c’est assister à la transformation et à la revalorisation de tout un village, de sa population, des jeunes et moins jeunes. C’est plus qu’une activité, je dirai un prolongement de moi-même qui m’enrichit, me galvanise, une véritable fierté d’apporter un « peu de moi » dans la vie de chacun.
Un dernier mot aux jeunes qui souhaitent suivre vos traces ?
De murir au maximum son projet professionnel et de s’y tenir en dépit des obstacles qui vont se dresser.
Il faudra rester focalisé sur votre objectif, avoir confiance en vous et en vos facultés. C’est votre force mentale qui vous permettra de franchir l’infranchissable, et atteindre ce que vous pensiez inatteignable : donc donner le meilleur de vous-même en tout temps. L’abnégation sera la clé de voute de votre réussite
