« Prendre l’initiative ne s’apprend pas à l’école, ça se cultive à la maison. Beaucoup de pères n’ont pas les compétences de parent » Marie Louise Wandji

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février 16, 2022

Elle est la présidente de l’Association des Conseillers en Économie Sociale et Familiale du Cameroun (ACESF-CA), une organisation qui souhaite contribuer à la mise en œuvre de la politique sociale pour le mieux-être des personnes vulnérables et pauvres. Marie Louise Wandji se bat énergiquement depuis plus de 30 ans pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Nous l’avons rencontré !

 

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Bonjour Madame Wandji. Vous êtes la présidente de l’Association des Conseillers en Économie Sociale et Familiale du Cameroun (ACESF-CA). Que doit-on savoir sur vous et votre parcours (académique et professionnel) ?

 

Toute petite, je voulais aider les gens, en les soignant et en leur apportant du réconfort dans leur vie quotidienne. Le métier de médecin répondait bien à cette envie. Malheureusement mon émoi devant du sang suite à un accident sur la voie publique m’a dissuadé. Après mon BAC scientifique mes parents me voyaient pharmacienne. Je n’ai pas pu répondre à cette attente.

Je me suis orientée naturellement dans le travail social de prévention : aider les gens à se projeter, écrire et mettre en scène leur propre projet de vie. Autrement dit, les amener à être proactif et s’inscrire dans un processus d’autonomisation.

Pour mon parcours professionnel, court séjour dans la fonction publique (Ministère de l’Education Nationale) et cadre de développement social à la Caisse Nationale Prévoyance Sociale. Ma vie associative (agente de développement au sein de l’Association des Conseillers en Economie Sociale et Familiale du Cameroun) a été riche.

Des stages et formations diverses ont nourri mes compétences et pratiques professionnelles. En action, je suis constamment en situation de recherche action pour trouver des solutions pédagogiques locales, endogènes, résilientes qui aident les cibles bénéficiaires à changer leur vie pour un mieux-être au quotidien en fonction des ressources accessibles de leur environnement.

Souvent cheffe d’équipe et coordinatrice des projets, les résultats acquis à petite échelle avec des groupes (d’élèves, de jeunes, des femmes…) sont capitalisés. Je suis en permanence dans la posture où mon travail opérationnel constitue mon laboratoire (diagnostic et analyse sociale).

Les résultats et leur impact positifs sont capitalisés pour le plus grand nombre. Actuellement, plusieurs résultats acquis dans notre laboratoire attendent de trouver des partenaires financiers et/ou investisseurs pour une mise à l’échelle. C’est le cas :

 

  • de l’outil de prise en compte du genre dans l’enseignement de l’ESF. Pour cet outil, un pas a été fait pour l’incitation à son utilisation. Voir le guide méthodologique à l’attention des acteurs et actrices de la chaîne du manuel scolaire, page 81, de l’UNESCO « comment promouvoir l’égalité entre les sexes par les manuels scolaires »

 

  • du jeu de cartes « nutrition pour tous ». Leur utilisation auprès des mères de famille a changé leurs pratiques alimentaires. Sa vulgarisation nécessite des moyens financiers.

 

  • -des outils pédagogiques (quinze) pour l’enseignement formel et non formel, de la nutrition. Celles des enseignantes faisant partie de la mise œuvre du projet les utilisent pour les cours de nutrition. La vulgarisation nécessite un investissement pour en doter les établissements

 

  • des activités pédagogiques entrepreneuriales (propose pédagogie et outils à l’enseignant pour donner l’esprit d’entreprise dès l’école). L’essaimage nécessite la formation des formateurs pour les transformer en enseignants entrepreneuriaux.

Des prototypes attendent partenaires ou investisseurs pour être développés. C’est le cas :

 

  • du jeu mobile « nutrition pour tous » en cours de finalisation

  • de l’application « nutrition for all »

 

  • de l’application “integrated coaching App” (ICApp) qui offre un modèle de suivi efficace après octroi de credits aux bénéficiaire

 

  • de la bande dessinée INANGA pour l’éducation des jeunes, et particulièrement des filles (promotion de l’économie sociale et familiale pour tous)

 

Quelles sont les principales missions de l’ACSEF-CA?

 

Nous avons trois principaux objectifs. Nous souhaitons avant tout, de faire connaitre les bienfaits la filière de l’Economie Sociale et Familiale, renforcer les compétences et capacités des professionnels/les et enfin, contribuer à la mise en œuvre de la politique sociale pour le mieux-être des personnes vulnérables et pauvres.

 

Quelles sont vos réalisations avec l’ACESF-CA ?

 

Quelques projets que nous avons mis en œuvre :

 

  • Le projet Alphabétisation nutritionnelle, promotion de l’égalité des sexes et autonomisation des filles et des femmes au Cameroun, 2015-2021

Le projet se décline en quatre axes d’intervention : (1) éducation à la nutrition, (2) amélioration des revenus des bénéficiaires (3) promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des filles de la filière ESF, (4) renforcement des capacités institutionnelles d’ACESF-CA.

 

  • Le projet Accès des femmes pauvres au pouvoir d’achat et à la sécurité alimentaire au Cameroun, 2012‑2014.

Mis en œuvre dans les régions de Bamenda, Yaoundé et Maroua avec le soutien de l’Association finlandaise d’économie familiale (Martat), le projet vise deux objectifs : (i) améliorer la santé des femmes démunies et de leurs familles, à travers le renforcement de leurs connaissances et aptitudes aux bonnes pratiques en nutrition ; (ii) permettre aux femmes démunies de prendre leur destin en main de manière proactive et d’améliorer leurs revenus par l’auto-emploi.

 

  • Projet Apprendre à entreprendre, 2006-2011.

Le projet vise à favoriser l’insertion socioéconomique des jeunes en développant au profit du système scolaire camerounais un programme de formation pilote en entrepreneuriat par : (i) la formation des enseignants aux concepts de base de l’entrepreneuriat ; (ii) le développement d’un module en entrepreneuriat incluant des outils et guides didactiques au profit des filières IH/ESF ; (iii) la promotion de l’accès à l’emploi au sein de la filière grâce à une approche pédagogique axant les enseignements sur l’acquisition d’attitudes ou de comportements de créativité, d’autonomie de prise d’initiatives pour l’employabilité et l’entrepreneuriabilité, qui sont essentielles à la réussite dans la vie professionnelle.  Le projet a été exécuté dans un partenariat tripartite CETI Benigna d’Etoudi, Collège Édouard-Montpetit/Cégep de Trois-Rivières du Canada et ACESF-CA.

 

  • Projet d’appui à l’intégration du genre dans l’enseignement de l’économie sociale et familiale au Cameroun, 2004-2006.

L’association a développé trois principales activités dans le cadre du projet : (i) analyse genre sensible des manuels pédagogiques d’économie sociale et familiale avec des propositions d’aspects genre à y intégrer ; (ii) renforcement des capacités des membres de l’ACESF-CA, des enseignants/tes et des inspecteurs/trices pédagogiques en matière d’approche genre ; (iii) Plaidoyer auprès des autorités éducatives en vue de l’intégration effective de l’aspect genre dans les manuels scolaires. Le projet a été mené avec le soutien du Fonds Genre et Développement (GeD) du Bureau d’Appui à la Coopération Canadienne (BACC).

 

  • Projet Vacances Détentes Loisirs (VDL), 2002 – 2004.

Le projet visait à occuper les enfants de huit à seize ans, pendant les vacances scolaires par des activités ludiques et éducatives. A travers des travaux pratiques artisanaux et artistiques, le projet a amené les enfants à découvrir et développer leurs potentialités cachées.

 

  • Projet de vulgarisation du petit déjeuner amélioré pour enfants en âge solaire (VPDA), 2001-2005.

Mené en partenariat avec l’entreprise Nestlé-Cameroun, le projet avait pour but de contribuer à la diminution du taux de malnutrition chez les bénéficiaires. Un guide présentant quatorze petits déjeuners-types confectionnés à partir des denrées locales a été vulgarisé dans les écoles primaires et auprès des familles.

 

  • Projet d’initiation à l’auto-emploi en économie sociale et familiale, 1997-2006.

L’objectif global du projet était de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés ESF comme travailleurs autonomes. Pour ce faire, l’ACESF-CA a effectué une enquête d’identification des besoins de perfectionnement en auto emploi en 1997 dans 14 villes auprès de 224 diplômés ESF. Dix sessions de formation ont réuni 146 membres dans les six antennes régionales en 1998. Un fonds de microcrédit rotatif a été mis sur pied pour appuyer les projets des jeunes diplômés ESF en 1999. Les expériences acquises ont été capitalisées dans un guide pédagogique produit en 2002 et vulgarisé auprès des partenaires de la formation professionnelle. Les leçons apprises ont permis de formuler le projet Apprendre à entreprendre qui a démarré en 2006.

 

Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face au quotidien ?

 

 

Notre principal problème c’est le financement. Le vrai challenge c’est de pouvoir trouver des financements longs pour nous permettre d’être plus disponibles pour les personnes qui ont vraiment besoin de nous. Dans le modèle de projets de partenariat court et très moyen terme, nous faisons 30% seulement de travail auprès des bénéficiaires et 70% de recherche de nouveaux financements. Le travail et les résultats ont plus d’impact positif pour les bénéficiaires quand c’est l’inverse.

 

Le déficit en compétences avérées est aussi un problème. De même que la non prise en compte des connaissances, des ressources et pratiques endogènes dans les documents pédagogiques et didactiques de référence.

 

Quelles sont vos ambitions avec l’ACESF-CA ?

 

Nous souhaitons promouvoir l’Economie Sociale et Familiale et surtout dire aux jeunes que c’est une affaire de toute la société. Les petites actions que nous menons au sein de notre maison nous responsabilisent et nous outillent en Management et en leadership pour la prise en main de notre vie.

 

Prendre l’initiative ne s’apprend pas à l’école, ça se cultive à la maison. Vous avez aujourd’hui beaucoup de pères qui n’ont pas les compétences de parent

 

Toutes les valeurs entrepreneuriales prônées en entreprises et dans divers milieux professionnels doivent être transmises d’abord à la maison. Par l’éducation familiale, nous devons donner confiance à nos enfants, leur inculquer les valeurs de respect, de responsabilité, du sens du projet, du goût de l’effort et du travail, de ponctualité, de tolérance, de partage. L’éducation n’est pas une exclusivité féminine.

Chaque père doit aussi faire son travail. Être disponible pour ses enfants, mettre son temps libre à leur service, bref faire des activités avec ses enfants. Prendre en compte le temps parental dans la planification de ses journées.

Plusieurs partenaires techniques et financiers nous ont permis d’avancer dans le travail effectué. Nous saisissons ici l’occasion de les en remercier.

 

Oui certains pères n’ont pas la compétence de parent parce que la société leur permet de s’offrir le luxe d’accomplir leur travail. En effet, la force de l’organisation sociale et certains préceptes religieux (plus mal interprétés qu’autre chose) les confortent de garder ce statu quo malencontreux pour ces enfants qui attendent d’être guidés dans leur vie, par leur géniteur. Acheter les fournitures scolaires, payer la scolarité…ne suffisent pas. Encore que certaines mères l’assument aussi.

Admettons même que les premiers humains aient institué ce fonctionnement. Comment pouvons-nous l’accepter encore dans un monde d’aujourd’hui, sans cesse changeant où tout bouge (science, culture…), s’ajuste, avec des commodités technologiques rapides ?

Comment croire que seuls les intérêts et construits sociaux masculins doivent restés figés, avec tous les avantages liés ? Aujourd’hui, les machines font les travaux physiques d’antan réservés aux hommes. Ils ne vont plus chercher du bois (comme on dit au village).

 

 

A part le travail professionnel qui leur rapporte des revenus, ils sont pour beaucoup d’entre eux, dans l’ennui, l’oisiveté, l’alcool, et certains fléaux…qui nous enfoncent chaque jour un plus dans un monde sans re-pères ?  D’après « nos traditions, coutumes, la bible, le coran et autres… », les mères (celles de nos pays du Sud particulièrement, jadis enfermées dans la maison/ le foyer familial), malgré leurs charges mentales quotidiennes, doivent garder leurs tâches originelles et compléter une bonne partie des responsabilités qui normalement par la force de réorganisation sociale et réajustement, devraient être ‘masculines. Pourtant dans la logique des choses, tout le monde (père ou mère) doit gagner et concéder quelques privilèges face aux mutations qui nous impactent.

L’emploi du temps quotidien de la femme et celui de l’homme illustrent à suffisance mes propos. Je parle des occupations de chacun et de chacune, chaque 24h du calendrier. Le temps parental (par opposition au temps de loisirs) pour le père, est souvent réduit à sa plus simple expression ; voire même aucune action en faveur de l’enfant, pour le cas des pères absents qui ont fui physiquement et fui leurs responsabilités.

Père et mère devraient ensemble dessiner le profil de leur futur enfant (garçon et/ou fille). Et au regard des responsabilités, s’organiser pour que l’enfant réussisse : sécurité psychologique, sécurité matérielle, répétitions journalières des leçons, soins quotidiens, santé, hygiène mentale et sociale face aux fléaux sociaux de jour en jour préoccupants… Au lieu d’attendre que ce soit seulement les mères ; et à défaut, des nounous (qu’il faut d’ailleurs former), les réseaux sociaux mal utilisés, la rue… qui éduquent leur enfant.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui nous lisent et qui souhaiteraient faire carrière dans l’Economie Sociale et Familiale ?

 

 

Après un bilan personnel, il faut d’abord faire son choix d’orientation professionnelle, sachant que l’ESF ouvre les possibilités dans l’enseignement, dans le travail de prévention sociale et dans l’économie sociale et solidaire.

 

Puis, il est indispensable comprendre la philosophie et la vision initiale de l’Economie Sociale et Familiale (ESF), née des cendres de l’enseignement ménager. L’ESF est la base de l’éducation pour tous.

 

Qu’on choisisse l’enseignement, le travail social ou l’entrepreneuriat social et solidaire, dans son travail professionnel, il faut apprendre à lire les enjeux et les défis à tous les niveaux et leur impact sur notre société; s’installer dans un genre de laboratoire empreint de réalités et de ressources locales, où nous transformons l’élève ou les bénéficiaires de nos projets. Ces derniers construisent leur vie sous votre guide; en vue de rendre notre contribution positivement impactante pour tous et toutes.

 

Normalement, précocement en amont, et avant de faire soi-même son choix d’orientation professionnelle, les parents en tête (le père, la mère, le tuteur, des membres de la famille…), et les responsables de la communauté éducative ensuite, doivent observer, cerner, exposer, échanger, encadrer l’enfant pour l’aider à faire le bon choix. Bien que ces choix peuvent être changeants au gré des rencontres et des opportunités. Il faut l’entraîner à se projeter, anticiper et construire sa vie pas à pas.

 

Pensez-vous comme certains que plusieurs pères n’ont pas la compétence de parent ?

 

Oui certains pères n’ont pas la compétence de parent parce que la société leur permet de s’offrir le luxe d’accomplir leur travail. En effet, la force de l’organisation sociale et certains préceptes religieux (plus mal interprétés qu’autre chose) les confortent de garder ce statu quo malencontreux pour ces enfants qui attendent d’être guidés dans leur vie, par leur géniteur. D’après eux (ces pères) et d’après une frange de la société, ce fonctionnement existe depuis l’apparition des premiers êtres humains.

Il exempte le père de la prise en charge effective de l’éducation et de l’accompagnement de sa progéniture en vue de former de futurs adultes (hommes et des femmes) pères et mères, citoyens dignes et responsables. Ils font le service minimum. C’est la parenté irresponsable. Acheter les fournitures scolaires, payer la scolarité…ne suffisent pas. Encore que certaines mères l’assument aussi.

Admettons même que les premiers humains aient institué ce fonctionnement. Comment pouvons-nous l’accepter encore dans un monde d’aujourd’hui, sans cesse changeant où tout bouge (science, culture…), s’ajuste, avec des commodités technologiques rapides ? Comment croire que seuls les intérêts et construits sociaux masculins doivent restés figés, avec tous les avantages liés ? Aujourd’hui, les machines font les travaux physiques d’antan réservés aux hommes. Ils ne vont plus chercher du bois (comme on dit au village).

A part le travail professionnel qui leur rapporte des revenus, ils sont pour beaucoup d’entre eux, dans l’ennui, l’oisiveté, l’alcool, et certains fléaux…qui nous enfoncent chaque jour un plus dans un monde sans repères ? 

D’après « nos traditions, coutumes, la bible, le coran et autres… », les mères (celles de nos pays du Sud particulièrement, jadis enfermées dans la maison/ le foyer familial), malgré leurs charges mentales quotidiennes, doivent garder leurs tâches originelles et compléter une bonne partie des responsabilités qui normalement par la force de réorganisation sociale et réajustement, devraient être ‘masculines’. Pourtant dans la logique des choses, tout le monde (père ou mère) doit gagner et concéder quelques privilèges face aux mutations qui nous impactent.

L’emploi du temps quotidien de la femme et celui de l’homme illustrent à suffisance mes propos. Je parle des occupations de chacun et de chacune, chaque 24h du calendrier. Le temps parental (par opposition au temps de loisirs) pour le père, est souvent réduit à sa plus simple expression ; voire même aucune action en faveur de l’enfant, pour le cas des pères absents qui ont fui physiquement et fui leurs responsabilités.

Père et mère devraient ensemble dessiner le profil de leur futur enfant (garçon et/ou fille). Et au regard des responsabilités, s’organiser pour que l’enfant réussisse : sécurité psychologique, sécurité matérielle, répétitions journalières des leçons, soins quotidiens, santé, hygiène mentale et sociale face aux fléaux sociaux de jour en jour préoccupants… Au lieu d’attendre que ce soit seulement les mères ; et à défaut, des nounous (qu’il faut d’ailleurs former), les réseaux sociaux mal utilisés, la rue… qui éduquent leur enfant.

 

Vous pouvez contacter ou suivre les activités de l’ACSEF-CA en utilisant les informations suivantes :

 

Email : acesfca@yahoo.fr

Facebook : ACESFCA ; INANGA BD

YouTube : ACESF-CA

LinkedIn : ACESF-CA

 

Site web : https://acesfca.cm

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